L'Intelligence artificielle : une technologie prometteuse au service du bien commun

Si l'IA soulève certains enjeux éthiques, il est important de garder à l'esprit qu'il en retourne de nos capacités individuelles et de notre propre responsabilité de faire le meilleur usage des bénéfices qu'elle peut nous offrir afin de répondre aux enjeux majeurs de notre société.

De nombreux acteurs se sont déjà saisis de l’IA afin de répondre aux enjeux de société, notamment dans les domaines de la santé, l’éducation et l'environnement. La force de ces projets repose sur la combinaison d’expertises variées : chercheurs en intelligence artificielle, experts sectoriels, citoyens et entrepreneurs. Parmi les initiatives les plus visibles, "AI for good", un programme lancé en avril 2018 à l’Assemblée Nationale visant à mettre l’intelligence artificielle au service de l’innovation sociale afin de trouver des solutions concrètes.

Une opportunité technologique relevant les enjeux de société contemporains majeurs

Dans le domaine de la santé, le recours à l'intelligence artificielle pour l'aide au diagnostic de maladies et de cancers joue d’ores et déjà un rôle considérable. C’est le cas notamment pour le dépistage du cancer du sein, maladie affectant près de 500 000 nouvelles femmes chaque année en Europe. Afin d’optimiser la détection de la maladie, enjeu clé pour une lutte efficace, une équipe du MIT a mis au point en 2019 une IA allant au-delà de ce qui est visible par l’œil expert d’un médecin. L’algorithme permet de dépister un risque de cancer du sein jusqu'à quatre ans avant qu’il ne soit visible à l’image par un œil humain. Les prouesses de l’IA ne s’arrêtent pas là, un projet de recherche lancé par l’Université Brown et Intel a été initié afin de permettre à des patients paralysés suite à une lésion grave de la moelle épinière de recouvrer la mobilité et le contrôle de leur vessie. Notre société, caractérisée par sa croissance intensive est progressivement exposée à de plus en plus de risques d’ordre de santé publique. Ces initiatives collaboratives talentueuses témoignent de la nécessité d’une convergence des efforts afin de préserver au mieux la santé de tous.

L’IA peut également soutenir des initiatives au service de l’environnement et par effet ricochet, la protection animale. C’est le cas du projet "The Ocean Cleanup" dont l’ambition repose sur l’exploitation de l’IA pour dépolluer les océans en extrayant les déchets plastiques qui s’y trouvent. En pratique, il s’agit d’une grande barrière flottante dont l’objectif est de filtrer les débris plastiques. A l’appui des données collectées par les chercheurs, des images satellite et de l’IA, la localisation et l’identification des déchets plastiques est opérée afin de pouvoir les capturer en grande quantité. L’IA, souvent dénoncée comme destructrice d’emploi doit davantage s’appréhender comme une aide précieuse accompagnant l’Homme dans son travail. Cet argument trouve sa force en concevant par exemple l’IA comme nouvelle arme contre le braconnage. Au sein de réserves naturelles tel que le parc national de Serengeti, en Tanzanie, où le personnel en présence n’est parfois pas suffisant à garantir la protection des animaux. Pour combattre ce fléau, l’ONG Resolve a décidé de développer une caméra miniature dont le but est d’identifier instantanément les intrus pour une protection plus efficace de ces espaces. Cet outil permet ainsi de venir en aide à l’Homme dans l’exécution de son travail et témoigne de la réussite d’un projet collaboratif autour du développement de l’IA au service du bien commun.

Un outil en mesure de répondre aux enjeux éthiques qu’il soulève

L’IA ne cesse de se réinventer en répondant aux défis qu’elle soulève. Prenons l’exemple de la voiture autonome. Si cette dernière annonce une avancée révolutionnaire en termes de mobilité, elle n’est pas sans nous interroger sur un enjeu crucial : la sécurité routière. C’est le pari que le modèle intelligent RSS (Responsibility-Sensitive Safety) décide de relever en standardisant les pratiques de sécurité pour ces véhicules. En s’appuyant sur la technologie que revête le deep learning, le modèle RSS formalise des notions humaines de conduite sûre au sein d’un modèle vérifiable. La machine est en mesure de comprendre des notions telles que les distances de sécurité, la priorité et les mesures de précaution autour des objets. Si le logiciel d’intelligence artificielle propose une action qui violerait l’un de ces principes de bon sens, le modèle RSS rejettera immédiatement la décision. L’IA s’avère donc endosser un rôle complémentaire précieux pour l’Homme capable de garantir sa sécurité et d’optimiser son confort.

Bien que les techniques de l’IA présentent un potentiel formidable, elles sont parfois génératrices d’externalités négatives ou de dérives. Si on peut observer parfois des usages qui posent question, l’exploitation des données personnelles peut présenter des fins bien plus vertueuses comme la lutte contre le Covid-19. C’est le cas du projet CovidIA, né de l’initiative d’un consortium d’experts médicaux et de datas scientists dont le but est de sortir le plus rapidement du confinement. Pour ce faire, les experts récoltent, avec le consentement des citoyens, leurs données personnelles (géolocalisation, démographie, médicales). Le résultat reposera alors sur la capacité de l’IA à comprendre comment le virus se propage ainsi que l’évolution de la pandémie en fonction des plans de déconfinement. Pour ce groupe d'experts, la seule stratégie qui permettra de sortir de façon certaine et rapidement du confinement repose sur l'utilisation de l'intelligence artificielle. L’exploitation des données personnelles peut donc être mise à profit du bien commun et non pas à des dérives. Ajoutons à cela que la France ainsi que l’Europe bénéficient d’un encadrement juridique sérieux reposant respectivement sur l’organisme de la CNIL et le RGPD introduit en 2018, dispositifs garantissant la protection de la vie privée et les libertés des citoyens.

Les législations françaises et européennes présentent un atout considérable en faveur du développement de l’IA sur notre territoire élevant la confiance du citoyen envers ces nouveaux outils. Forte des garde-fous qu’elle intègre, la France réunit les meilleures conditions pour prétendre s’ériger en tant que modèle durable en la matière. Soutenu par un volontarisme politique ambitieux, le développement de l’IA fait dorénavant partie intégrante de la dynamique française comme en témoigne le plan de financement à hauteur d’1,5 milliards d’euros à l’horizon 2022. Le Hub France IA, lancé en 2017, réunissant sept grands groupes et 101 personnalités reconnues dans le monde de l'intelligence artificielle (chercheurs, entrepreneurs, penseurs), démontre le succès de l’entreprise collective à stimuler l’essor de l’écosystème IA sur notre sol.

Au regard de ces initiatives prometteuses, je réitère l’impératif de mobiliser nos efforts dans l’exploitation de l’IA au service du bien commun. Elle consiste en un outil formidable qui n’a pas fini de faire ses preuves et qui a d’ores et déjà témoigné de ses meilleurs atouts. En concentrant nos expertises, nous pouvons révolutionner nos modèles afin d’améliorer le monde de demain. A nous tous, collectivement, d’écrire les futurs exploits de l’IA.