Si la vente de CiteFibre n'est pas une surprise, l'identité de l'acquéreur est en revanche plus inattendue. Depuis l'échec
de son introduction sur le Marché Libre d'Euronext Paris en
décembre 2005, l'opérateur privé de fibre optique était en recherche
de nouveaux financements (lire l'article
de juillet 2006). Mais, alors que la rumeur favorisait Neuf Cegetel - coutumier des opérations
de croissance externe pour renforcer ses parts de marché -,
c'est finalement le groupe Iliad qui remporte la mise. Cette
acquisition confirme à ses détracteurs la volonté de la maison
mère de Free d'investir dans le déploiement de la fibre optique
à domicile, mais laisse flotter le doute quant à l'état d'avancement
de ce projet.
Le 11 septembre dernier, Free annonçait le déploiement d'un
réseau de fibre optique pour connecter en très haut débit les
foyers de Paris, dès le premier semestre 2007, puis de quelques
villes des Hauts-de-seine et de trois grandes villes françaises
(lire l'article
du 11/09/2006). Objectif annoncé : couvrir intégralement
Paris sous deux ans. Le rachat de CitéFibre permet au FAI
de tenir sa première promesse.
Créé en
octobre 2004, l'opérateur privé de fibre optique a commencé
à déployer son réseau en février 2005, suite à la signature
d'une convention avec la Mairie de Paris pour l'occupation du
domaine public, notamment des égouts de la capitale par lesquels
passe la fibre. CitéFibre a lancé ses premières offres à destination
des particuliers en mai 2005 et compte aujourd'hui plus de 500
clients, dans le 15ème arrondissement de Paris (point de lancement
annoncé par Free pour la fibre). En outre, précise le communiqué
de presse du groupe Iliad, CitéFibre possède un réseau en fibre
optique long de 3.000 kilomètres qui couvrent déjà 130 bâtiments
(représentant 4.000 foyers raccordables), et est titulaire à
ce jour d'autorisations lui permettant de raccorder 4.000 foyers
supplémentaires.
Plusieurs
milliers de clients éligibles à la Freeboxo |
Soit plusieurs milliers de foyers auxquels Free ne devrait pas
manquer de proposer dès que possible sa nouvelle Freebox
optique (nom de code "Freeboxo"), fournissant les services identiques
à la Freebox v.5 (accès Internet, VoIP et TV HD sur ADSL) avec
un débit de l'ordre de 50 Mbits/s. Le tout pour 29,90 euros,
soit pour les clients actuels de CitéFibre une économie de 10
à 30 euros par mois. Même si aujourd'hui, "aucune
stratégie commerciale n'a encore été établie",
précise Dominique Lancrenon, ancien président
du directoire de CitéFibre.
Techniquement, la solution déployée jusqu'à ce jour par CitéFibre
est la même que celle choisie par Free, à savoir le FTTH et
le point à point Ethernet. Une technologie bien adaptée à l'environnement
parisien, et qui est sans limite pour augmenter le débit
par la suite. Concrètement, chaque abonné dispose de sa fibre
optique à domicile et est relié directement au noeud de raccordement
optique. Les compétences acquises par CitéFibre en matière de
câblage vertical des immeubles constituent une première
synergie que Free devrait vite exploiter.
Le montant de cette acquisition n'a pas été communiqué. "Sans
rapport avec la capitalisation boursière de CitéFibre, ce montant
n'a aucun impact significatif sur le compte de résultat, sur
le bilan ou sur le tableau de flux de trésorerie d'Iliad", précise
le communiqué du groupe.
CitéFibre a été créé avec un capital initial de 826.361 euros,
puis a réalisé en janvier 2005 une levée de fonds d'amorçage
de 3,5 millions d'euros auprès de Nicominvest, le fonds d'investissement
privé spécialisé dans les télécoms d'Alain Nicolazzi. En décembre
2005, CitéFibre cédait un peu moins de 1 %
de son capital, soit exactement 3.132 actions
au prix unitaire de 16 euros. Soit un flottant initial de 50.000
euros. L'opérateur visait une levée de 20 millions
d'euros, mais les négociations avec les investisseurs qualifiés
n'ont pas abouti (lire l'article
du 21/12/2005). Depuis, la société était
en négociation avec des capital-risqueurs français
et internationaux, sans plus de succès. "Au final,
il nous a paru logique de conclure un partenariat industriel
pour faire entrer notre développement dans une phase
industrielle", explique Dominique Lancrenon.
Avant l'annonce du rachat, Nicominvest détenait 59 % du
capital de CitéFibre, le reste étant réparti à 30 % entre
les fondateurs, et 11 % entre les membres du directoire
et l'équipe de management. Désormais, Iliad possède 99,51 %
du capital de la société (les 0,49 % d'actions restantes
correspondent au flottant sur le Marché Libre). Les dirigeants
et fondateurs de CitéFibre - Arnaud Desbains, ancien collaborateur de WorldCom
France, Stéphane Goerlinger, ex Omnicom, Gustavo Vainstein,
ex Lyonnaise Communications (Noos), et Dominique Lancrenon -,
ainsi que les employés de CitéFibre, soit 25 personnes
au total, devraient tous intégrer les effectifs d'Iliad,
précise Dominique Lancrenon. |