Le 2 décembre dernier, la société spécialisée
dans la vente de produits high tech et audiovisuel Nomatica
a été placée en redressement judiciaire
par le tribunal de commerce de Toulouse. Une situation quelque
peu étonnante au regard des performances de la société
tout début 2003. A l'époque, Nomatica affichait
un chiffre d'affaires en hausse de 145 % par rapport à
2002, et surtout, un résultat net bénéficiaire
de 73.713 euros.
Evolution
de l'activité de Nomatica.com
(en euros) |
Exercice |
Chiffre
d'affaires |
Résultat
net |
2005
(prévisions) |
71.000.000 |
NC |
31.03.2004 |
54.916.000 |
-
1.385.000 |
31.03.2003
|
29.629.437 |
+
73.713 |
31.03.2002 |
12.104.174 |
+
46.862 |
Du
28.01.00 au 31.03.01 |
3.217.310 |
-
43.480 |
Source
: Nomatica, 2005 |
Pourtant,
en l'espace d'un an, sa situation s'est rapidement détériorée.
En mars 2004, malgré un chiffre d'affaires en forte hausse
puisqu'il progresse de 85 %, la société toulousaine
accuse une perte de 1,385 million d'euros. En cause, une guerre
des prix intense qui a quelque peu rogné les résultats
de la société en fin d'année et le coût
excessif de l'externalisation de son centre d'appels. Un coup
dur, que Nomatica ne parvient malheureusement pas à redresser.
Si en 2005, son chiffre d'affaires ressort toujours en hausse,
aux environ de 71 millions d'euros, sa perte continue de se
creuser. "Notre perte sur l'exercice 2004-2005 a été
supérieure à celle de 2003. Nous étions
surdimensionnés par rapport à la croissance du
marché, explique Christophe Cornuejols, PDG de Nomatica.
Alors qu'en 2003-2004, le marché de la photo numérique
progressait de 80 % selon l'institut GFK, il s'est totalement
écrasé en 2004-2005, avec une croissance de seulement
10 %. Or, malgré notre diversification vers la vidéo,
les plasma et les produits high tech en général,
la photo numérique représente encore 60 %
de notre chiffre d'affaires. Nous avons donc subi de plein fouet
la contraction du marché."
"Nous
avons souffert d'une capitalisation insuffisante" |
Parallèlement, la concurrence et la course à la
croissance font rage sur le secteur high tech. L'enjeu :
devenir un acteur incontournable pour pouvoir négocier
des conditions d'achat favorables et conforter ses marges. Handicapée
par ses pertes, Nomatica ne peut dégager sufisamment
de trésorerie pour financer à la fois les dépenses
marketing nécessaires pour faire face à la concurrence
et constituer des stocks suffisamment importants. "Nous
avons souffert d'une capitalisation insuffisante, admet Christophe
Cornuejols. Les 3 millions d'euros que nous avions levés
en mars 2003 auprès de Turesnnes Capital Partenaires
et Dassault Développement n'ont pas suffit pour nous
dégager de cette mauvaise passe." Quant aux efforts
de recapitalisation engagés par le PDG de Nomatica tout
au long de l'année 2005, ils n'ont pas abouti.
Pourtant, Nomatica n'a pas ménagé ses efforts
pour assainir ses comptes. De 170 personnes en septembre 2004
(140 en France et 30 au Royaume-Uni), la société
est passée à 60 personnes un an plus tard. En
même temps, son point mort est passé de 9,5 millions
d'euros par mois, à 3,5 millions d'euros et ses marges
ainsi que son panier moyen ont très légèrement
progressé. Mais en l'absence de trésorerie, difficile
de constituer des stocks suffisants pour répondre à
la demande. Résultat, le chiffre d'affaires s'effondre.
De fait, en novembre dernier, Nomatica décide, de sa
propre initiative, de se placer en cessation de paiement. Placée
en redressement judiciaire pendant une période de six
mois, Christophe Cornuejols souhaite désormais trouver
rapidement un repreneur. De préférence un industriel....
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