Femmes influentes des sciences et des technologies : des modèles pour les générations futures

En 2018, les femmes diplômées en ingénierie représentaient 26 % des effectifs, et dans les Technologies de l'Information et de la Communication, 16 %, d'après le rapport de l'UNESCO sur la science.

Pourtant, si on s’y attarde davantage, ce domaine a longtemps été à dominante féminine. Les cinq femmes citées dans cet article ont marqué, non seulement les sciences mais aussi les populations dans leur ensemble en prouvant – à des époques où les mœurs en estimaient autrement – qu’il était possible de tout faire.

Ces pionnières – et d’autres par la suite – ont pavé le terrain pour que des petites filles aient après elles le courage et la foi de poursuivre leur vocation et soient moins freinées pour accéder à ces métiers. Qu’elles osent rêver. Il est important, pour se créer, d’avoir des modèles auxquels se raccrocher. Ainsi, ces femmes ont prouvé la possibilité de réussir dans un milieu considéré comme masculin. Si l’on voit des ingénieurs femmes, il est plus probable de penser qu’il est possible de faire ce métier, quel que soit son sexe.

Nobel de sciences : Marie Curie (1867 - 1934)

Longtemps associée aux travaux de son mari, Pierre, Marie est sortie de l’ombre par son travail sur la radioactivité, le polonium et le radium. Seule femme à date récipiendaire de deux prix Nobel – un de physique en 1903, et de chimie en 1911 – elle a ouvert la voie à d’autres femmes par son aura et son exemple de travail et de pugnacité.

Première programmatrice : Ada Lovelace (1815 – 1862)

Le premier programmeur du monde est une femme. La Comtesse de Lovelace, fille du poète britannique Lord Byron, est connue pour avoir créé le premier programme informatique, lors de son travail sur l’ancêtre de l’ordinateur : la machine analytique de Charles Babbage, lui-même l'un des principaux précurseurs de l'informatique. Les historiens ont d’ailleurs prouvé que ces prémices d’informatique ont joué un rôle crucial dans les travaux de l’un des fondateurs de l’informatique, Alan Turing par la suite. Le langage Ada, conçu pour le Département de la défense américain, ainsi que la première école d’informatique féministe, l’Ada Tech School, créée en 2019 à Paris, auxquels elle a donné son nom, l’ont faite entrer dans la postérité.

Pionnière de l’Intelligence Artificielle et de l’informatique français : Alice Recoque (1929 – 2021)

Disparue le 28 janvier dernier, elle participe au développement des mini-ordinateurs français dans le cadre du plan Calcul, initié durant la présidence de Charles de Gaulle en 1966 et sous le Ministre des Finances de l’époque, Michel Debré, visant à développer une informatique européenne. Sa carrière la mène en 1978 à la fondation de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL), qui joue un rôle clé aujourd’hui pour la protection des données en France et le respect du RGPD. Plus tard, elle fera partie des premières à s’intéresser à l’intelligence artificielle (IA) dont elle devient directrice de recherches en 1985.

Spécialiste du chiffrement : Joan Clarke (1917 – 1996)

Joan Clarke est une cryptologue britannique connue pour sa participation au projet de déchiffrement de la machine Enigma durant le Troisième Reich. Grâce au développement de « bombes », machines permettant de tester toutes les clés de chiffrement rapidement, les équipes ont pu déchiffrer les communications secrètes du Troisième Reich, réputées inviolables, contribuant considérablement à l’accélération de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Alan Turing lui-même l’estimait comme son égal intellectuel.

Directrice du génie logiciel : Margaret Hamilton (1936 - …)

Informaticienne et ingénieure système, Margaret Hamilton, en tant que directrice du département génie logiciel – terme qu’elle inventa – au sein de l’Instrumentation Laboratory du MIT, participe à la conception du système embarqué d’Apollo, qui enverra l’Homme sur la Lune lors de sa 11ème sortie spatiale. Les programmes qu’elle a dirigés jouent un rôle primordial dans la réussite de l’alunissage d’Apollo 11.

Ces personnages, désormais entrés dans la postérité, ne doivent pas perdre leur influence pour les générations futures, d’où l’importance d’enseigner l’histoire, de transmettre l’héritage aux générations futures. Si le travail de ces pionnières est parfois caché par une histoire écrite sous le prisme masculin, les femmes ont toujours eu un rôle influent dans les sciences et la technologie.

Briser le plafond de verre de la tech 

Aujourd’hui encore, les femmes doivent faire leurs preuves pour obtenir une place qu’elles ont gagné légitimement. Le changement fait peur, et prend du temps. Les mentalités doivent être changées. Pour ce faire, intégrer davantage de femmes dans les équipes dirigeantes, qui servent de modèles au reste des équipe de l’organisation, permet de faciliter le développement, et la diversité de l’entreprise.

Si les femmes sont essentielles au processus de changement, c’est aussi le cas pour les hommes. En effet, la transition et l’acceptation du changement n’est possible que si les femmes et les hommes travaillent ensemble en regardant dans la même direction ; ils forment une équipe et doivent être complémentaires pour opérer le changement. Finalement, il ne devrait pas exister de dirigeants masculins et des dirigeants féminins, mais seulement des dirigeants. Le secteur des technologies, à l’instar de tout autre domaine historiquement associé à des hommes, ne fait pas exception. Il n’est pas impossible pour une femme de travailler dans ce domaine – comme l’ont prouvé Ada Lovelace, Alice Recoque, Joan Clarke, Margaret Hamilton et bien d’autres après elles.

Ainsi, des femmes leaders mais aussi des hommes, qui mettent en avant le travail de leurs employés en se concentrant sur leurs compétences et non sur leur genre, doivent œuvrer de concert pour changer les mœurs. Comme les exemples susmentionnés le prouvent à des époques où les femmes avaient moins de droits et de libertés, travailler ensemble est possible ; si l’adage dit "Derrière chaque grand homme se cache une femme", nous pourrons arguer qu’elle se trouve plutôt à ses côtés.

Aujourd’hui, les jeunes femmes dans la tech doivent garder en tête qu’elles aussi, à leur tour, donneront envie de prendre leur place aux générations suivantes. Le changement viendra de l’éducation donnée aux enfants : élever les filles en leur disant qu’elles peuvent devenir ce qu’elles souhaitent, y compris des dirigeantes, et apprendre aux garçons à les y encourager et à les soutenir. Le succès de quiconque repose sur quelques principes clés : se concentrer sur ce qu’on aime, ne jamais cesser d’écouter sa propre voix intérieure, trouver des pairs partageant les mêmes idées et ne jamais abandonner. Dans notre monde surconnecté, surinformé et en quête de surperformance à tous les niveaux, il est facile de se sous-estimer. C’est pourquoi il est important de savoir ralentir, de prendre le temps de revenir sur le chemin parcouru, les succès comme les échecs et de tirer les leçons positives pour aller de l’avant et embrasser le prochain succès avec foi.