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Web et mobile se partagent les miettes du Mondial
Les droits de diffusion de la Coupe du Monde sont extrêmement réglementés sur le Net et sur mobile : pas de vidéo en direct, des résumés n'excédant pas 4 minutes... Des contraintes qui ouvrent la voie au piratage.   (02/06/2006)
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Dossier Sport en ligne
Internet serait-il le parent pauvre de la Coupe du Monde ? A voir les possibilités offertes aux sites en matière de droit de retransmission par la FIFA, on peut le penser. Cette année encore, il sera impossible de suivre les exploits de Zidane, Ronaldinho et autres Beckham en direct et en vidéo sur le Web. Le privilège est réservé aux chaînes de télévision, uniquement sur le petit écran. Les "nouveaux écrans", ordinateur et téléphone portable, devront se contenter des miettes. Et gare à ceux qui voudraient enfreindre les lois.

Des expériences, plutôt satisfaisantes, ont pourtant déjà eu lieu sur la retransmission d'évènements sportifs en direct. France Télévisions, notamment, propose depuis l'an dernier, la retransmission payante de Roland-Garros et du Tour de France. Mais pas question, pour l'évènement sportif le plus médiatisé de la planète, avec les Jeux Olympiques, de bénéficier du même régime. La gestion des droits a été confiée par la Fédération internationale à la société suisse Infront Sports & Media. Celles-ci les a ensuite redistribués au plus offrant, pays par pays et/ou média par média.

Pour le Net, c'est Yahoo qui a raflé la mise. C'était déjà le cas il y a quatre ans, puisque les droits sur Internet avaient été mis en jeu fin 2001 et concernaient un package pour la Coupe du Monde 2002 et celle de cette année. "La FIFA avait alors retenu notre expertise sur le Net, ainsi que notre large audience puisque sur le milliard d'internautes dans le monde, 500 millions fréquentent Yahoo, affirme Patrick Hoffstetter, directeur des services et produits Yahoo. De plus, nous sommes un acteur mondial, présent sur de nombreux marchés." Certes, mais, comme le disent les responsables du portail eux-mêmes, Yahoo n'a pas vocation à diffuser les matches en direct. Ce qui règle un problème pour la FIFA et les chaînes de télévision.

Le cahier des charges imposé à Yahoo est d'ailleurs très strict. Il consiste d'abord à gérer intégralement le site officiel de la Coupe du Monde, de la technique à l'intégration du contenu, en passant par la monétisation du site, via sa régie publicitaire. En tant que partenaire officiel, Yahoo dispose également d'un accord marketing pour couvrir l'évènement sur Yahoo Sports. Enfin, le portail détient l'intégralité des droits Web, ainsi qu'un accès à un ensemble de services mobiles (jeux, logos, sonneries, alertes SMS).

"Aucun intérêt à diffuser les matches sur Internet en France"
Concrètement, cela se traduira par des résumés vidéo de trois minutes pour chaque match, sur Yahoo et sur le site de la Coupe du Monde, la diffusion exclusive des contenus produits par la FIFA et un suivi des matches en texte et photo. Des contraintes qui n'inquiètent pas outre mesure le détenteur exclusif des droits Internet. "En France, de toute manière, nous ne voyons pas trop l'intérêt de diffuser les matches en direct, explique Patrick Hoffstetter. Les fans de foot les regarderont chez eux ou dans un bar et, cette année, il n'y a pas de décalage horaire."

Les autres sites d'information ne pourront pas diffuser de vidéo et devront faire attention à l'exploitation des photos en ligne : ils devront attendre deux heures après le coup de sifflet final d'un match pour pouvoir les diffuser. Seul TF1 a réussi à grapiller quelques images, en négociant en dernière minute des droits vidéo. Ils concernent la "diffusion d'extraits de matches sur Internet, pour une durée allant jusqu'à quatre minutes, dès le coup de sifflet final de chaque rencontre." TF1.fr et Eurosport.fr devraient profiter de cette opportunité pour proposer des résumés vidéo.

Le prix des droits sur mobile 100 fois inférieur à la TV
Sur le mobile, les droits français ont été remportés par SFR en octobre 2005. "Pour un montant raisonnable", a précisé Jean-Marc Tassetto, directeur marketing de SFR lors de la présentation du dispositif Coupe du Monde de l'opérateur. Le rapport avec les droits TV serait de l'ordre de 1 à 100, sachant que TF1 a déboursé 100 millions d'euros pour diffuser les 24 meilleurs matches du Mondial à la télévision.

SFR dispose donc de l'intégralité des droits vidéo de ce nouveau support (la télévision sur mobile n'était pas encore lancée lors de la dernière Coupe du Monde), sauf, une fois encore, la possibilité de retransmettre les matches en direct. Pire : alors qu'il est possible, en temps normal, de regarder n'importe quelle chaîne de télévision sur son téléphone portable à partir du moment où elle est présente sur le bouquet de son opérateur, la diffusion sera coupée, entre le 9 juin et le 9 juillet, lorsque cette chaîne diffusera un match. Ce qui concerne surtout... Orange, qui propose M6 sur son bouquet, chaîne qui diffusera 31 matches à la télévision. "Nous sommes respectueux des ayants droit, affirme-t-on chez Orange, nous nous y conformerons donc. Sinon, ce serait du piratage."

Le dispositif proposé par SFR sur mobile est donc proche de celui mis en place par Yahoo sur Internet. Les abonnés 3G de l'opérateur (1,5 million aujourd'hui) auront accès aux vidéos des buts, à des résumés vidéo des matches de trois minutes, ainsi qu'à des flashes d'information de 5 à 6 minutes actualisés trois fois par jour. Sans compter les contenus liés à l'équipe de France, qui entrent dans le cadre du contrat liant SFR à la Fédération Française de Football (chroniques, vidéos des Bleus, etc.), et les autres programmes gravitant autour du phénomène Coupe du Monde (sketches, services communautaires...)

La porte ouverte au piratage
Ailleurs, chez ceux qui n'ont pas réussi à obtenir les droits, on doit faire preuve d'ingéniosité pour couvrir la compétition. Orange, par exemple, proposera un système d'alertes par SMS, avec les buts et les informations concernant une équipe en particulier. La plupart des sites Web devront se contenter de comptes-rendus "texte" en quasi-direct et d'interviews, elles-mêmes très surveillées. Certains n'ont toutefois pas encore complètement abdiqué et continuent de négocier (Newsweb, par exemple, qui édite Sports.fr et Football.fr) avec les ayants droit, pour tenter d'arracher des morceaux de vidéo.

L'absence de live vidéo fait toutefois surgir un problème : le piratage. Il y a quelques semaines, déjà, un site proposant des liens vers des logiciels peer-to-peer qui permettent de regarder la télévision sur Internet (Live-foot), avait été assigné en justice par l'UEFA (Union européenne de football association) et avait dû retirer les liens délictueux. D'autres sites proposent aujourd'hui la même chose et ils devraient se multiplier durant la compétition, au vu de leur succès croissant.

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Le respect des droits figure d'ailleurs dans le cahier des charges de Yahoo, missionné par la FIFA pour faire la police sur le Web. "Nous sommes vigilants sur nos propres droits et sur ceux de la FIFA, affirme Patrick Hoffstetter. Il y a déjà eu des actions, concernant notamment certains de nos concurrents qui ne respectaient pas les règles du jeu." Mais le petit jeu pourrait se compliquer lorsqu'il s'agira de poursuivre des sites moins visibles ou hébergés à l'étranger. De nouveaux casse-têtes juridiques en perspective...
Nicolas RAULINE, JDN Sommaire Le Net
 
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