La lutte anti-piraterie continue et accélère même. C'est le message qu'a décidé de faire passer le Snep (Syndicat national de l'édition
phonographique) et la SCPP (Société civile des
producteurs phonographiques) ce matin, jeudi. Et pour soutenir le message, la conférence s'est tenue dans le lieu qui a abrité la signature de la charte anti-piraterie
cet été, à savoir l'Olympia (cf l'article
JDN du 29/07/04).
Premier état des lieux de l'industrie française du disque :
50 procédures judiciaires ont été engagées en France contre des internautes,
la moitié ayant déjà fait l'objet d'interventions
physiques conduites par les forces de police et de gendarmerie. Ces opérations ont été menées par des policiers et des gendarmes spécialisés dans les
nouvelles technologies et habilités pour réaliser des saisies directement
au domicile des internautes, sans autorisation préalable
(cf l'interview
d'Eric Freyssinet
de l'IRCGN du 09/09/04).
Mais ces actions ne se limitent plus à l'Hexagone. La répression se fait désormais à l'échelle européenne. "A partir d'aujourd'hui, démarre une opération de lutte
anti-piratage lancée sur l'ensemble du Vieux Continent",
annonce Marc Guez, directeur général de la SCPP.
Dans le cadre de cette opération pan-européenne, ce sont plus de 700 plaintes qui sont déposées contre des internautes, dont
28 au Royaume-Uni, 174 au Danemark, 100 en Allemagne ainsi
qu'en Autriche, 50 en France et 7 en Italie. En même temps que les professionnels français de la musique lançaient leur message ce matin, cinq autres pays européens emboîtaient le pas, et de concert, avec des conférences tenues par les représentants locaux de l'industrie du disque.
Ce choix en faveur de la répression est justifié, selon les professionnels, par les premiers résultats encourageants obtenus depuis que l'industrie du disque sort ses crocs. "Si
le P2P est en progression, le téléchargement
illégal de fichiers musicaux en ligne est enrayé",
soutient ainsi Marc Guez. Le directeur général de la
SCPP s'appuie sur les chiffres comuniquées
par l'IFPI, la Fédérartion internationale de l'industrie
phonographique.
Selon l'organisme, le nombre de fichiers musicaux mis
à disposition illégalement a chuté de
30 % en un an, passant d'1 milliard en juin 2003 à
700 millions en juin 2004, ces chiffres portant sur l'ensemble
des protocoles. Autre enseignement : le nombre d'utilisateurs de Kazaa a
chuté de 41 % en un an, en
partie grâce aux actions conduites sur la plate-forme. Du coup, les internautes se sont réfugiés sur eMule, la plate-forme désormais la
plus utilisée. Face à ces chiffres, l'industrie du disque arrive un constat simple, et peu solidaire avec les autres industries du divertissement : si le P2P continue de progresser ce n'est pas à cause des fichiers musicaux, dont les volumes sont en baisse, mais en raison des films et jeux vidéos, dont les échanges explosent.
"Mais nous souhaitons rappeler que la lutte anti-pirateie
que nous conduisons est un moyen, non une fin", ajoute
Hervé Rony, directeur général du Snep. L'objectif numéro un des professionnels est de développer le
téléchargement de fichiers légaux sur
des plate-formes tout aussi légales. Pour y arriver, tous les moyens seront utilisés, y compris le filtrage, "qui devrait donner
ses premiers résultats dans le courant du mois de novembre",
poursuit Hervé Rony. Bref, pour l'industrie du disque, l'année 2004 se veut une
année de transition, un passage d'un modèle
à l'autre. |