La démocratisation de l'IA en tant que service pour les entreprises

Initialement "pensée" par Alan Turing il y a près de 70 ans, l'intelligence artificielle (IA) semble transcender le temps et ne cesse de se moderniser. Son application s'est accélérée au cours des dix dernières années et a mis cette technologie sous le feu des projecteurs.

Sa démocratisation est telle que les entreprises, tous secteurs confondus, l’utilisent entre autres pour rationaliser la gestion et l’analyse des données, acquérir un avantage concurrentiel et trouver de nouveaux moyens de stimuler la croissance. Alors que de plus en plus d’entreprises cherchent à tirer parti des technologies de l’IA pour prendre des décisions fondées sur les données, celles-ci ont besoin de solutions pour s’en servir rapidement et à moindre coût. L’IA s’impose de plus en plus en tant que service (IAaaS). 

Comprendre l’IA « en tant que service »  

Par le passé, les entreprises avaient besoin d’une puissance de calcul massive et d’experts internes pour utiliser l’IA en leur sein - le système logiciel leur coûtait une fortune. Aujourd’hui, Microsoft, Google, Amazon, IBM et d’autres entreprises disposant d’une vaste infrastructure de cloud public et de plateformes d’IA capables de combiner ces deux capacités prennent conscience de l’existence d’un marché pour la fourniture d’IA en tant que service aux entreprises. Cette situation contribue à démocratiser l’IA, car, désormais, tout le monde peut potentiellement l’utiliser. 

L’IA en tant que service peut potentiellement profiter à toute entreprise. Plutôt que de consacrer du temps à l’installation et au développement de la technologie, l’IAaaS offre aux entreprises la puissance de l’IA sans devoir au préalable se transformer en experts du code. 

Les fournisseurs de plateformes d’IA font de l’IAaaS une option abordable et accessible pour les entreprises traditionnelles. Les entreprises qui ne sont pas des experts en technologie, mais qui ont besoin d’une capacité d’IA dans le cadre d’un projet pourront l’activer lorsqu’elles en ont l’utilité et la désactiver lorsqu’elles ne l’utilisent pas. Ce modèle de paiement à l’usage (ou « pay-as-you-go »), qui fonctionne si bien avec d’autres technologies, permet aux petites entreprises d’économiser beaucoup d’argent, car elles ont accès à une infrastructure avancée à moindre coût et elles ne doivent pas faire tourner l’IA sans arrêt. 

Perspectives de l’IAaaS  

L’IAaaS va se généraliser dans tous les secteurs envisageables, de l’agriculture à la médecine, en passant par la musique et l’éducation. Nous en voyons des exemples intéressants, en Europe et notamment en Irlande. En octobre, Novartis et Microsoft ont annoncé un partenariat visant à trouver des moyens de combiner la technologie avancée d’intelligence artificielle de Microsoft avec l’expertise de Novartis dans le domaine des sciences de la vie. En moyenne, le lancement d’un nouveau médicament sur ordonnance coûte 2,6 milliards de dollars aux entreprises du secteur des sciences de la vie. Il est prévu que Microsoft et Novartis utilisent l’IA pour développer des médicaments, depuis la recherche et les essais cliniques jusqu’à la fabrication et l’exploitation. Les nouveaux traitements ciblant la dégénérescence maculaire et les nouvelles thérapies géniques et thérapeutiques utilisées contre la leucémie aiguë lymphoblastique feront l’objet d’une attention particulière. Le recours à l’IA permettra de réduire le coût associé à ces activités. 

Par définition, Novartis n’est pas un expert en IA, et la mise en place de l’infrastructure nécessaire pour effectuer ce travail lui aurait coûté des centaines de millions de dollars. En travaillant avec la plateforme d’IA de Microsoft, Novartis sera en mesure de rassembler des recherches, des articles de revues médicales, des résultats d’essais cliniques et des tonnes d’autres données non structurées qui sont généralement stockées dans des systèmes déconnectés. 

Rythme de développement de l’IAaaS en Europe 

Google, Microsoft et Amazon possèdent tous des pans entiers de leur infrastructure mondiale en Irlande, et une grande partie des ingénieurs qui construisent et entretiennent leurs systèmes de cloud et d’IA s’y trouvent également. Selon un rapport publié par Eurostat en avril dernier, l'Irlande avait la part la plus élevée d'entreprises en Europe utilisant l'intelligence artificielle (23%) en 2020, devant Malte (19%), la Finlande (12%) et le Danemark (11%). Cependant, le rapport montre également des lacunes et d'importantes marges d'amélioration au sein de l'Europe. En effet, moins de 10% des entreprises ont utilisé l'une des quatre applications d'IA les plus courantes en 2020 dans tous les autres États membres. Il s’agit notamment de l’analyse de données basée sur le machine learning, les chatbots automatisés et les assistants numériques virtuels, les processus robotiques (RPA) cognitifs et l’analyse de big data basée sur le traitement automatique de langage, ou encore la génération et la reconnaissance vocales. Les parts les plus faibles ont été enregistrées en Lettonie (2%), en Slovénie, en Hongrie, à Chypre (3% chacun) et en Pologne (4%). La France n'atteint quant à elle que 6% et l'Allemagne 7%. Malgré un score faible, l’usage de l’IA se développe en Europe et les entreprises l'adoptent de plus en plus. Le moment venu, un regard rétrospectif sur 2021 peut montrer des résultats très différents à travers l'Union. 

Comme l’IAaaS est utilisée par des entreprises européennes et américaines basées en Europe, ces entreprises s’appuieront sur l’infrastructure globale qui répondra aux exigences de l’industrie des services d’IA. En Europe, l’IA doit tenir compte de la conformité en matière de données et de la protection des données, qui restent très, très importantes. Les contrevenants au RGPD s’exposent à une lourde taxe de 4 % de leur revenu global. Nous constatons que des clients en Europe choisissent de travailler avec des fournisseurs de cloud public et d’IAaaS parce que le niveau de protection des données qu’ils sont en mesure de fournir est trop coûteux pour être reproduit par les petites entreprises. 

L’IAaaS, opportunité pour les cybercriminels 

Les cyberattaques représentent actuellement un défi de taille pour les organisations, et peuvent survenir à tout moment et à grande vitesse. Les cyberattaques basées sur l’IA constitueront un défi encore plus redoutable. C’est pourquoi il est si important que les entreprises se procurent l’IAaaS auprès d’entreprises technologiques de premier plan qui ont réalisé les investissements nécessaires en matière de cybersécurité et qui protègent leur infrastructure et les clients qui l’utilisent. 

Les organisations qui utilisent ce service doivent y être préparées. Il ne peut s’agir d’un simple service à l’état brut. À moins de disposer de certaines capacités techniques internes, elles auront probablement besoin de conseils professionnels de la part de consultants ou du fournisseur de la plateforme d’IA pour les aider à tirer le meilleur parti des services et à éviter certains des obstacles qui peuvent accompagner l’IA. Un écosystème est en train de se développer autour de cette technologie en Europe, ce qui simplifiera de plus en plus les processus et lèvera les barrières qui peuvent parfois décourager les entreprises désireuses de se lancer dans l’aventure IA.