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«La success story de Kelkoo» (3/3) – 2004 : les négociations avec Yahoo
«Ils ont réussi leur start-up !», paru en octobre dernier, relate l'histoire de Kelkoo depuis sa création jusqu'à son rachat par Yahoo. Morceaux choisis.   (09/11/2005)
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Ils ont réussi leur start-up !, par Julien Codorniou et Cyrille de Lasteyrie, Editions Village Mondial, 2005, 250 p., 17 euros
Dans leur ouvrage paru en octobre 2005, "Ils ont réussi leur start-up !", Julien Cordoniou et Cyrille de Lasteyrie relatent une des principales success stories du Web français : celle de Kelkoo, depuis la création de la société par trois chercheurs en informatique grenoblois jusqu'à son rachat par Yahoo. Le JDN en publie les bonnes feuilles. Troisième et dernier extrait : en février 2004 débute l'audit effectué par Yahoo en vue de la fusion-acquisition, tandis que le management hésite encore entre la Bourse et le rachat industriel.

  «La success story de Kelkoo»    
     La naissance d'une marque (1/3)
     2001 : tentative d'IPO et Plan Bouddha (2/3)

La fin des due diligences et le début des négociations

A
Paris, les due diligences durent plus longtemps que prévu. Annoncées comme partantes au bout de dix jours, les équipes de fusions-acquisitions de Yahoo! restent en réalité plus d'un mois. Le système de reporting développé par Christophe Odin est si perfectionné qu'il permet tous les matins d'obtenir le relevé des statistiques et des résultats de la veille. En cette période exceptionnelle, le nombre de leads vendus aux marchands ne cesse de croître, ce qui fait dire par Jean-Fabrice Mathieu aux troupes de Yahoo! : "Prenez votre temps, chaque jour qui passe est bon pour nous." Mais Yahoo! en veut toujours plus.

Les Américains se noient dans l'information. Une fois les premières équipes satisfaites, seuls les auditeurs restent sur place pour poursuivre leurs dernières investigations, moins statutaires. Enfin, un troisième round de due diligence est entamé pour obtenir les déclarations de garanties : inventaire de tous les risques pouvant peser sur les finances de la société. C'est une étape très importante de la due diligence : une provision sous-estimée ou un risque oublié peuvent véritablement casser le processus de vente. "Je savais qu'il n'y avait pas de squelettes dans le placard, confie Pedro Mendoza, mais nous avions été si vite depuis 1999… Nous ne pouvions pas tout contrôler et nous n'étions pas à l'abri d'un dommage collatéral oublié en route. Finalement, les types de Yahoo! n'ont rien trouvé. Le contrôle fiscal que nous avons eu au lendemain de la vente l'a confirmé : ils n'ont rien trouvé non plus !" Parallèlement, les avocats des deux parties commencent les discussions sur le contrat d'acquisition. Dans la grande salle de réunion de Skadden, les avocats de Yahoo!, les jours et les nuits s'enchaînent pendant deux longues semaines de négociations non-stop. Chaque ligne du contrat d'acquisition est vue et revue et chaque terme fait l'objet d'âpres négociations.

D'un côté, Dominique Vidal, Michel Dahan, Samira Friggeri, Lucas d'Orgeval et Jon Harry. De l'autre, Yahoo! et ses avocats.

"Le premier jour des négociations, les cinq personnes représentant Yahoo! se sont assises en face de nous. Jusque-là, le schéma était classique : chaque partie se faisait face, les discussions pouvaient commencer. Mais ce qui nous a surpris, c'est qu'ils avaient chacun leur ordinateur portable ouvert en face d'eux et n'arrêtaient pas de pianoter dessus. Et puis, toute les minutes ou deux, un petit 'bip' sortait de l'un des ordinateurs !", se souvient Lucas d'Orgeval. Ce scénario se reproduit le deuxième jour, puis le troisième, et ainsi de suite… "C'était inexplicable, explique Samira Friggeri, ils pianotaient sur leurs ordinateurs pendant que nous négociions le contrat d'acquisition !"

Les représentants de Yahoo étaient branchés sur Messenger
En réalité, les représentants de Yahoo! étaient branchés sur Messenger et dialoguaient en direct avec les équipes de Californie pour s'échanger des commentaires ou des instructions sur la façon de conduire les négociations… En parallèle, nos cinq négociateurs high-tech pouvaient, en silence, se distribuer les rôles dans le jeu des négociations. "Très fort ! avoue Lucas, cela donnait un avantage incontestable dans la stratégie de négociation".

Le rythme est intense, mais très souvent les équipes de Yahoo! à Paris sont obligées d'interrompre les discussions pour faire un point téléphonique avec le siège de Sunnyvale en Californie. Elles disparaissent parfois de longues heures en plein milieu de la nuit, laissant en plan Dominique, Samira, Lucas et les autres… qui, en déambulant dans la salle de réunion, finissent par découvrir, cachée dans un placard, une large télévision 16/9e branchée sur le câble ! "Une fois passées en revue les 15 chaînes auxquelles le cabinet Skadden est abonné, c'est à dire CNN, LCI, Euronews, bref rien de très excitant… et lassés par l'attente, nous avons reconfiguré l'abonnement du cabinet d'avocats à Canal Satellite pour y inclure deux ou trois chaînes habituellement destinées à des salons privés d'un autre genre. On évacuait la pression comme on pouvait", ironise Lucas D'Orgeval.

Après les différentes due diligences financières, technologiques et juridiques, Yahoo! revient vers Kelkoo avec une proposition autour de 435 millions d'euros, soit presque le double des indications initiales et 15 fois l'Ebitda prévu en 2004.

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 Julien Codorniou
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435 millions d'euros, trois milliards de francs, soit dix fois le chiffre d'affaires et plus de trente fois le résultat net de Kelkoo en 2003. Des ratios de valorisation courants aux États-Unis, mais quasiment jamais constatés en Europe, encore moins depuis l'explosion de la bulle. Pour mettre la main sur Kelkoo, Yahoo! est prêt à payer un prix "américain", et en espèces. Depuis le retournement opéré par Terry Semel*, Yahoo! est devenue une véritable machine à cash, aux ambitions illimitées. Le montant proposé peut sembler faramineux, mais il ne représente que trois mois de cash pour Yahoo! : très raisonnable pour s'offrir le leader européen du shopping en ligne.

  «La success story de Kelkoo»    
     La naissance d'une marque (1/3)

     2001 : tentative d'IPO et Plan Bouddha (2/3)


* Terry Semel, ancien patron des studios Warner, est arrivé chez Yahoo! fin 2000 pour sauver la société d'une faillite quasi certaine, explosion de la bulle oblige. En moins de deux ans, il a transformé Yahoo! en un véritable groupe de médias mondial, ultrarentable de surcroît.
Rédaction JDN & JDN Solutions Sommaire Le Net
 
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