(Article modifié le
03/03/03 à 9h30) URL peu attrayante, hébergement
et licence dans des paradis fiscaux, pas d'adresse postale,
à la limite un mail... Les clichés sur les
sites de paris sportifs ou sur les casinos en ligne illégaux
sont légion. Le JDN a d'ailleurs déjà
cité quelques exemples du genre : Kipari.com,
MrBookmaker, etc. Désormais, tout en restant discrets,
un nouveau style de sites de jeux d'argent émerge
à destination des internautes français :
ceux soutenus par les grands noms du bookmaking britannique.
Proposant
à la fois des jeux sportifs et du casino, ces
sites affichent généralement un plus grand
professionnalisme et un large éventail de paris
et de jeux de hasard. Certains osent avancer à
visage découvert. C'est le cas de William
Hill, deuxième bookmaker britannique, qui
a acheté des mots-clés ("parier",
par exemple) sur les réseaux français
d'Espotting et de Google afin de promouvoir la version
française de son site, willhill.com.
Un
autre bookmaker présent sur l'Internet français
et ayant pignon sur rue au Royaume-Uni est Sportingbet.
Lancé en octobre 1998 et coté en Bourse
à Londres, il s'agit du tout premier site de
paris en ligne créé outre-Manche. La société
affiche cinq ans après 750 000 clients à
travers le monde (111 pays, 11 langues, 11 devises).
Au 31 décembre 2002,
sur les neuf premiers mois de son exercice, Sportingbet
avait réalisé un chiffre d'affaires de
39 millions d'euros, soit 7,5% du volume de jeux, et
des bénéfices avant impôts de plus
de 8,2 millions d'euros. La société a
notamment racheté plusieurs gros concurrents
aux Etats-Unis (Sportsbook et Wallstreet.com) et en
Asie/Océanie (Number One Betting Shop, premier
bookmaker privé australien).
L'incursion sur le sol français
de Sportingbet s'est faite notamment via deux sites :
Parier.net et Pariersurlefoot.com. Ces deux sites, indépendants,
proposent tous les deux des paris en ligne et du casino.
Pour cette dernière activité, les deux
sites utilisent les mêmes solutions logicielles
fournies par WorldGaming, firme anglaise cotée
au Nasdaq. C'est cette même société
qui s'occupe de gérer leurs transactions (la
société Starnet évoquée
précédemment pour la gestion de l'activité
de casino sur pariersurlefoot.com a été
rachetée par WorldGaming en 2001).
Sur le plan juridique,
les internautes français ont le droit de jouer
sur ces sites, bien que ce soit à leur risque
et péril (rien ne peut vous assurer que vos gains
vous seront reversés et les recours sont bien
souvent inexistants). Le site Parier.net tient à
rassurer les joueurs français qui douteraient
de la légalité de la prise de paris sur
des rencontres sportives. Il souligne dans sa FAQ que
"A titre informatif, il n'est pas illégal de jouer
à partir de la France". Si cela est vrai dans un
sens, en revanche, La Française des Jeux et le
PMU détiennent un monopole sur l'exploitation
des paris sportifs. Les sites, eux, n'ont pas le droit
de proposer de tels services aux internautes.
Tandis qu'au Royaume-Uni,
l'activité de bookmaking est légale, elle
est extrêmement encadrée en France. Les
sites sont donc en infraction avec la loi. C'est pour
cette raison que ceux d'entre eux qui tentent une incursion
sur le marché français le font systématiquement
depuis l'étranger. Pariersurlefoot.com héberge
ses serveurs à Antigua, là même
où il a obtenu sa licence. Pour Parier.net, qui
dispose lui aussi d'une licence antiguaise, l'hébergement
sont situés eu aussi à Antigua. Le
site possède des bureaux dans le monde entier,
principalement en Irlande (service client) et a Antigua
(banque/serveurs).
Interrogés, un seul
des deux sites, Parier.net, a souhaité nous répondre.
"Nous avons lancé plusieurs sites entre 1996 et
1998, dont le site en francais parier.net en 1998, explique
Erik Axel, responsable du marketing de Parier.net. En
2002, une partie de notre activité a été rachetée par
Sportingbet. Depuis, Parier.net utilise les services
de Sportingbet sans pour autant appartenir a 100 %
a cette société anglaise (pour l'instant). Parier.net
est oppéré par Internet Opportunity Entertainment
(société antiguaise). Le chiffre d'affaires
dépasse les 5 millions de dollars par an."
Bien qu'actif auprès
de la population internaute française depuis
maintenant cinq années, le site n'a encore jamais
fait l'objet de poursuites judiciaires. Il est vrai
que Parier.net a choisi d'avancer à pas feutrés.
Il utilise plutôt le système des mots-clés
sponsorisés que de voyantes bannières :
"Nous communiquons en France de façon discrète
mais efficace. Nous croyons plus au "bouche-à-oreille"
qu'aux campagnes de pop-up. Plus de 40 000 personnes
ont déja placé un pari sur Parier.net depuis son lancement",
précise Erik Axel.
Si jusqu'à présent
ces sites de paris sportifs n'ont pas encore fait l'objet
de plaintes (ni de la part des pouvoirs publics, ni
de La Française des Jeux ou du PMU), l'arrivée
sur le marché français des bookmakers
anglais pourrait faire bouger les choses. Il ne s'agit
plus, en effet, de petits sites situés dans des
paradis fiscaux et gérés par deux ou trois
personnes mais de sociétés adossées
à d'importantes firmes britanniques, spécialisées
dans le domaine. De plus, ils se trouvent maintenant
en confrontation directe avec le nouveau jeu de La Française
des Jeux, Cote & Match.
Mais peut-être ces grosses
sociétés attendent-elles enfin un procès
pour faire valoir leur droit de proposer au public français
des services légaux dans leur propre pays. Le
droit européen laisse toute liberté aux
pays de l'Union de légaliser ou non les jeux
d'argent. Un procès dans ce domaine pourrait
éventuellement faire jurisprudence et permettre
aux britanniques, ou à d'autres sociétés
européennes, de pénétrer le marché
français du jeu via le Net, donc sans domiciliation
physique sur notre territoire.
|