Voyage au pays de la formation
Malgré la mondialisation, les méthodes d’apprentissage ne sont pas les mêmes d’une culture à l'autre. Pour autant, à l'ère de la digitalisation, les différences sont de plus en plus infimes et particulièrement pour les jeunes générations.
Dire que la formation professionnelle est la même partout serait mentir : l’objectif reste le même mais les façons de faire divergent selon les pays. En cause : les différences de culture et donc intrinsèquement les façons d’apprendre. En effet, la source se trouve dès l’enseignement primaire où les méthodes d’apprentissage diffèrent énormément selon le pays, et cela se répercute sur le système de formation professionnelle. A l’appui, voici un petit tour d’horizon des grandes caractéristiques de la formation par région du monde :
Etats-UnisLes Américains sont constamment dans l’action, ce qui peut être résumé en trois mots : Just do it. La formation professionnelle est très opérationnelle, concrète et peu intellectualisée. Le formateur va raconter une histoire, tisser un fort storytelling autour d’une manière de procéder qui sera alors appliquée à la lettre : c’est la logique du "comment faire ?" et non du "pourquoi dois-je le faire ?". Les Américains sont reconnus pour être de grands communicants avec une formation très "fun", hyper vivante et immédiate.
EuropeLe système de formation européen est l’opposé du système américain. Il s’agit, pour la majeure partie, de vieilles nations avec une tradition de pensée très axée sur le sens. Les Européens réfléchissent avant d’agir, c’est-à-dire que le formateur devra dans un premier temps expliquer "pourquoi il faut faire cela" avant de le faire appliquer. Il faudra d’abord que l’apprenant appréhende le sujet avant d’agir. La formation débutera toujours par de grandes définitions, par le sens, avant d’aborder des points plus concrets et techniques.
CanadaLes Canadiens oscillent entre le système américain et le système européen. Leurs programmes trouvent un équilibre entre la réflexion et l’action. Ils restent avant tout très expérimentaux et particulièrement portés sur le digital learning.
AfriqueLes Africains évoluent dans une société où le chemin à suivre est le plus souvent indiqué par les pairs. La particularité de ce système est le rapport au temps : la conception de passé et de futur n’est pas la même que dans le reste du monde, les Africains sont dans le moment présent. Cela se traduit par un suivi des actions très différent car il est moins naturel pour eux de mesurer la pertinence d’un plan d’action qui se découpe dans le futur. Il faut donc mettre en place des mesures plus directives pour que les apprenants arrivent à suivre les formations et les échéances. Il faut avant tout créer une organisation pour que les salariés suivent une certaine continuité dans leur montée en compétence.
Chine et JaponPays de traditions, les systèmes chinois et japonais évoluent dans une étrange bivalence. En effet, d’un côté la dimension patriarcale, traditionnelle, ancienne est très prononcée avec un fort respect pour les pairs, de l’autre, leur avance sur le digital est considérable. Cette bivalence a permis de casser la frontière entre vie professionnelle et vie personnelle : la formation se fait via les outils personnels tel que le mobile ce qui permet de se former n’importe où, n’importe quand. Cela démontre une certaine ambition et volonté d’apprendre : leur disposition à acquérir du savoir n’est plus à prouver.
Ces grandes caractéristiques, propres à chaque pays, démontrent que l’environnement
influe sur la manière de former ses apprenants : la formation peut
refléter les us et les coutumes, parfois traditionnels, de chaque société.
Pour autant, deux nouveaux paramètres sont à prendre en compte depuis
quelques années : le digital et la mobilité de l’information. Ils ont
cassé les frontières mais aussi les barrières de l’enseignement en le rendant plus
accessible, plus ludique et plus collaboratif. Ces changements sont devenus
cruciaux à l’heure actuelle, avec l’entrée sur le marché du travail de la fameuse génération Z. La question n’est plus de créer un enseignement traditionnel
mais bel et bien de s’adapter à ces nouveaux profils, nés à une période où le
tournant commençait à être amorcé, habitués à avoir tout, tout de suite.
S’adapter aux générations
entrantes sur le marché du travail a toujours été déterminant car celles-ci
représentent le marché de demain. Au fil des années, il a été constaté que la
formation essayait toujours de se renouveler pour être plus facilement acceptée
et suivie. Par exemple, initialement dans les années 20, le jeu de rôle
expérimente principalement les émotions. Aujourd’hui, il est institué comme un
outil permettant de développer les pratiques.
Cependant, un virage encore plus
significatif est apparu dans les années 1990-2000 avec l’informatique et
l’apparition d’Internet. Ils ont permis de rendre les conversations plus
simples, plus transparentes, plus fortes et sans frontière : le
décloisonnement entre vie personnelle et vie professionnelle était amorcé. Cela
a été un véritable accélérateur car ce décloisonnement s’est retrouvé dans les
modalités pédagogiques : l’espace de la formation devient celui du
travail, le groupe devient une ressource qui permet d’apprendre des choses…
De fil en aiguille, le fossé
générationnel s’est creusé : aujourd’hui, il y a beaucoup plus de
différences entre un homme de 50 ans et un jeune de 20 ans, et cette différence
est mesurable. Elle est en effet visible et explicite notamment dans les usages
(nouveaux outils digitaux, réseaux sociaux…). Pour autant, le dialogue n’a
jamais été aussi fluide entre les générations car les interlocuteurs sont plus
ouverts, il y a moins de préjugés, plus de transparence, plus de dialogue.
Les organismes de formation déjà installés doivent être aujourd’hui prêts à prendre le virage des prochaines générations et à opérer de nouveaux positionnements durables, et non plus seulement de capitaliser sur leurs acquis. L’objectif est de perdurer dans le temps et donc trois points sont à prendre en compte : Comprendre les ambitions de ces nouvelles génération, prendre en compte leur psychologie et utiliser les outils avec lesquels ils ont grandi