Cette année, l'IA générative se met au service du no code

Cette année, l'IA générative se met au service du no code L'avènement d'assistants comme ChatGPT donnera naissance à une nouvelle génération d'environnement de développement sans code. La promesse ? Générer une application à partir de sa description.

En 2023, une nouvelle génération d'outils de développement sans code va voir le jour. Tirant parti du machine learning, ils permettront d'automatiser la création d'applications. Comment ? Il suffira de leur soumettre la description du logiciel souhaité pour qu'ils le produisent in extenso. Une promesse qui semblait encore il y a peu de l'ordre de la science-fiction. En analysant l'état actuel des avancées en matière d'IA, force est de constater qu'elle ne l'est plus tout à fait. L'ensemble des briques nécessaires à un tel processus, notamment autour de l'IA générative, existent désormais. L'avènement de ChatGPT et de GitHub Copilot laisse entrevoir assez clairement un tel scénario.

Certes, les initiatives visant à mettre l'IA au service du no code ne datent pas d'hier. Les éditeurs de plateformes de développement à bas code (low-code), Mendix et OutSystems par exemple, commercialisent depuis quelques années déjà des assistants intelligents. Ils sont taillés pour guider l'utilisateur dans la configuration de la logique des applications. Au fur et à mesure de l'assemblage des composants logiciels, ils recommandent des actions pré-paramétrées à mettre en œuvre en fonction de l'historique du projet et de diverses informations liées au contexte. Pour relever ce défi, le produit de Mendix a ingéré une base d'apprentissage de pas moins de 12 millions de micro flux applicatifs anonymisés.

Une révolution en marche

De son côté, Microsoft a commencé dès 2021 à intégrer l'IA générative à sa plateforme de développement no code Power Platform à travers l'outil Power App Ideas. Toujours en bêta à l'heure où nous publions cet article, il s'appuie sur Power Fx, un langage déclaratif issu de la grammaire d'Excel. A ce dernier, le groupe américain a adjoint pour l'occasion un chatbot limité pour l'heure à l'anglais. Basé sur une IA conversationnelle entrainée à partir du modèle GPT-3 d'OpenAI, le robot permet d'exprimer un besoin en langage naturel (par exemple "Full Name starts with Yvonne" pour sélectionner tous les noms commençant par le prénom Yvonne) avant de traduire la requête en formules Power Fx. Conclusion : il s'agit bien d'un premier jet d'IA générative no code.

"Les développeurs pourront se concentrer sur les fonctionnalités réellement innovantes, qui n'auront pas encore été réalisées"

Suite à ces premières initiatives, GitHub Copilot et ChatGPT, lancés respectivement en juin et décembre 2022, viennent rebattre les cartes. Conçu par Microsoft à destination des développeurs, le premier est conçu à la fois pour proposer des suggestions au fur et à mesure de la programmation mais aussi pour traduire directement en lignes de code les spécifications d'un logiciel. Quant à ChatGPT, on ne le présente plus. Le bot d'OpenAI fait figure de révolution en matière de génération de texte. C'est en mettant ces deux technologies bout à bout que l'on pourrait aboutir à une IA conversationnelle pleinement orientée développement no code.

"En amont, une brique comme ChatGPT peut détailler les spécifications fonctionnelles d'une application à partir d'une expression de besoin saisie en langage naturel. Nous avons testé ce scénario d'usage. Il fonctionne bien sur beaucoup de feature", explique Lobna Karoui, patronne du centre d'excellence data & artificial intelligence chez Capgemini. Au fur et à mesure de sa montée en apprentissage, on peut imaginer que ChatGPT puisse à terme dérouler l'ensemble des spécifications d'une plateforme de CRM, de supply chain ou de gestion financière. En aval, un assistant comme Copilot pourrait ensuite reprendre ces spécifications pour rédiger à son tour le code complet de l'application. Une fonctionnalité qui fait déjà partie de son ADN. Et ce nettement plus que ChatGPT, qui se limite pour l'heure à la génération de bout de code.

Plus besoin de réinventer la roue

"Dans ce nouveau paradigme, les développeurs pourront se concentrer sur les fonctionnalités réellement innovantes, qui n'auront pas encore été réalisées jusqu'alors", analyse El Mehdi Ntayeba, directeur général d'Hyperbots, entité de l'ESN Devoteam spécialisée dans l'IT automation. "Pour peu qu'une fonctionnalité ait déjà été codée et incluse dans les modèles de l'environnement no code, celui-ci sera capable de regénérer cette fonction à la demande dans n'importe quelle autre application." Dans un second temps, Copilot et ChatGPT sont respectivement capables de proposer les scénarios et données de test adaptés à chaque configuration de logiciel obtenu.

"Ce nouvel édifice de développement sans code se limitera néanmoins à l'application. Il ne pourra évidemment pas concevoir l'infrastructure IT sous-jacente, ni la base de données, et encore moins l'hébergement", précise El Mehdi Ntayeba. "Mais c'est déjà pas mal." Rappelons que ChatGPT et Copilot s'adossent tous deux à la technologie de deep learning GPT-3 mise au point par OpenAI, et que Microsoft est présent au capital de ce dernier depuis sa création en 2015. Enfin, selon The Information, le groupe de Redmond plancherait déjà sur l'intégration de ChatGPT à Microsoft 365. De-là à imaginer que l'entreprise de Satya Nadella pourrait envisager en parallèle de le marier à Copilot, il n'y a qu'un pas.