Libérons la PME !

Pour combattre le chômage et améliorer le dynamisme économique de la France, il est nécessaire de mettre en oeuvre une politique en faveur de diamants bruts inexploités : les PME.

Pour la systémique, le changement est "à effet de levier". Il tient à une décision judicieuse. Paradoxalement, elle consiste à faire exactement le contraire de ce à quoi l’on croyait dur comme fer ! Si l’on était bloqué, c’est parce que notre pied était crispé sur le frein ! La systémique ne date pas d’hier. C’est l’art du stratège chinois. C’est le non agir. Le wu wei.

Un exemple ? Voici ce qu’écrivent certains économistes. M.Kohl, lorsqu’il a réunifié les deux Allemagnes, a dit : il n’y a qu’une race d’Allemands, nos monnaies ont la même valeur. Résultat : le mark de l’Est est surévalué, celui de l’Ouest sous-évalué. L’industrie de l’Est sombre, celle de l’Ouest prospère. Idem avec l’euro. Juste ou pas, cette théorie montre comment une seule décision peut changer la face du monde.  

La PME est un diamant brut

Second exemple. Le grand changement de ces dernières décennies. Les donneurs d’ordre internationaux ont réduit leur coût de sous-traitance, par une politique de mise en concurrence systématique. La PME, tout au bas de la pyramide, a fait les frais du changement. Mais elle a un moyen de réagir. En adoptant la technique allemande. La force de la PME allemande n’est pas tant de faire des produits de qualité, que de nous le faire croire. Elle a un énorme savoir-faire de valorisation de ses actifs. Or la PME française est un diamant brut. Si son savoir-faire était valorisé à l’allemande, elle pourrait se sortir de son statut de preneur d’ordres en concurrence parfaite, se placer en position de force, et élargir radicalement son marché. Pourquoi a-t-elle un tel savoir-faire ? Parce qu’elle n’a rien d’autre ! Et qu’elle ne peut se maintenir à flots qu’en le poussant à fond.

L’effet de levier comme hold up

Ce qui explique les Trente glorieuses, c’est la guerre de 40 et l’innovation scientifique extraordinaire dont elle a été l’occasion. Même Internet, dont nous sommes si fiers, vient de là. L’effet de levier exploite ce que d’autres ont accumulé. C’est un hold up, en fait.

Dans notre cas, quel est l’héritage de nos pères ? Peu d’innovation, mais un grand mouvement de démocratisation du savoir. Or ce savoir est, justement, essentiellement une méthode de valorisation. Il y a d’abord la transformation numérique, qui met à la portée de tous des outils puissants et pas chers. Il y a, encore plus, la vulgarisation des techniques de management enseignées en MBA. Et, surtout, il y a le bac pour tous qui fait que la PME dispose de compétences humaines que seules les multinationales pouvaient s’offrir. L’homme n’est plus simplement la force de travail marxiste. C’est un être sophistiqué, formé pour l’économie et l’entreprise. Mais il est toujours utilisé comme un prolétaire.

Libérons les patrons

Les circonstances sont favorables, donc, à un changement radical. Mais y a-t-il la masse critique pour l’explosion ? Quand il a compris où aller, le patron de PME est un champion du changement. Son entreprise lui obéit au doigt et à l’œil. Seulement, a-t-il le temps d’analyser ses forces et d’étudier les techniques qui permettent de leur donner de la valeur ? Sans aide, il ne peut pas faire grand-chose.

Vous avez le pouvoir

Effet de levier ultime : La Boétie. Selon lui, ce qui rend l’homme esclave est qu’il croît l’être. Or, il peut se libérer, et, par son exemple, libérer la société. Comment ? Par effet de levier. Vous êtes proche d’un patron de PME, vous avez un recul que ne lui permet pas son emploi du temps… pourquoi ne pas lui proposer votre aide pour transformer sa société ?

Rêvons. Il suffit que quelques PME changent, pour que les autres suivent leur exemple. Or, en créant de l’emploi local, ce n’est pas seulement le chômage qu’elles liquideront, mais les questions d’intégration qui nous font tant de mal. Et cela ne tient pas à grand-chose : à vous.