Quel bilan dressez vous de cette année ?
Loïc Le Moaligou : Dans un contexte
économique plutôt morose, Houra tire bien son épingle
du jeu : + 10 % de croissance en chiffre
d'affaires, une bonne amélioration de la qualité
et donc de plus en plus de clients satisfaits par
le service.
Selon
les tableaux
comparatifs du Journal du Net, vous n'avez pas
communiqué votre chiffre d'affaires, ni vos résultats
depuis l'année 2000. En 2000, Houra a perdu 29 millions
d'euros pour un chiffre d'affaires de 14,5 millions.
Etes-vous en phase d'accroissement ou de réduction
de vos pertes, et quand prévoyez-vous d'atteindre
l'équilibre ?
Très nette diminution des pertes en 2003.
Houra vise l'équilibre pour l'année prochaine.
Quels sont vos prévisions de chiffre d'affaires
pour 2003 ?
+ 10 % par rapport 2002. Le
chiffre d'affaires en valeur reste une donnée secrète
de la profession.
Que pensez-vous de la concurrence actuellement dans
votre secteur ? On a l'impression que ça dort...
Je ne partage pas forcément cet avis.
Ils innovent et nous suivons ça de près... Disons
que Houra est plus éveillé !
Houra a dépensé 2 millions d'euros en campagnes
publicitaires offline en 2003. Quels sont les retours
en terme de nouveaux clients ou de volume de commandes ?
Et quels sont vos projets pour 2004 ?
L'investissement était de 1 et non 2
millions d'euros. La campagne a généré une croissance
de 20 % du nombre de commandes par rapport
à la même période en 2002.
Quel média recrute le mieux aujourd'hui pour Houra
(on et offline) ?
Ca fait partie des secrets de fabrication...
Disons qu'en offline, c'est le parrainage (merci
au passage à nos clients prescripteurs de Houra),
en online, le référencement.
Dans un univers aussi
concurrentiel que le vôtre, de quels outils
disposez vous pour fidéliser vos clients et sur
un plan général, qu'est ce qui vous différencie
de vos confrères ?
La premier axe de fidélisation est la
qualité de service, c'est-à-dire commande conforme
et livraison ponctuelle. Une fois ce contrat rempli,
il est envisageable de récompenser la fidélité par
des offres ce que nous sommes en train de préparer.
Concernant les différences avec nos concurrents,
je vais manquer de place ;-). Il y en a trois principales.
D'abord, le choix, dix fois plus important sur Houra
que sur les autres cybermarché. Ensuite, le service.
Sur Houra, il n'y a aucune limite de commande, vous
achetez chaque article dans les quantités que vous
souhaitez. Enfin, le forfait de livraison proposé
qui est le plus économique du marché.
Vous parlez de secret sur le niveau de chiffre d'affaires
dans la profession, or les chiffres d'affaires de
2002 de vos trois concurrents sont dans les tableaux
du JDN. Vous ne pouvez pas nous en dire plus
? (au moins sur 2002)
Désolé, rien sur 2002 ni sur 2003 en
terme de chiffres, je me ferais gronder par notre
actionnaire.
L'étude du JDN "le
panier comparatif des cybermarchés" (confirmé
par une étude de linéaires.com), indique que vous
êtes plus chers que vos trois concurrents directs.
Ne pensez-vous pas que cette stratégie peut vous
nuire à moyen terme ?
Au risque d'être un peu direct, cette
étude ne traduisait pas la réalité. Nous avons relevé
très récemment les prix de plus de 10.000 articles
à la concurrence, Houra n'est pas plus cher que
ses concurrents directs et est moins cher que les
supermarchés de centre ville.
Les frais de livraison
restent très élevés chez les cybermarchés par rapport
à d'autres enseignes comme La Redoute ou Picard.
Pensez-vous que ces coûts vont continuer à augmenter
ou vont-ils à terme rejoindre des tarifs plus raisonnables ?
La Redoute livre 2 a 3 articles par commande,
et ce, sans rendez vous. Les cybermarchés proposent
une prestation complète de préparation de commande,
de contrôle, d'emballage puis une livraison
à domicile sur rendez-vous. Le tarif proposé n'est
qu'une petite partie des coups réels. Aujourd'hui,
il n'est pas prévu d'augmentation ni de baisse de
tarif mais une offre récompensant la fidélité devrait
rapidement voir le jour.
