Cri du cœur d’un SEO contre les fake news

2019 sera une année charnière dans la lutte contre les fake news. Les médias, lecteurs, politiques, et réseaux sociaux ont un rôle à jouer, tout comme les moteurs de recherche et responsables SEO des sites médias.

27 Décembre 2018, je tombe sur le tweet suivant : 
alors en plein déménagement, je prends la peine d’y répondre car je suis énervé au plus haut point.

Je travaille dans le secteur de la presse en tant que Responsable SEO ( référencement naturel ) depuis Avril 2017, j’y ai découvert des choses passionnantes, j’y ai aussi malheureusement découvert la propagation grandissante de ce "cancer" pour la démocratie que sont les fake news.

Il est aujourd’hui essentiel d’avoir des services dédiés au fact checking dans les agences de presse et médias.

Cela demande cependant des compétences particulières comme décrites dans l’annonce dont le journaliste qui tweetait se moquait : 


Reprenons les compétences recherchées et essayons de décortiquer cette annonce : 

  • Forte culture numérique : il est important de connaitre l’environnement dans lequel évolue ce fléau. Le "monde du web", est un monde à part entière avec ses propres codes. Les fakes news représentent un éco système dans ce monde dans lequel le journaliste doit savoir évoluer.
  • Image : Les fake news ne sont pas que des faux articles qui paraissent sur des sites financés par la Russie par exemple ou sur des sites d’extrémistes de type "Français de souche". Les fakes news, se sont aussi des photos montages, des vidéos montages ou audio montages. Il est essentiel de savoir vérifier la véracité de ces éléments. 
  • Geek : je tiens à dire que je suis gêné de voir le terme "geek" employé, car étant utilisé à toutes les sauces, le sens peut être très large…
    Ceci dit, je pense qu’il est demandé ici à la personne de savoir utiliser les réseaux sociaux, afin d’aller "déterrer / débusquer" ces fakes news. Il faut prendre en compte qu’aujourd’hui une partie de la population est en rupture avec les journalistes, à cause à mon sens d’une partie de la classe politique et d’autres diront "des pratiques de certains médias"
    Le malheur des réseaux sociaux qui devaient en principe connecter tout le monde, cloisonne au final des groupes d’individus qui ne partagent plus que leur vérité.
    Il faut donc connaitre ces différents lieux de "rendez vous" que ce soit sur Facebook, Twitter, Reddit, Whatsapp, Telegram, Alexa, Google Home, etc, etc, pour aller débusquer ces mensonges et les démonter.
    Outre cloisonner des groupes d’individus, les réseaux sociaux facilitent et accélèrent la propagation de ce "cancer" comme cela a pu être le cas dans certains groupes Facebook de gilets jaunes par exemple.

C’est pourquoi, je pense que tous les médias doivent se doter de services spécialisés pour assurer l’intégrité des démocraties.
Aujourd’hui, c’est encore loin d’être le cas pour diverses raisons, 20 Minutes avec Fake off  fait quant à lui partie des quelques médias français ( AFP Factuel, Les Décodeurs du Monde, CheckNews de Libération, Les Observateurs de France 24 ) labélisés "IFCN", ( International fact checking network ). 

D’un point vue SEO, chez 20 Minutes voici ce qui a été fait jusqu’à présent : 

  • Il faut dire que le moteur de recherche fait des efforts sur la question et doit être salué.
  • Ainsi, si vous cherchez à savoir si une information est véridique et qu’un média ou site spécialisé a fact checké l’info, cela sera mis en évidence par un "mark up". 
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  • Nous avons créé une rubrique dédiée afin de bien catégoriser les articles de fact checking et faciliter leur référencement.
  • Nous avons sensibilisé les journalistes à l’importance de leur titre pour que leurs articles remontent sur des recherches emmenant sur "des fakes news".
  • Nous intégrerons dans notre futur de moteur de recherche interne fait en partenariat avec Qwant la possibilité de chercher si une info est vraie via des filtres dédiés.
  • Nous allons retravailler notre page du service Fact checking qui nécessite aujourd’hui à notre sens un design et des fonctionnalités particulières comme a pu très bien le faire Libération.

J’encourage ainsi tous mes collègues SEO à mettre en place des mesures et partager d’autres actions s’ils le souhaitent afin de lutter contre ce fléau.

Enfin, je pense que Google qui domine la recherche surtout sur mobile ( plus de 97% de PDM nous concernant ) peut et doit aussi plus aider les médias :

  • Est-il normal que certains sites financés par des médias étrangers puissent remonter dans Google Actualités et les carrousels de News alors qu’il est avéré qu’ils colportent des fake news ?
  • Une remontée de la part de Google des sujets à tendance de fake news afin d’aider les rédactions dans le travail de détection serait un gros plus.
  • Il faut saluer l’initiative récente de Google qui a mis à disposition un moteur de recherche recensant tous les articles fact checké. 

Nous ne sommes qu’au début de la lutte des fake news, les médias et les SEO ont leur rôle à jouer.

Mais pas que, les lecteurs doivent s’informer sur plusieurs sources, les politiques doivent légiférer sur la question, même si des lois sur ce sujet pourraient déboucher sur des lois de censure…

Nous faisons également face à un autre problème grandissant à savoir, comment exposer des faits vérifiés à certaines personnes en rupture avec la presse généraliste…

Il est nécessaire de garder en tête la chose suivante : plus les médias passeront de temps à démonter des mensonges, moins de temps ils passeront à parler des faits et à débattre, et c’est pourtant ce que les lecteurs demandent !