
C'est le sinistre le moins connu de France mais il fait des ravages - les cas vont bientôt exploser
C'est un phénomène méconnu qui peut faire s'écrouler des maisons entières.
"J'ai rencontré de nombreux sinistrés, mais rares sont ceux à connaître ce phénomène". Depuis des années, Dominique Boussuge, pathologiste et experte en ouvrages bâtis, alerte la presse sur un phénomène dont la fréquence ne cesse d'augmenter : les fontis. "C'est une pathologie que nous, experts, connaissons bien, mais qui reste largement méconnue du grand public", raconte-t-elle au Journal du Net.
Chaque année, des trous impressionnants font des ravages au cœur de grandes agglomérations comme Paris, Nice ou dans des zones rurales. Un fontis mal placé peut compromettre la stabilité d'une habitation entière, comme ce fut le cas en 2020, à Paris, où un fontis d'environ dix mètres de diamètre s'est formé dans la cave d'un immeuble.
Les fontis sont des effondrements localisés en surface, causés par l'affaissement de caves souterraines. Ils se manifestent généralement au-dessus d'anciennes carrières abandonnées. Ce phénomène existe aussi dans les zones rurales, loin des carrières, où des cavités naturelles s'écroulent, mais ce type d'affaissement est bien plus rare.

Pour repérer un fontis en formation, il faut être attentif au seul signe avant-coureur : une flexion du sol, une cuvette qui commence à se former dans son jardin ou dans une cave. En cas de détection d'un fontis, il faut alerter la mairie qui doit communiquer sans délai l'information au préfet et au président du conseil général. En cas de risque élevé, c'est la procédure de péril imminent qui s'applique et l'évacuation d'urgence des habitants.
Pour traiter un fontis, il est nécessaire de procéder à son comblement. La méthode la plus courante consiste à réaliser une étude pour définir la localisation, la profondeur et la géométrie de la cavité, puis la combler par injection de coulis de ciment et de résine expansive, une technique appelée "grouting".
Le coût de cette opération est considérable, allant de 60 000 euros pour les petites cavités jusqu'à 150 000 euros pour les plus grandes, avec une moyenne de 100 000 euros, selon Dominique Boussuge. C'est généralement au propriétaire de supporter ces frais, les assurances ne prenant en charge qu'une partie des dépenses.
Pour savoir si l'on est dans une zone à risque, il existe un outil accessible à tous : le site Géorisques, développé par le ministère de la Transition écologique. Ce portail permet de consulter une base de données nationale qui recense les cavités souterraines abandonnées sur l'ensemble du territoire. Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) y a recensé plus de 100 000 carrières inactives en France. Depuis 20 ans, les vendeurs et bailleurs, ou les agences immobilières, ont l'obligation de fournir à l'acquéreur ou au locataire un état des risques relatifs à l'immeuble concerné.