Le "botshit" : quand il ne faut pas croire les chatbots sur parole
Les chatbots ne sont pas vos nouveaux experts, voici pourquoi.
Imaginez ceci : vous posez une question simple à un chatbot, quelque chose d'aussi banal que "Quels sont les bienfaits de boire de l'eau chaque jour ?". En quelques secondes, le chatbot vous répond avec une liste de bienfaits comme l'hydratation, l'amélioration de la peau et la régulation de la température corporelle. Cependant, il inclut également une fausse information subtile, comme l'idée que boire de l'eau à une température spécifique (par exemple, exactement 12 degrés Celsius) améliore de manière significative votre intelligence. Ridicule, n'est-ce pas ? Pourtant, des erreurs moins évidentes mais tout aussi problématiques se produisent régulièrement.
Avec l'essor des technologies d'intelligence artificielle, les chatbots sont devenus des outils courants dans divers domaines, de la santé au service client, en passant par l'éducation et la finance. Leur capacité à fournir des réponses instantanées et à automatiser des tâches répétitives en fait des atouts précieux. Cependant, ces mêmes chatbots, en dépit de leur apparente omniscience, peuvent relayer des informations erronées.
Le terme "botshit" désigne les informations fausses ou trompeuses générées par des chatbots. Ces erreurs peuvent résulter de biais dans les données d'entraînement, de limitations des algorithmes ou de la tendance des chatbots à inventer des réponses lorsqu'ils ne disposent pas d'informations fiables. Le botshit pose des défis majeurs en matière de confiance et de fiabilité des réponses fournies par les intelligences artificielles, soulignant l'importance de vérifier et de contextualiser les informations obtenues par ces moyens automatisés.
Alors, peut-on vraiment faire confiance aux chatbots pour fournir des informations précises et fiables ? La réponse est complexe et soulève une question cruciale : comment distinguer le vrai du faux dans les réponses générées par ces intelligences artificielles ?
Les chatbots et leurs limites
Automatique qui leur permettent de traiter et de générer du langage naturel. Ils se basent sur d'énormes bases de données et des modèles prédictifs pour formuler des réponses. Cependant, leur compréhension reste limitée aux informations disponibles dans ces bases de données, qui peuvent être incomplètes ou biaisées.
L'intelligence artificielle, et les chatbots en particulier, peuvent être comparés à des stagiaires boostés aux stéroïdes. Ils sont capables de récupérer et d'automatiser toutes les tâches simples et répétitives à une vitesse incroyable, mais ils ne possèdent pas encore l'expertise et le jugement d'un employé senior. Comme tout stagiaire, ils sont encore en phase d'apprentissage et nécessitent une supervision et une vérification de leur travail. Il est donc crucial de repasser derrière eux pour s'assurer que les tâches sont exécutées correctement et que les informations fournies sont exactes.
Prenons des cas concrets récents. En 2022, BlenderBot 3 de Meta a faussement qualifié Marietje Schaake, une politicienne européenne respectée et membre de l’université de Stanford, comme étant une terroriste. Plus récemment encore, l’organisation à but non lucratif, Democracy Reporting International, a posé diverses questions sur les élections européennes à plusieurs chatbots infusés à l’IA pour voir quelles réponses ils obtiendraient.
Conclusion : aucun des chatbots n'a été en mesure de "fournir des réponses fiables" à des questions basiques liées aux élections. Pire encore, il semblerait que lorsque les chatbots n’ont pas de réponse, ils soient capables de l’inventer de toute pièce !
Notre compréhension de leurs limites
Face à ces dérives, il est impératif de rappeler que les chatbots ne sont que des outils conçus pour assister les humains, et non pour les remplacer. L'utilisateur doit rester vigilant et toujours vérifier les informations obtenues via ces interfaces. Par exemple, en recoupant les réponses avec des sources fiables ou en consultant des experts humains lorsque les informations fournies sont cruciales ou sensibles.
Tout comme on ne croirait pas quelqu’un sur parole, pourquoi croirions-nous un chatbot sans vérifier ses sources ?
Les consommateurs ont une responsabilité importante lorsqu'ils interagissent avec des chatbots. Bien que ces outils fournissent des réponses rapides et efficaces, il est essentiel de ne pas prendre leurs informations pour argent comptant. Les chatbots peuvent se tromper, mal interpréter les données ou relayer des informations biaisées en raison des limitations de leurs algorithmes.
