Le BHV et Shein s'allient, les Galeries Lafayette sortent les griffes
Le projet de la Société des grands magasins (SGM) d'accueillir Shein au BHV Marais et dans cinq Galeries Lafayette de province fait déjà vaciller le monde du commerce. Le groupe Galeries Lafayette, qui n'exploite plus directement ces enseignes mais reste lié par des contrats d'affiliation, rejette catégoriquement cette initiative.
Un partenariat explosif entre SGM et Shein
Mercredi, la SGM a officialisé son intention d'installer des espaces Shein dans les Galeries Lafayette d'Angers, Dijon, Grenoble, Limoges et Reims, ainsi qu'au BHV Marais à Paris. Ces magasins, passés sous le contrôle de la SGM en 2022, fonctionnent sous le modèle de l'affiliation. Cela signifie que, bien que gérés par un autre exploitant, ils doivent respecter certaines règles définies par le groupe historique.
Dans un communiqué, les Galeries Lafayette ont exprimé leur "profond désaccord" avec cette décision. Le groupe considère que l'arrivée de Shein est "en contradiction avec son offre et ses valeurs", rappelant que les affiliés ne peuvent pas s'écarter du positionnement premium qui fait la réputation de l'enseigne.
La SGM, de son côté, défend la légalité de ce partenariat. Elle affirme que l'accord respecte les conditions contractuelles en vigueur et qu'un dialogue est maintenu avec les Galeries Lafayette pour lever ce qu'elle qualifie de "malentendu".
Une guerre d'image au cœur de la mode française
Le désaccord dépasse la simple question juridique : il touche à l'image et à la stratégie commerciale. Pour les Galeries Lafayette, accueillir Shein, symbole de l'ultrafast fashion, met en péril un positionnement construit depuis plus d'un siècle.
La Fédération nationale de l'habillement (FNH), citée par Le Figaro, a également pris position contre cette implantation. Elle estime que cette décision illustre "un manque d'imagination et de professionnalisme alarmant", en accusant des enseignes emblématiques de "s'associer à ce qu'il y a de plus contestable dans le secteur de la mode".
Le bras de fer pourrait rapidement prendre une tournure judiciaire. Les Galeries Lafayette ont prévenu qu'elles "empêcheront la mise en œuvre de cette décision", alors même que les avocats de Shein se seraient assurés en amont que le groupe n'avait pas de levier juridique pour s'y opposer.
Au-delà de ce conflit, l'affaire soulève une interrogation plus large sur l'avenir des grands magasins français. Faut-il ouvrir la porte à des acteurs mondiaux de la fast fashion pour garantir la fréquentation, ou préserver coûte que coûte une identité fondée sur le haut de gamme et la créativité française ?