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Commission zéro : les réponses des voyagistes en ligne
Depuis le 1er avril, Air France ne verse plus de commission aux agences sur la vente de ses billets d'avion. Choix des tarifs, diversification... Face à ce changement, les agences en ligne peaufinent leur stratégie.   (12/04/2005)
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 Opodo
 Vivacances
Après les Etats-Unis, le Canada, le Royaume-Uni et l'Allemagne, c'est au tour de la France de remettre en cause le système des commissions versées par les compagnies aériennes aux agences de voyages sur la vente de billets d'avion. Le premier acte de ce processus s'est joué le 1er avril dernier après plus d'un an de négociations avec Air France. Désormais, plus question pour la première compagnie aérienne de l'Hexagone de reverser aux agences 7 % du montant de chaque billet Air France vendu par elles.

Toutefois, afin de couvrir en partie les frais de traitement et d'édition d'une commande, la compagnie aérienne a proposé une grille de frais de services que pourront facturer les agences à leurs clients en sus du prix de base du billet. Cette grille, qui prévoit différents tarifs en fonction de la nature du canal de distribution (agence, vente à distance et Internet), et selon qu'il s'agit de courts, moyens ou longs courriers, n'est toutefois qu'indicative. Mais elle fixe d'ores et déjà un nouveau cadre concurrentiel, et surtout une nouvelle manière de travailler.

A première vue, selon la grille d'Air France, Internet ressort comme étant le canal de distribution le moins cher pour le consommateur final, avec des frais de services compris entre 5 et 10 euros pour les courts et moyens courriers, contre 20 euros en agence physique, et entre 15 et 20 euros pour les longs courriers contre 30 à 70 euros en agence. Un avantage concurrentiel certain qui peut toutefois s'avérer à double tranchant, dans la mesure où les agences en ligne ne parviendraient pas, avec de tels tarifs, à préserver leur marge.

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 Lastminute
 Pierre Paperon
 eBookers
La plupart des sites d'e-tourisme semble pourtant avoir choisi de prendre ce risque, du moins momentanément, afin d'attirer le plus d'internautes possible vers le Net. En effet, la majorité d'entre elles, parmi lesquelles Opodo, Vivacances, Anyway ou encore Go-Voyages, se sont alignées sur les frais de service les plus bas, à savoir 5 euros pour les courts et moyens courriers et 15 euros pour les longs courriers. Lastminute, pour sa part, a choisi la voie médiane en facturant 7 euros, quel que soit le billet d'avion acheté. "Nous avons choisi de pratiquer des tarifs un peu plus élevés que ceux d'Air France afin de ne pas trop grever nos marges et notre rentabilité, explique Pierre Paperon, directeur général de Lastminute France. Mais par ailleurs, nous avons décidé, pour plus de clarté, de ne pas faire de distinction entre courts, moyens et longs courriers."

A chaque voyagiste sa stratégie : frais plancher, fixes ou variables
Même prudence chez eBookers France, qui a décidé de profiter de cette réforme pour mieux contrôler ses prix. Au lieu de pratiquer des frais de services indifférenciés, l'agence de voyage en ligne a choisi de les faire fluctuer en fonction du coût d'une commande. "Nous disposons d'un outil interne qui nous permet de faire varier les frais de dossier en fonction de la compagnie et des accords que nous avons avec elle, des destinations, de la nature de la contribution d'un vol à nos revenus, ainsi que du canal de vente choisi par l'internaute", indique Laurent Curutchet, directeur général d'eBookers France.

Toutefois, quelle que soit la stratégie tarifaire adoptée par les agences depuis le 1er avril, toutes anticipent une baisse, plus ou moins importante, de leurs revenus liés à la vente de billets d'avion. Go-Voyages, qui réalise 80 % de son chiffre d'affaires sur la billetterie, dont une grande partie sur les vols charters, estime tout de même à 10 % la baisse de ses marges la première année s'il n'y a pas de compensation en volume. En revanche, ce changement de mode de rémunération devrait être moins préjudiciable à Lastminute, pour qui les billets d'avion ne représentent que 25 % du chiffre d'affaires et 10 à 15 % de ses marges.

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 Expedia
 Fabien Bourdier
De ce fait, outre l'automatisation croissante du processus de commande de billets, toutes les agences de voyages en ligne travaillent à faire évoluer leur modèle pour renforcer le poids des produits connexes dans leur chiffre d'affaires. "Le transport devient une commodité dont le coût, en raison de l'apparition des low cost, est de plus en plus tiré vers le bas, explique Fabien Bourdier, directeur général d'Anyway. En tant qu'agent de voyages, nous nous devons aujourd'hui de vendre l'ensemble des produits de ce secteur et de faire en sorte que le client sorte de chez nous avec un caddie plus important qu'avant, quitte à gagner peu d'argent sur certaines prestations comme le transport."

Merchandising et cross- selling : un rôle croissant

Cette logique devrait d'ailleurs se traduire, dans quelques semaines, par le lancement d'une nouvelle version d'Anyway.com. Si les catégories de produits présentes sur le site ne devraient fondamentalement pas évoluer, son merchandising devrait en revanche être totalement revisité, avec pour objectif de favoriser l'achat multiple. Un domaine où Anyway devrait profiter pleinement de l'expérience accumulée par sa société mère, Expedia.

Anyway n'est d'ailleurs pas le seul site à miser sur le cross-selling. Opodo, eBookers et bien sûr Lastminute font de même. "Le cross-selling devient vraiment fondamental, déclare Laurent Curutchet, directeur général d'eBookers. Nous allons d'ailleurs passer d'ici quelques jours à la vitesse supérieure dans ce domaine." L'agence de voyages en ligne s'apprête en effet à lancer une opération de type "package dynamique", associant un vol plus une voiture. Opodo, pour sa part, mise avant tout sur son interface hôtels qu'il a récemment refondue, sur la croissance des ventes de forfaits, sur son moteur de comparaison de prix, mais aussi et surtout sur les packages dynamiques. Tout comme Go-Voyages pour lequel les voyages sur mesure représentent d'ores et déjà 10 % du chiffre d'affaires.

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 Opodo
 Vivacances
Pour diversifier ses revenus, seule Vivacances a choisi de commercialiser une solution de vente de billets d'avion en marque blanche à destination des professionnels. Baptisée "e-vacances", cette offre B2B clés en mains, commercialisée depuis mars 2005 par l'agence de voyages filiale d'Amadeus et de Galeries Lafayette, compte déjà une vingtaine d'utilisateurs et a pour objectif d'accroître de 20 % le volume d'affaires de Vivacances d'ici la fin 2006 (lire l'article du JDN du 6/04/05).

Mais quelle que soit la stratégie adoptée, il est probable que les agences de voyages en ligne soient obligées de l'ajuster dans les prochains mois. Le mouvement est en effet loin d'être stabilisé puisque d'ici l'été, d'autres compagnies aériennes européennes devraient suivre l'exemple d'Air France et supprimer tout ou partie des commissions aériennes.
Anne-Laure BERANGER, JDN Sommaire Tourisme
 
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