Comment l'IA transforme la santé au travail au bénéfice des entreprises et de leurs salariés

L'IA redéfinit la santé au travail, optimisant les visites médicales, la prévention, la gestion des risques et anticipant les problèmes de santé des salariés.

Cela ne fait plus de doute : l’intelligence artificielle (IA) bouleverse le monde professionnel. Et tous les secteurs d’activité sont concernés, y compris ceux auxquels on ne pense pas forcément. C’est notamment le cas de la santé au travail, qui touche plus de 30 millions d’actifs évoluant dans près de quatre millions d’entreprises.  

« Uberiser » la traditionnelle visite médicale professionnelle

Ce secteur, en pleine « ubérisation » ou disruption, est désormais un enjeu technologique crucial, bien loin de l’image d’Epinal de la sacro-sainte visite médicale et de sa sempiternelle analyse d’urine. Les solutions logicielles y occupent une place de plus en plus essentielle, il est donc plutôt logique que l’essor de l’IA trouve là un terrain de jeu naturel.

Un terrain de jeu qui n’est pas sans risque. On parle là d’un sujet extrêmement sensible : celui des données de santé des Françaises et des Français qui travaillent. Un domaine qui requiert la plus grande confidentialité – y compris vis-à-vis des employeurs – et la plus grande efficacité dans un but : soigner le plus en amont possible et, mieux encore, prévenir les maux avant qu’ils n’apparaissent.

Préserver un savant et fragile équilibre

La prévention et la santé au travail reposent sur un triptyque « entreprise-salarié-services de prévention et de santé au travail » dont le savant et fragile équilibre est essentiel à l’efficacité du système. Qu’on ne veuille servir qu’une de ses composantes et l’on prend le risque de déséquilibrer tout l’ensemble. A fortiori dans un écosystème où le paritarisme, l’échange entre organisations représentatives des employeurs et celles représentant les salariés, joue un rôle non négligeable.

S’il est essentiel de préserver cet équilibre, il est aussi possible d’optimiser son fonctionnement. Et c’est là où l’IA va prendre toute sa place. Elle va non seulement permettre d’optimiser la préparation, le déroulement et le suivi de la fameuse visite médicale, mais aussi de guider les salariés vers des solutions d’apprentissage digital ou d’e-learning personnalisées sur la gestion du stress, les bonnes pratiques de sécurité ou l'amélioration des postures de travail, grâce à l’analyse de leur contexte personnel (poste, exposition, antécédents, risques…). Certaines de ces solutions sont déjà en phase d’expérimentation en France.

L’IA facilitera aussi la vie des employeurs en leur faisant gagner un temps précieux dans leurs déclarations, par exemple celle sur l’exposition de leurs salariés à certaines conditions de travail. Elle optimisera la gestion des relations avec leurs collaborateurs, la réalisation de documents réglementaires (comme le DUERP -  Document Unique d’Evaluation des Risques Professionnels), l’organisation des rendez-vous avec la médecine du travail… Ce gain de temps sera directement bénéfique à la santé et à la sécurité des salariés en permettant de mettre en place des plans d’actions mieux adaptés aux risques prioritaires.

Apporter un Plus aux êtres humains

L’IA est en train d’apporter un progrès indéniable dans la santé au travail. Elle va même permettre d’accélérer sur un sujet qui n’est pas suffisamment ancré dans la culture française, davantage tournée vers le curatif, et qui est pourtant la clé de l’amélioration de la santé des salariés : la prévention. C’est en utilisant intelligemment les données collectives qu’il sera davantage possible de prévenir les problèmes de santé du futur avant qu’ils ne surviennent, notamment en adaptant les efforts, les postures et le temps de travail.

Mais cette dynamique technologique ne doit avoir qu’un seul but : l’humain. C’est vrai pour tous les apports de l’IA dans nos vies, personnelles comme professionnelles : donner, in fine, un véritable  « Plus » aux individus, loin des fantasmes à la Big Brother, à la Skynet de Terminator ou à la Matrix.

Or, que constatons-nous dans la santé au travail ? Que l’IA offre justement la perspective de renforcer les relations entre les salariés, dirigeants, médecins et équipes pluridisciplinaires. Concrètement, elle libère du temps pour un échange plus riche et authentique lors de la visite médicale. Elle permet de se dire les yeux dans les yeux : « Attention à toi, tu travailles trop, pense à déconnecter » ou bien « On pourrait améliorer telle ou telle chose dans ton quotidien professionnel ».

Car, contrairement à certaines idées reçues, aucun employeur ni aucun salarié ne souhaite être confronté à un souci de santé, individuel ou collectif. Ce n’est l’intérêt de personne. Le travail doit rester un vecteur d’épanouissement et de construction de soi, et non un facteur de problèmes de santé. Si l’IA peut contribuer à ce rôle positif du travail dans nos vies, elle est évidemment la bienvenue. Et tout laisse à penser que ce sera bientôt une réalité.