Premiers retours d'expérience d'un e-commerçant sur TikTok Shop
Tiktok Shop a débarqué il y a quelques semaines en France. La plateforme se distingue par la capacité de divertir l'utilisateur et d'acheter. Elle a l'ambition de devenir une retail social marketplace. Son potentiel parait immense : 32 % des achats en ligne y sont réalisés en Chine. Aux Etats-Unis, 11% des foyers ont déjà commandé sur TikTok Shop. Ce qui n'a pas échappé à certains e-commerçants de l'hexagone.
Une préparation dans l'urgence
Guillaume Roy est le cofondateur de Cherico, une entreprise qui propose différents produits autour de la chicorée. Ses canaux de diffusion : les supermarchés, les coffee shops, Meta Ads, ou encore Google Ads. L'entrepreneur avoue avoir été attiré par le potentiel immense de TikTok Shop. "En étant les premiers à se pencher un peu sur le sujet, nous nous sommes dit que nous aurions peut-être un avantage de temps sur les autres." Même si, tout juste après avoir digéré leur passage à l'émission télévisuelle "Qui veut être mon associé ?", il relève avoir été un peu pris au dépourvu par l'arrivée de TikTok Shop dans l'hexagone, un réseau social quasi inconnu pour lui. " Nous nous sommes rendu compte de l'opportunité trois mois avant sa sortie." Pourtant, après s'être retroussé les manches, il espère beaucoup de ce canal de diffusion.
Intégrer la plateforme
La première problématique rencontrée par sa société a été de relier la boutique TikTok Shop à tous ses systèmes numériques existants. En effet, TikTok Shop mise sur l'intégration pour développer une version particulièrement avancée du social shopping. L'expérience utilisateur doit être totalement intégrée. "Par exemple, sur leur site Web créé sur Shopify, un logisticien a dû s'employer pour retranscrire le numéro de livraison", avance Guillaume Roy.
Les influenceurs comptent
Autre difficulté croisée, la vente. Sur TikTok Shop, il est possible de faire un live shopping, lors duquel les utilisateurs peuvent acheter les produits en direct. Les e-commerçants peuvent aussi faire appel à des créateurs de contenu. Objectif pour ces derniers : faire la promotion du produit et le relier au site Web du commerçant. Pour être aidé sur cette partie, Guillaume Roy explique avoir été mis en relation avec des influenceurs via le Centre des vendeurs, une plateforme dédiée.
"Nous avons eu un apprentissage pour sélectionner les bonnes personnes", souffle Guillaume Roy. "C'est ce qui décuple la force de TikTok." Niveau financier, "les influenceurs sont rémunérés par l'entreprise via un système de commission", pointe Guillaume Roy. Pour Cherico, le montant se situe aux alentours de 15 %. "Mais cela dépend du type de produit. Pour les e-commerçants, cela reste plus avantageux au final que de passer par les supermarchés par exemple, qui prennent 35 à 40 points de marché."
Après deux semaines d'activité, Guillaume Roy annonce avoir réalisé deux vidéos par des influenceurs, qui font quelques milliers de vues. Cherico a aussi réalisé 300 000 vues sur TikTok en deux semaines. Ses lives ont attiré une dizaine de personnes. Il explique avoir reçu 78 commandes sur cette période, contre 800 sur ses canaux e-commerce traditionnels, comme Meta Ads et Google Ads.
Rajeunir sa cible
Tout reste encore à construire, pour Guillaume Roy. "En France, je pense que personne n'était vraiment prêt à absorber la potentialité de l'e-commerce sur TikTok. Même des marques très expérimentées sur ce réseau social. Le contenu, par exemple, est en train d'avancer sur la pointe des pieds sur la partie commerce."
L'objectif pour Cherico est désormais de s'adapter davantage aux codes du réseau social. L'entreprise possède en effet plus un "ADN" Instagram que Tiktok. Elle essaie ainsi de rajeunir en touchant la GenZ. Elle prend par exemple des conseils sur la création de contenus pour être davantage dans l'air du temps. "Il faut être hyper actif, rebondir sur les trends, adopter un ton TikTok à notre marque, sans oublier ses valeurs", lance Guillaume Roy. Il songe aussi à embaucher des personnes davantage natives sur ce réseau social. "Nous n'avons pas encore atteint notre plafond de verre. Mais nous allons nous donner les moyens de le faire. Pour l'instant, nous payons 2 500 euros par mois en frais récurrents, via des freelances, pour lancer la machine. Après quelques mois, nous n'aurons que des ressources en interne."
Même s'il sait qu'il part avec un temps de retard sur certaines marques. Pour lui, "certaines sont déjà compatibles. Par exemple, des marques de beauté, qui avaient déjà une grosse communauté TikTok."
Pourtant, le challenge vaut le coup selon lui. Les étoiles dans les yeux, il assure : "TikTok Shop, c'est comme avoir une boutique avec 20 millions d'utilisateurs, sans loyer, sans Pas de porte, sans staff, ou presque".