Les CTO doivent-ils devenir les chefs d'orchestre de l'IA générative ?

En moins de douze heures, une intelligence artificielle peut aujourd'hui développer seule une application simple.

Les CTO doivent-ils devenir les chefs d’orchestre de l’IA générative ?

En moins de douze heures, une intelligence artificielle peut aujourd’hui développer seule une application simple. À la clé : près de 8 000 lignes de code générées, 44 fichiers créés, 49 validations de versions automatisées. La performance est saisissante.

Mais elle pose une question bien plus profonde que celle de la puissance de calcul : qui pilote vraiment cette machine ?

Car aussi impressionnante soit-elle, l’IA ne comprend ni l’intention du produit, ni les contraintes d’architecture, ni les arbitrages de qualité. Elle exécute sans réfléchir. Elle construit sans choisir. Et c’est précisément pour cela que le rôle du CTO évolue : il ne s’agit pas d’un basculement ou d’un rétrécissement de ses missions, mais bien de l’ajout d’une nouvelle responsabilité. À ses casquettes traditionnelles, stratégie technique, alignement produit, sécurité et innovation, vient désormais s’ajouter celle d’orchestrer l’intégration de l’IA générative.

L’IA générative n’est plus un outil. C’est un système.

Les entreprises capables d’automatiser des tâches de développement par l’IA enchaînent les preuves de concept. Mais ces systèmes, aussi efficaces soient-ils, ne s’auto-gèrent pas.
Ce qu’ils gagnent en rapidité, ils le perdent parfois en cohérence. Sans cadre clair, sans supervision humaine, ils produisent surtout… de la dette technique.

C’est une illusion très répandue : celle d’une IA “magique” qui permettrait de faire mieux, plus vite, sans effort.Mais coder vite ne suffit pas. Encore faut-il savoir quoi coder, pourquoi, dans quel cadre, et avec quelles garanties.

Et cela ne peut se faire sans une direction technologique forte. Là encore, l’IA ne retire rien aux prérogatives habituelles du CTO, mais elle en élargit le champ.

Le CTO, garant… parmi d’autres acteurs clés

Ce qui change avec l’IA, ce n’est pas seulement la vitesse d’exécution. C’est toute la chaîne de valeur du développement logiciel.

Les spécifications deviennent conversationnelles. Les tests, incontournables. L’architecture, centrale pour canaliser la production.

Dans ce nouveau modèle, le CTO a un rôle central, mais pas solitaire. Il agit en chef d’orchestre, en lien étroit avec les équipes et les métiers, pour :

·        structurer avec les équipes les rôles et les responsabilités dans les organisations hybrides (développeurs, ingénieurs IA, responsables qualité, experts produit) ;

·        formaliser et porter des standards internes (qualité, documentation, auditabilité), standards qui émergent bien souvent du terrain ;

·        faire le lien entre enjeux techniques, besoins métier, sécurité, protection des données;

·        accompagner les équipes dans l’anticipation des effets secondaires (hallucinations, biais, pertes de contrôle), une vigilance qui incombe aussi aux développeurs qui manipulent ces outils au quotidien.

Autrement dit : le CTO ne dirige plus seulement une infrastructure, il accompagne une dynamique collective, en synergie avec ses équipes.

Gouverner l’IA, c’est rendre possible sa valeur

Assumer ce rôle d’architecte global ne signifie pas freiner l’innovation.
Au contraire : c’est ce qui permet de transformer des usages dispersés en une stratégie solide.
Gouverner, c’est poser quelques règles simples, mais structurantes :
pas d’IA sans tests, pas d’automatisation sans relecture, pas de gain de productivité sans garde-fous.

Un CTO stratège sait créer les conditions pour que l’intelligence artificielle serve vraiment le produit.
Pour qu’elle amplifie les talents sans les isoler.
Et pour qu’elle produise une vraie valeur métier, pas simplement des lignes de code.

L’IA générative est un accélérateur. Mais sans direction, elle part dans tous les sens.
Elle exige d’être intégrée, encadrée, structurée.
Et dans cette transformation profonde du développement logiciel, le CTO ne perd rien de son rôle historique, mais il doit assumer une responsabilité supplémentaire : orchestrer l’usage de l’IA avec ses équipes. Il ou elle devient alors le chef d’orchestre d’une innovation maîtrisée, où performance, qualité, responsabilité et stratégie avancent au même rythme.