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Le business des modems ADSL
3) Demain, des modems à tout faire
FAI et équipementiers travaillent déjà sur la nouvelle génération de services et terminaux ADSL. Après la VoIP sans-fil devraient suivre des fonctions d'interconnexion avec les équipements du foyer.   (18/02/2005)
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1) FAI et équipementiers, les liaisons intimes
2) Des FAI dans la peau des câblo-opérateurs
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Exit les modems. Place aux "passerelles", aux "gateways", aux "box" et aux terminaux intelligents. C'est la grande tendance chez les FAI, qui ne parlent plus aujourd'hui de modems mais de "terminaux" pour désigner les équipements d'accès ADSL. Car aux côtés des services multiplay proposés aux détenteurs de lignes dégroupées se dessinent déjà les contours de futurs produits qui seront à cheval entre médias classiques et univers IT. Les équipementiers télécoms, comme les FAI, y travaillent déjà. Et la seule question est de savoir à quel moment les consommateurs seront prêts à suivre l'accélération des évolutions techniques et commerciales.

Sur le marché des modems ADSL, se distingue déjà une nette tendance à la multiplication des fonctionnalités : ports Ethernet, fonction routeur, borne d'accès WiFi, compatibilité Bluetooth, connecteurs téléphoniques… Sans parler des composants internes invisibles qui permettent de supporter les nouvelles normes comme l'ADSL 2+. Autant de caractéristiques techniques facilitant les interconnexions multiples de matériels et la consommation d'applications haut débit. A condition que l'abonné s'y retrouve.

Car le consommateur, lui, n'achète pas un modem mais du service. Il n'achète pas un débit, mais des usages. D'ailleurs, le voudrait-il, il ne le pourrait pas forcément. Pendant que les FAI se battent à coups d'augmentation des débits, 1,6 million de lignes seulement sont dégroupées (sur 6,5 millions d'accès haut débit), et bien souvent le débit réel maximum plafonne, quel que soit le FAI.

Les grandes tendances s'expriment donc plus en termes de services et d'usages, autrement dit de couple services-terminal. Dans le domaine des services, la grande nouveauté reste bien sûr les modems multiplay, passerelles vers des offres de téléphonie sur IP (VoIP) et de télévision sur ADSL. Les FAI qui ne sont pas encore présents sur le segment multiplay s'y préparent tous, comme AOL, qui prévoit dans un premier temps de lancer une offre de téléphonie, véritable moteur du multiplay.

Vers la VoIP mobile

La VoIP constitue une vraie technologie de rupture. Avec le sans-fil, c'est la motivation la plus forte pour renouveler son terminal ou changer de fournisseur d'accès. La raison est simple : ce que le consommateur recherche avec la VoIP, ce sont les prix. Diminuer sa facture télécoms est une bonne raison pour changer de forfait. Tout comme le fait de voir disparaître de nombreux fils traversant le salon. C'est vers la combinaison de ces deux valeurs ajoutées, VoIP et sans-fil, que s'orientent les efforts des équipementiers, à court terme. Parlant de la "révolution VoIP", Yves Nicolas, vice président d'Inventel en charge de l'activité ADSL, explique ainsi que sa société se concentre aujourd'hui sur "les problématiques de fluidité du service de VoIP mobile".

A plus long terme, la tendance est à la convergence entre les mondes des médias et de l'informatique, et à la création de réseaux domestiques avec des modems qui s'interconnecteront avec les autres équipements du foyer. Les signes de cette révolution sont déjà visibles sur les terminaux multiplay actuels, qui accueillent téléphone, décodeur TV ou encore console de jeu. Wanadoo propose ainsi à ses abonnés la pack Xbox Live, permettant de connecter sa console à la Livebox afin de pouvoir jouer en réseau.

"L'idée, lance Didier Mainard, directeur commercial de Thomson Télécoms, c'est d'être capable de supporter n'importe quel service, n'importe où, sur n'importe quel device. Nous mettons au point des gammes de produits qui puissent se connecter sur les gateways en mode sans fil, avec un grand axe de développement : la portabilité du contenu." A ce petit jeu, des entreprises comme Thomson, présentes sur toute la chaîne de l'image et sur les grands marchés du divertissement et de l'audiovisuel grand public, possèdent une longueur d'avance. Le groupe travaille ainsi à des petits appareils audio ou vidéo qui seraient des satellites du terminal ADSL. "Cette logique nous pousse à intégrer les bonnes fonctionnalités à venir et à obtenir une bonne qualité d'intégration des services ", poursuit Didier Mainard.

"Plus on enrichit, plus il faut que ce soit simple"
L'avenir de l'ADSL pourrait ressembler à un modem à disque dur, à la fois magnétoscope, décodeur et visiophone mobile. Un modem à tout faire, qui modifierait l'univers de concurrence des FAI et les écarterait de la sphère informatique. Avec à la clé de nouveaux besoins, notamment en termes de design et de simplicité d'utilisation. "Plus on enrichit, plus il faut que ce soit simple", résume Géraldine Trippitelli, responsable marketing en charge des offres d'accès grand public chez Tiscali. Services à l'installation et à la configuration, miniaturisation, simplification de la connectique, réflexion sur le design font ainsi partie de la feuille de route des FAI. "Ce type de produit s'installe progressivement au centre de la maison, note Aurélie Defrance, chef de produits terminaux chez AOL. En tant qu'incarnation de nos services, le design du modem doit donc être le reflet de notre identité, et le support de notre différenciation dans les services et les usages".

Multiplicité des fonctionnalités, intégration des services, nouvelle esthétique… FAI et équipementiers travaillent de concert afin de convaincre les consommateurs d'adopter les nouveaux terminaux. Et la problématique à laquelle ils font face est celle du renouvellement. "Il y a plus de 6 millions de lignes DSL, et certainement entre 5 et 5,5 millions de modems DSL de base. A quel rythme vont-ils être remplacés ?", s'interroge Yves Nicolas. Si les internautes craquent pour la VoIP, suivront-ils en masse les prochains sauts technologiques ? Sachant qu'il faudra pour cela acquérir un nouveau terminal, qui ne sera pas forcément subventionné.

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Ce taux de renouvellement dépendra notamment de l'évolutivité des matériels, et de l'évolution du churn. "Le renouvellement est difficile à identifier, souligne Didier Mainard. Une grande partie se fait en churn, le marché du renouvellement pur n'est pas très important". Les FAI ont le choix entre proposer des terminaux évolutifs, ce qui implique faire un pari sur les technologies à venir, afin de conserver leurs abonnés le plus longtemps possible, ou bien favoriser délibérément les nouveaux clients aux dépens des anciens. Des stratégies commerciales bien connues dans les télécoms mobiles.
Raphaële KARAYAN, JDN Sommaire Télécom-Fai
 
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