Quelles sont les synergies entre Cora et Houra ?
La première concerne les achats.
Houra bénéficie des services de la centrale d'achat
du groupe Cora. La deuxième concerne l'expertise
de la grande distribution et sur ce sujet, Cora
nous apporte tous les jours.
Cela fait trois ans que
les cybermarchés annoncent l'équilibre financier
pour l'année suivante. Comment expliquez vous cela ?
Au lancement de Houra (janvier 2000),
nous visions un équilibre en 2003. Nous avons reculé
d'un an mais, au regard des investissements, la
période ne semble pas déraisonnable. Soyez patient !
Pour régler le problème
du coût du dernier kilomètre + étendre la
couverture géographique de Cora + être présent sur
des magasin de proximité, n'envisagez-vous pas de
vous appuyer sur le cybermarché pour implanter des
magasins d'un nouveau style (alliant self-service
avec automate + personnel d'accueil + commande interactive)
?
Ce projet n'est pas prévu.
Les cybermarchés en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis
semblent en meilleur santé qu'en France. Pourquoi
ce décalage ?
Les cybermarchés français sont en bonne
santé. Je n'ai pas d'infos précises sur les Etats-Unis
où le marché est très différent. En Grande
Bretagne, le succès de Tesco est indéniable, sans
doute dû à la densité de l'implantation de
son réseau de magasins et aux synergies déployées
avec celui-ci.
Y a-t-il une évolution en terme de profil de cibles,
de panier moyen et de type d'achat ?
En terme de profil, il n'y a pas ou presque
pas d'évolution depuis 2000. Les clients de Houra
sont toujours très majoritairement des femmes actives
urbaines avec deux ou trois enfants. Le panier moyen
connaît d'année en année une belle progression,
sans doute due à la confiance acquise avec le temps.
Concernant le type d'achat, plus les clients sont
familiers avec Houra, plus ils s'orientent vers
des produits impliquants (haut de gamme, produits
non alimentaires ...).
Combien faites-vous de livraisons par jour ?
Et combien livrez-vous de clients par tournée ?
Le nombre de livraison par jour n'a pas
de sens car dans une même semaine, entre un lundi
et un jeudi, ce nombre peut varier de un à quatre.
Disons que le nombre de livraison varie de 500 à
1.500 par jour. Un livreur peut servir quatre clients
par heure et sa tournée dure en moyenne six heures.
Qui sont vos livreurs ?
Quelle(s) société(s) ?
Nos livreurs sont ceux de différentes
sociétés de livraison avec lesquelles nous avons
un contrat et un cahier des charges très précis.
Quand aux noms de ces sociétés, je les garde pour
moi.
De quelle flotte
de camions disposez-vous pour la distribution ?
Il y a différents types (marque, modèle)
de camionnettes et je ne peux malheureusement pas
vous les communiquer, je ne les connais pas !
A ce jour, quel est l'effectif
de houra.fr ?
150 collaborateurs.
Comptez-vous recruter
au cours de l'année 2004 ?
Oui, nous recherchons des télé-conseillers
pour le service clients, des préparateurs de commande
et tout profil "rare" qui nous permettrait d'innover.
Allez-vous continuer
le non-alimentaire ?
Oui, et développer encore plus certaines
gammes comme la puériculture, le petit électroménager,
les articles pour la maison...
Utilisez-vous les nouvelles
technologies dans les entrepôts d'Houra ? Comme
le Wi-Fi ?
Le Wi-Fi non, d'autres oui mais je ne
suis pas la bonne personne pour vous en parler.
Pourquoi l'offre de viande
est-elle si maigre (sans jeu de mots) ?
Disons alors un peu courte. Nous ne pouvons
pas proposer de viande à la coupe comme chez votre
boucher. Nous ne pouvons proposer que dans la viande
pré-emballée (de très bonne qualité néanmoins) et
il n'y a pas beaucoup de fournisseurs ni de références
sur ce créneau.
Comptez-vous ouvrir une gamme surgelée qui
à mon sens manque cruellement dans la gamme de houra.f ?
Le surgelé est très compliqué a livrer
et cette gamme fragiliserait l'équation économique
de notre modèle (chambre en froid négatif, camionnettes
spéciales ...) ce que nous ne souhaitons pas. Il
y a de supers spécialistes comme Picard et votre
diététicien vous recommanderait très certainement
de consommer des produits frais plutôt que des surgelés.
