Paris tenu : Spartoo a bien ouvert ses portes sur le Web
le 16 août à 14 heures, comme le site l'annonçait depuis
fin juin. "Notre premier objectif consistait à être prêts en
temps et en heure pour cette date de lancement, afin de tenir
notre engagement auprès des marques et des investisseurs qui
nous ont fait confiance", explique Philippe Wargnier, président
de Spartoo. Après un premier tour de table qui s'est bouclé
mi-juillet, puis un second qui doit être réalisé début septembre,
le cybermarchand de chaussures est en passe de lever au total
1,2 million d'euros auprès d'investisseurs privés pour
assurer son lancement. Si pour l'heure le catalogue paraît encore
un peu vide, le site doit s'enrichir et offrir une trentaine
de marques d'ici la fin du mois. L'objectif à un an : disposer
d'environ 80 des plus grandes marques de chaussures.
Ce projet est porté par trois jeunes ingénieurs qui terminaient
leur année de Mastère Entrepreneurs à HEC et auquel Philippe
Wargnier, ancien directeur général de Go Sport, s'est associé
en début d'année. "Tous trois m'ont contacté au cours de l'été
2005, au moment où je quittais Go Sport. L'idée a fait son chemin
et tout début 2006, au lieu me contenter d'accompagner ces entrepreneurs,
j'ai choisi de me lancer pleinement dans ce projet". Si tous
se sont laissés notamment séduire par les chiffres de croissance
qu'enregistre le site Zappos.com outre-Atlantique, le concept
de Spartoo est loin d'être une simple déclinaison du modèle
américain. Une approche qui se devait d'autant plus originale,
que le champ jusque là relativement libre de la vente de chaussures
en ligne en France a vu les initiatives se multiplier au cours
de 2005, via les lancements successifs de La Botte Chantilly,
de Demazières et de Sarenza (lire l'article
du 07/11/05), suivis de l'ouverture de Batashop en juin
dernier (lire l'article
du 16/06/06).
Avec un
objectif de 80 marques présentes au catalogue, Spartoo privilégie
une démarche sélective, a contrario de Zappos qui distribue
près de 400 marques. En revanche, le cybermarchand mise sur
la profondeur du catalogue en ligne. "Souvent les distributeurs
de chaussures dans l'univers physique se concentrent sur les
20 % de chaussures, sur lesquels ils réalisent 80 % de
leur chiffre d'affaires. Sur Spartoo, nous comptons proposer
des références les plus originales et les moins faciles à trouver
dans le monde physique", précise Philippe Wargnier. Et ce sur
une gamme de modèles les plus récents et les plus tendances,
dans des univers divers proposant de la chaussure de randonnée
à la tong de plage.
Pour aider le client à trouver chaussure à son pied, le nouveau
site propose des entrées dans le catalogue en fonction de différents
styles, comme "Chic Chic", "Urban Jungle" ou "Aloha", sur un
mode relativement ludique, en ligne avec sa cible de clientèle
qui principalement celle des 16-35 ans. Des univers dans lesquels
des accessoires comme un sac à dos, un portefeuille, ou une
casquette assortis seront progressivement ajoutés pour créer
un ensemble cohérent. Pour lever le frein de l'achat en ligne
de chaussures, Spartoo mise également sur la visualisation des
modèles sous toutes leurs coutures et même en 3D. D'ici peu,
un outil d'intelligence artificielle baptisé SmartSize permettra
également de réaliser des correspondances de pointures entre
toutes les marques pour rassurer le consommateur et limiter
les retours. Des reprises que le cybermarchand prend d'ailleurs
complètement à sa charge, frais de livraison compris.
Un
outil marketing pour les marques via un extranet et de
la marque blanche |
Si d'un côté Spartoo vise à répondre aux attentes spécifiques
de l'internaute, son modèle se présente également comme un outil
commercial particulier pour les marques. "Nous souhaitons devenir
la vitrine des marques de chaussures sur Internet, affirme Philippe
Wargnier. Nous offrons notamment un espace dans lequel chaque
marque peut s'exprimer comme elle le souhaite, car nous leur
offrons les commandes." En effet, via un accès extranet, la
marque peut modifier les prix, le discours, les textes. Spartoo
est prêt à pousser ce partenariat avec les marques un cran plus
loin en proposant gratuitement dès septembre, sa technologie
développée en interne, en marque blanche. Cette offre permettra
aux marques de tester le e-commerce et de disposer d'une boutique
personnalisée à leurs couleurs, sans devoir réaliser des investissements
importants.
Bien que pragmatiques, les co-fondateurs voient relativement
loin pour Spartoo qui tire son nom de l'antique sandale des
Spartiates et qui s'est accolé les fameux deux "o", pour se
placer dans la lignée des plus grands acteurs du Web. A l'heure
actuelle, la vente de chaussures en ligne représente 0,5 %
d'un marché qui pèse 8 milliards d'euros en France, et de l'ordre
de 55 milliards d'euros en Europe, selon le président de Spartoo.
D'ici deux ans, Internet pourrait représenter 6 à 7 % du
marché total, sur lequel le nouvel acteur espère alors s'accaparer
15 à 20 % de parts de marché. Spartoo table sur un chiffre
d'affaires de 100 millions d'euros d'ici 2 à 4 ans.
Pour assurer le lancement, le président a opté pour le e-marketing
afin de piloter ses investissements, et les ajuster en fonction
des premiers retours. L'objectif étant de ne pas se trouver
en rupture de stock, car dans le monde de la chaussure, le réassort
n'est quasiment pas possible. D'où des investissements en référencement
naturel, en achat de mots clés, et via un programme d'affiliation.
Mais cela n'empêchera pas le cybermarchand d'inaugurer de l'affiliation
dans les blogs, ainsi qu'auprès des particuliers. D'ici la fin
de l'année, un espace privé du nom de Spartoo Addics proposera
à une communauté de membres des série limitées de 100 exemplaires
en France, ou des modèles personnalisés par un artiste, des
chaussures "collector". A la fin du premier semestre
2007, Spartoo envisage une expansion du site en Europe et le
développement de la publicité en off-line, ce qui devrait faire
l'objet d'une nouvelle levée de fonds. |