Meta rompt avec la modération humaine : 2 000 postes supprimés à Barcelone

Meta rompt avec la modération humaine : 2 000 postes supprimés à Barcelone Ce plan de départ, qui intervient dans un contexte de transformation globale des pratiques numériques, affecte principalement des employés multilingues issus de toute l'Europe.

La rupture du contrat entre Meta et son prestataire Telus International a entraîné la suppression de plus de 2 000 postes à Barcelone. Tous étaient affectés à la modération de contenus sur Facebook et Instagram.

Fin de contrat entre Meta et Telus

Le 3 avril, les salariés de Telus International à Barcelone ont été informés de l'arrêt immédiat de leurs missions. Selon plusieurs témoignages rapportés par Les Échos, les équipes ont été invitées à restituer leurs badges en moins d'une heure et à quitter les lieux sans délai. Cette décision fait suite à l'annulation du contrat entre Telus, filiale du groupe canadien Telus, et Meta, maison mère de Facebook et Instagram.

Le lundi 5 mai, lors d'une réunion avec les représentants du personnel, la direction de Telus a présenté formellement un plan social concernant 2 059 salariés, soit l'ensemble des effectifs dédiés à la modération de contenus pour les plateformes du groupe américain. L'information a été rendue publique par le syndicat espagnol Commissions Ouvrières (CCOO), qui précise que 96% des salariés ont validé l'accord lors d'un vote interne. La formalisation de ce plan, encadrée par le droit espagnol, doit s'achever au ministère du Travail.

Un plan social validé, mais des perspectives limitées

Le principe d'accord signé entre Telus et les syndicats prévoit une indemnisation équivalente à 33 jours de salaire par année travaillée, dans la limite de 24 mensualités. Cela représente un coût total de 22 millions d'euros. Les départs doivent s'échelonner entre le 22 mai et septembre 2025.

Un programme de reclassement interne a été prévu, offrant aux salariés licenciés une priorité d'embauche sur d'éventuels postes vacants au sein des autres implantations de Telus pendant deux ans. Toutefois selon Le Figaro, le syndicat CCOO souligne que ces possibilités demeurent restreintes, l'activité de Telus à Barcelone étant essentiellement centrée sur le contrat avec Meta.

Vers un modèle de modération automatisée

Cette vague de licenciements survient trois mois après l'annonce par Meta de la fin du fact-checking aux États-Unis. En janvier, le groupe a remplacé ce dispositif par un système de "community notes", consistant en des annotations rédigées par les utilisateurs et validées entre pairs. Contrairement à l'ancien système, ces notes n'affectent pas la visibilité des contenus et reposent sur une validation algorithmique, sans intervention humaine. BFMTV précise que cette décision avait été justifiée par la volonté de ne pas écarter des contenus qui, selon Meta, n'auraient pas dû être censurés.

L'entreprise a affirmé en avril employer encore 40 000 personnes dans le monde pour assurer la sécurité, dont 15 000 modérateurs, et a assuré que la fin du contrat avec Telus n'impliquait pas un désengagement de ses efforts de modération. Sollicité par plusieurs médias, Meta n'a pas donné suite. De son côté, Telus a déclaré que sa priorité restait "de soutenir les membres de l'équipe touchés", notamment en facilitant leur relocalisation dans d'autres centres d'activité.