E-Commerce
La saga des frères du Père-Noël
Croissance étonnante, litiges commerciaux, ennuis juridiques et violences : il n'a rien manqué à l'histoire mouvementée du cybermarchand. La démission des frères Fur, ses fondateurs, est le dernier d'une longue série de rebondissements.  (Jeudi 24 octobre 2002)
         
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(Article modifié le 24/10 à 10h45) Depuis sa création, le 27 juillet 1999, le site marchand Pere-Noel.fr n'a eu de cesse de faire parler de lui. Non sans un certain succès... Cette vraie start-up, fondée par Alexandre et Grégoire Fur, associés à Sébastien Steinmetz, a d'ailleurs très vité réalisé une première levée de fonds : 10 millions de francs en mars 2000 auprès d'un groupe de chefs d'entreprises (Michel Cohen, Bernard Silam, Jacques Davila et Norbert Maarek). Pere-Noel.fr a ensuite suivi le chemin logique à l'époque pour une start-up : elle s'est introduite en Bourse (au Marché libre le 6 avril 2000). L'ouverture de 4 % de son capital a aussi été l'occasion d'une première déconvenue : introduite à 17 euros, l'action a plongé de 50% pour son premier jour de cotation. Mercredi 23 octobre, à la clôture des marchés, elle valait 0,75 euro.

Sur le plan commercial, Père-Noël.fr revendique depuis ses débuts une réussite plutôt impressionnante. Son chiffre d'affaires de 5,4 millions d'euros en 2000 (pour une perte nette de 1,3 million d'euros), a bondi de 329 % en 2001. Selon des chiffres non audités, la société aurait réalisé 22,9 millions de chiffre d'affaires pour une perte d'exploitation de 0,3 million d'euros. Le site serait à l'équilibre depuis le dernier trimestre 2001. Cette progression spectaculaire (la hausse qu'annonce le site serait trois fois supérieure à celle d'acteurs comme Ooshop, Voyages-SNCF, Alapage ou Fnac.com...), s'est accompagnée d'une tentative de croissance externe en 2001, même si Booston, racheté en mai 2001, a été placé en redressement judiciaire quatre mois plus tard tandis que le rachat de Digitall au Groupe Lagardère a finalement avorté. Cette année, l'acquisition de Musicbox en mai a lui aussi été un échec puisque le site n'est plus actif.

Mais Père-Noël.fr est surtout connu pour ses retards - ou ses absences - de livraison. Une caractéristique qui se conjugue avec une grande célérité pour débiter les cartes bancaires des clients. Ces méthodes ont éveillé la curiosité de la DGCCRF, la direction de la Concurrence, qui recevait de très nombreuses plaintes de clients bafoués. Un procès verbal pour publicité mensongère a même été dressé.

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Paralèllement, l'UFC-Que Choisir de Créteil a déposé plainte en mai dernier contre Père-Noël.fr et s'est portée partie civile. L'association a été suivie par de nombreux autres plaignants (plus de 300 cas). A ce jour, la plainte n'a pas encore abouti : un nouveau juge d'instruction vient de reprendre le dossier et a demandé un complément d'enquête. Pere-Noel.fr ressemble de plus en plus à une bête traquée : plaintes de la part de transporteurs et d'affiliés pour impayés, accusations de cybersquatting, La Poste qui réclame le paiement de 170.000 euros de dettes, etc.

La goutte qui a fait déborder le vase a eu lieu le 24 septembre dernier : ce jour-là, Alexandre Fur était convoqué par la commission économique du conseil municipal de Saint-Etienne pour s'expliquer sur les différentes plaintes dont fait l'objet la société. La mairie ayant subventionné à plusieurs reprises le développement du site marchand, elle souhaitait une explication. Enervés par la présence de la presse, les frères Fur s'en sont pris à deux journalistes stéphanois à l'aide de gaz lacrymogène. Bilan : une plainte pour violence avec arme a été déposée contre les deux dirigeants.

Face à ces dérives, le conseil d'administration a annoncé mardi la démission d'Alexandre et Grégoire Fur tant de leurs statuts de président et d'administrateur que de leurs fonctions opérationnelles. Ce conseil d'administration, composé, outre les frères Fur, de Patrice Pierron, Thomas Chauvet et Sébastien Steinmetz (qui avait démissionné de ses fonctions de directeur général en 2001), a fait pression pour obtenir leur départ.

Il semble que depuis la rentrée, Patrice Pierron, Thomas Chauvet et Sébastien Steinmetz se soient entendus avec Michel Rolland, directeur commercial de Novatek, une des filiales de Pere-Noel.fr, pour reprendre en main la direction du site. C'est donc un véritable putsch que vient de connaître Pere-Noel.fr. Mais le départ des frères fondateurs ne modifie en rien la composition du capital : la famille Fur reste actionnaire à hauteur de 35 %.

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Michel Rolland, a déclaré au journal Le Progrès qu'il avait fallu une semaine pour que les deux dirigeants acceptent de quitter Père-Noël.fr mais aussi de se retirer des 24 sociétés gravitant autour du site. Depuis 1999, les frères Fur ont en effet créé un incroyable ensemble de sociétés (voir la liste) qui forment un maillage inextricable gravitant autour du site marchand. Le nouveau PDG de Père-Noël, Thomas Chauvet, doit maintenant s'attaquer au plus grand chantier : faire oublier la mauvaise réputation du site et tenter de le relancer avant les fêtes de Noël... Dans un communiqué paru ce matin et annonçant sa nomination, Thomas Chauvet a déclaré : "Dans les prochains jours, tout ce qu'il sera possible de faire, notamment dans la gestion des litiges clients et fournisseurs, le sera avec efficacité et détermination." A suivre donc....

[Florence Santrot, JDNet]
 
 
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