Guy Waterman (Oracle) "Oracle HCM intégrera l'IA générative début 2024"

Le vice-président d'Oracle Cloud HCM explique au JDN comment l'entreprise a développé ses futures fonctionnalités d'intelligence artificielle générative.

Guy Waterman est responsable de la stratégie mondiale et vice-président d'Oracle People Analytics, HCM technology et de l'innovation. © Oracle

JDN. En juin dernier, vous avez annoncé introduire des fonctionnalités d'IA générative dans Oracle Fusion Cloud HCM. Quelles étaient vos priorités ?

Guy Waterman. Pour commencer, nous avons décidé de nous concentrer sur des choses assez simples, car l'IA générative est un sujet nouveau pour beaucoup d'équipes RH. Nous avons donc décomposé les possibilités offertes par l'IA générative en trois fonctions : la synthèse, les suggestions et la création de contenu. Nous voulions nous assurer qu'elles étaient de la plus haute valeur, mais aussi qu'elles n'étaient pas trop intrusives et n'allaient pas nécessiter beaucoup d'apprentissage supplémentaire de la part des équipes RH et des personnes qui gèrent l'infrastructure cloud.

Il s'agit donc d'un type de croissance très organique qui prend ce pour quoi l'IA générative s'est avérée très performante, à savoir la synthèse d'informations provenant de différentes sources, la fourniture d'un résumé de ce contenu et la mise à disposition d'une option que l'utilisateur peut ensuite évaluer et exploiter de son côté, pour savoir s'il veut l'inclure dans sa réponse ou s'il veut aller plus loin et l'améliorer ou la compléter.

En quoi ces nouvelles fonctionnalités vont-elles être utiles à vos clients ?

Nous avons identifié huit cas d'utilisation axés sur ces trois fonctions principales. La création d'objectifs ou encore la création de profils salariés en font partie. D'autres fonctionnalités vont plus loin, par exemple en abordant des problèmes commerciaux spécifiques à HCM. Les responsables des ressources humaines nous disent que l'un de leurs plus grands défis est le suivant : embaucher suffisamment de personnes et embaucher les bonnes personnes. Or, nous avons découvert que plus de la moitié du temps consacré par les équipes RH au recrutement est passé sur la rédaction de la description du poste et la création de l'offre d'emploi. Nous avons donc envisagé l'IA générative comme un moyen d'accélérer ce processus. Ce qui prenait auparavant des jours, voire des semaines dans certains cas, peut se faire en quelques secondes.

Quand ces fonctionnalités basées sur l'IA générative seront-elles disponibles ? Sont-elles testées en version bêta par certains de vos clients ?

Nous travaillons effectivement avec eux dans nos laboratoires, et nous développons des LLM du niveau d'expertise recherchée par nos clients. Nous les inclurons dans Oracle HCM début 2024, dans un premier temps nativement en anglais. Mais comme vous le savez, l'une des facultés de l'IA générative est la transformation de texte. L'IA générative va donc accélérer notre capacité à proposer plusieurs langues et à développer et générer du contenu dans plusieurs langues différentes.

L'intégration de l'IA générative aura-t-elle une incidence sur votre politique tarifaire ?

Dans l'état actuel des choses, non. Tous ceux qui ont actuellement un abonnement à la solution globale Cloud HCM pourront y accéder sans frais supplémentaires.

Pensez-vous que ces nouvelles fonctionnalités vous aideront à accroître votre part de marché ?

Je ne suis pas sûr qu'elles puissent réellement augmenter notre part de marché. Mais Oracle veut être perçue comme une organisation très innovante et une organisation qui apporte l'innovation au nom de ses clients, ce qui, selon nous, attirera de nouveaux clients et augmentera notre part de marché.

Comment évaluez-vous votre retour sur investissement ?

Il est évident que nous nous concentrons sur la satisfaction du client et sur la facilité d'utilisation de l'application elle-même. D'un point de vue numérique, nous ne traduisons pas cela en dollars, ou en euros. L'expérience est donc extrêmement importante pour nous, et nous savons qu'elle se traduit par une plus grande utilisation et, bien sûr, par la création d'une préférence pour nos solutions sur le marché. Nous cherchons donc à l'améliorer pour obtenir un rendement élevé, une utilisation accrue de l'application par les salariés de nos clients.

Pensez-vous que l'IA générative pourrait changer la donne pour la fonction RH ?

J'en suis convaincu. Très honnêtement, si l'on considère le nombre de cas d'utilisation professionnels que nous avons créés rien qu'en travaillant avec la poignée de clients que nous avons impliqués, il semble qu'il n'y ait pas de fin à leur excitation ou aux fonctionnalités qu'ils demandent. Je pense donc qu'il s'agit d'un domaine qui va continuer à se développer et qui deviendra de plus en plus important pour les équipes RH à mesure qu'elles se rendront compte de ce qu'il est possible de faire. Le niveau d'intérêt des clients sera sans précédent.

Selon vous, quelle pourrait être la prochaine grande avancée technologique dans le domaine des ressources humaines ?

Je pense que l'IA générative est le projecteur qui va attirer beaucoup d'attention sur l'IA. Elle contribuera également à dissiper certaines perceptions erronées ou, du moins, à amener les gens à réfléchir correctement aux risques qui y sont associés, car cela a été un frein à l'IA en général.

Il y a six mois, lorsque j'évoquais l'IA et que nous parlions d'intelligence adaptative, les gens commençaient à reculer un peu et à dire : "Je ne suis pas sûr que nous soyons encore prêts pour cela" et à parler des risques encourus ou des choses qui pourraient potentiellement mal tourner. Aujourd'hui, ces mêmes personnes viennent nous voir et nous disent : "J'ai besoin de comprendre ce que vous faites du point de vue de l'IA générative".

Quelle est l'importance du marché français pour Oracle HCM ?

Le marché français est pour nous l'un des marchés les plus importants d'Europe et du monde. Nous considérons d'ailleurs que le marché linguistique numéro un en dehors de l'anglais est le marché français. Nous comptons en effet parmi nos clients un certain nombre de très grandes organisations nationales en France. Et en fin de compte, même les entreprises anglophones basées au Royaume-Uni ou dans d'autres parties de l'Europe travaillent avec un grand nombre de clients francophones. Il devient donc extrêmement important pour nous de travailler non seulement en tant qu'entreprise s'adressant au marché francophone, mais aussi en tant qu'entreprise s'adressant à tous les marchés linguistiques.

Entré chez Oracle en 2005, Guy Waterman y a d'abord été responsable de la stratégie produit pour les solutions Cloud de service à la clientèle , commerce et applications mobiles. Il est aujourd'hui responsable de la stratégie mondiale et vice-président d'Oracle People Analytics, HCM technology et de l'innovation.