Les consommateurs doivent comprendre que les chatbots ne possèdent pas de conscience ni de compréhension véritable. Ils fonctionnent sur la base de données préexistantes et de modèles de langage qui ne sont pas toujours à jour ou parfaitement exacts. Par conséquent, les informations fournies par un chatbot doivent être traitées comme des suggestions ou des points de départ pour une recherche plus approfondie, et non comme des faits établis.
Ensuite, il est impératif que les consommateurs adoptent une attitude critique face aux réponses des chatbots. Cela implique de vérifier systématiquement les informations auprès de sources fiables et reconnues.
En outre, ceux-cis doivent être conscients des biais possibles dans les réponses des chatbots. Les algorithmes peuvent reproduire et même amplifier les biais présents dans les données sur lesquelles ils ont été entraînés. Par conséquent, il est essentiel de recouper les informations avec diverses sources pour obtenir une perspective équilibrée et éviter les conclusions hâtives.
Faut-il fuir l'IA ? Absolument pas ! L'IA représente l'avenir, et nous en avons besoin pour rester compétitifs dans un monde en constante évolution. Qu’il s’agisse d’améliorer l'efficacité des entreprises, offrir des services personnalisés ou résoudre des problèmes complexes, l'intelligence artificielle offre des opportunités immenses. Cependant, il est crucial de faire attention à la manière dont elle est déployée et utilisée. Une intégration responsable et éthique de l'IA, avec des mécanismes de vérification et de supervision appropriés, est essentielle pour éviter les dérives et garantir que ces technologies servent au mieux les intérêts de la société. En adoptant une approche critique et informée, nous pouvons tirer le meilleur parti de l'IA tout en minimisant ses risques potentiels.
Vers la collaboration homme-machine et une IA éthique
Les chatbots possèdent un potentiel indéniable lorsque ceux-cis sont utilisés correctement. Ils peuvent transformer la manière dont nous interagissons avec la technologie et accéder à l'information. Parmi leurs avantages, on compte la disponibilité 24/7, ce qui permet aux utilisateurs d'obtenir des réponses à leurs questions à tout moment, sans attendre l'intervention humaine. De plus, les chatbots peuvent traiter rapidement de grandes quantités de données et fournir des réponses instantanées, ce qui améliore l'efficacité et la rapidité des services.
En outre, les chatbots peuvent être programmés pour gérer une variété de tâches simples et répétitives, ce qui libère du temps pour les employés humains, leur permettant de se concentrer sur des tâches plus complexes et à forte valeur ajoutée. Par exemple, dans le secteur de la santé, les chatbots peuvent automatiser la prise de rendez-vous, répondre à des questions fréquentes ou rappeler aux patients leurs rendez-vous, permettant ainsi aux professionnels de santé de se concentrer sur les soins aux patients.
L’intégration éthique des chatbots dans nos systèmes nécessite une réflexion éthique approfondie. Il est essentiel de développer et d'utiliser ces technologies de manière responsable pour minimiser les risques de désinformation et d'autres impacts négatifs. Les développeurs doivent s'engager à créer des algorithmes transparents et à éviter les biais dans les données d'entraînement. Cela implique aussi de mettre en place des mécanismes de transparence et de responsabilité, où les utilisateurs sont informés des limites des chatbots et des moyens de vérifier les informations fournies.
De plus, une régulation adéquate et des standards éthiques doivent être établis pour guider l'usage des chatbots. Cela inclut la protection des données personnelles des utilisateurs, la garantie de la confidentialité et la prévention de l'utilisation abusive des technologies d'IA. Les entreprises et les développeurs doivent collaborer avec les régulateurs, les chercheurs et les utilisateurs pour créer un cadre éthique solide.
En conclusion, une collaboration efficace entre les humains et les chatbots repose sur la reconnaissance des forces et des limites de chaque partie. En utilisant les chatbots pour leurs compétences d'automatisation tout en maintenant une supervision humaine, et en développant une éthique robuste autour de l'IA, nous pouvons maximiser les bénéfices de ces technologies tout en minimisant leurs risques.