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Trois questions à...Thomas Legrain (Coach'Invest) : "Les capitaux-risqueurs européens investissent peu les entreprises technologiques"
Le PDG de la société de conseil en entreprenariat a remis au président du Sénat un rapport intitulé "Mesures visant à améliorer le financement des jeunes entreprises innovantes en France".   (21/07/2005)

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Tremplin Entreprises est un événement co-organisé par le Sénat et l'Essec qui permet à des entrepreneurs sélectionnés par un comité de professionnels du capital-risque et de la création d'entreprise de rencontrer les investisseurs susceptibles de financer leur entreprise. Pour sa septième édition, Christian Poncelet, président du Sénat, a souhaité que les partenaires de l'opération fassent des propositions concrètes visant à améliorer le financement des jeunes entreprises innovantes en France. La rédaction du rapport a été confiée par à Thomas Legrain, PDG de Coach'Invest, société de conseil en entrepreneuriat spécialisée pour les PME. Malgré des avancées importantes ces dernières années, ce dernier note encore de nombreuses zones d'ombres.

JDN. Quelles sont les failles persistantes dans le processus de financement des jeunes entreprises innovantes en France ?
Il existe toujours un premier chaînon manquant du financement de l'innovation : celui qui soutient en amont le passage du stade de laboratoire à celui de la start-up finançable par le capital-risque. Confrontés à l'allongement des cycles d'investissement, à l'accroissement des besoins de financement et à l'absence de valeur accordée par les marchés financiers et les industriels au franchissement de cette étape, les capitaux-risqueurs se sont concentrés sur l'étape suivante de développement qui consiste en la transformation d'un projet industriellement ou commercialement validé en une société profitable à forte croissance. Un second chaînon manquant est celui de la Bourse qui permet la sortie en aval des capitaux-risqueurs. L'échec des IPO de sociétés telles que Immuno-Designed Molecules (IDM) ou Urogène démontre un manque d'attractivité de la place financière de Paris dû en grande partie à une prise en compte insuffisante des spécificités des jeunes entreprises innovantes. A cet égard, la place financière de Londres apparaît comme un lieu privilégié avec un marché dédié aux valeurs moyennes, l'Alternative Investment Market (AIM). A titre de comparaison, l'AIM a accueilli plus de 200 sociétés en 2004 alors que les marchés d'Euronext Paris destinés à la cotation de valeurs moyennes, à savoir le Second marché, le nouveau Marché et le Marché libre, n'ont accueilli que 21 sociétés sur la même période.

Est-ce la raison pour laquelle les jeunes sociétés high-tech se tournent de plus en plus vers des fonds d'investissements anglo-saxons ? [Lire les articles du 12/07/05 et du 18/07/05]
Compte tenu du manque d'appétence des marchés financiers français pour les jeunes entreprises innovantes, les investisseurs en capital-risque sont amenés à peu investir sur les entreprises technologiques comparativement aux fonds anglo-saxons. Là où les capitaux-risqueurs américains se concentrent massivement sur les technologies, destinataires de 85 % de leurs investissements en valeur, les Européens privilégient de manière générale des secteurs plus traditionnels, les entreprises technologiques ne recevant que 29 % de leurs investissements. Donc, en l'absence de fonds suffisamment importants permettant d'accompagner l'émergence de grandes entreprises leaders dans leur secteur et compte tenu de la difficulté des sorties en Bourse sur la place financière de Paris, de grands fonds anglo-saxons ou de grandes entreprises américaines prennent fréquemment le relais de capitaux-risqueurs français et rachètent les jeunes entreprises innovantes françaises et européennes les plus performantes. L'exemple de Kelkoo, racheté par Yahoo, est typique.

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Quelles sont les mesures préconisées par le rapport ?
Elles tournent autour de six principaux axes : drainer davantage l'épargne, notamment celle des ménages, vers les jeunes entreprises innovantes ; inciter les patrimoines privés les plus importants à rester en France et à contribuer au développement des jeunes entreprises innovantes ; renforcer les dispositifs permettant de développer le financement de la validation industrielle ou commerciale ; encourager le développement des marchés financiers dédiés aux entreprises innovantes en créant un statut de Jeune Entreprise Innovante Cotée (JEIC) qui offrirait des incitations fiscales aux investisseurs ; favoriser la mise en place d'un Small Business Act [Loi américaine d'aide en faveur des PME, ndlr] en France et en Europe ; et encourager la cession de technologies par des grandes entreprises, ce qui donnerait aux jeunes entreprises innovantes une crédibilité par rapport aux banques avec l'assurance d'un certain niveau et d'une régularité de chiffre d'affaires.
 
 
Emilie LEVEQUE, JDN JDN Finance
 
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