Que devient la chaîne
Voyage de Houra ouverte il y a un an ? Ça
marche ?
Non, le test n'a pas été concluant et
nous n'avons pas lancé cette offre voyage.
Vous ne donnez pas le
chiffre d'affaires mais le panier moyen ? Les
produits les plus vendus ?
Les produits les plus vendus sont : l'eau
en pack de douze (je ne cite pas de marque), les
jus d'orange, les packs de couche, les barils de
lessive, etc. Et comme sur Houra, les quantités
ne sont pas limitées, croyez moi, on en vend !
Le chiffre d'affaires du non-alimentaire ?
+/- 10 % du chiffre d'affaires
total hors période type rentrée des classes et Noël.
Pensez-vous
réduire encore vos zones de livraison, notamment
en province ?
Non, nous sommes sur le bon périmètre.
A
quand des réouvertures en province ?
Peut être dès lors que les fournisseurs
d'accès Internet auront conquis suffisamment d'internautes
dans ces départements.
Quel
est votre parcours professionnel ?
Où suis je passé avant Houra ?
Quatre ans chez Bouygues Télécom, un an chez Noos
et chez Houra depuis cinq ans.
Ne
pensez-vous pas que le retard et la lenteur du déploiement
des moyens informatiques en France, l'ADSL par exemple,
nuit grandement à votre développement ?
Si, mais le retard est en train de se
combler. Mais il est vrai que notre croissance est
assez directement liée à la pénétration du haut
débit grand-public.
Le
téléachat sur ADSL, cela pourrait-il intéresser
Houra ?
Pourquoi pas, il faut réfléchir à l'intérêt
pour les clients avant de faire plaisir avec la
technologie.
Pourquoi
"Houra" ?
Pourquoi pas ! Quand nous avons
cherché un nom, nous souhaitions une marque simple,
courte (facile à saisir sur un clavier) et sympa
à entendre. Enfin, nous souhaitions éviter les connotations
Internet sur type @ ou autre online. En cherchant
un peu, Houra est né. Vous n'aimez pas ?
Que
devient Pierre Bourriez ? Il a quitté la société ?
Non,
Pierre est toujours notre PDG. Il est également
depuis un an DG de l'enseigne Cora.
Selon
vous, la grande distribution traditionnelle vous
considère-t-elle comme un concurrent ?
Je ne pense pas, ils sont trop gros.
Cependant, nous leur volons tous les jours des clients
et plus auprès de certaines enseignes.
Vous
ne donnez pas le nombre de commandes par jour, pouvez-vous
nous donner celui pour une semaine. Par exemple
la semaine dernière ?
On tourne en rond. Allez, entre 5.000
et 7.000 livraisons.
Fnac.com
a un site i-mode. Avez-vous des projets sur le m-commerce ?
Faire ses courses sur Internet depuis
un mobile, c'est-à-dire naviguer sur un site
pour trouver les soixante produits qu'il vous faut
parmi une offre de 50.000 produits, ça relèverait
de l'exploit ! En l'état, je n'y crois pas
beaucoup.
Pour vous, parmi les quatre cybermarchés, il reste
qui dans deux ans ?
Houra, c'est sûr et les trois autres
je l'espère du fond du coeur.
Est-ce
qu'un système d'alerte ciblées de type confirmation
de commande, promotions... sous la forme d'une technologie
"Push" discontinue intéresse Houra.fr et si oui,
est-ce à l'ordre du jour ?
Confirmer
par exemple un rendez-vous de livraison ou le départ
de la commande par SMS, oui, ça peut être intéressant.
Après, c'est un juste équilibre à trouver entre
rendre un service et être intrusif.
Quels
sont les produits que vous ne pourrez jamais vendre
en ligne ? (en dehors du tabac, des armes et
de la drogue naturellement)
L'essence, le X, le parfum sélectif,
les bijoux par exemple.
Quel
est le montant de votre salaire ?
Ma rémunération est de l'ordre de 20
à 30 euros par heure. Et en ce moment (forte activité
commerciale due à la fin d'année + budget 2004 donc
beaucoup de travail), c'est plus proche des 20 que
des 30.
Pourquoi
choisissez-vous de vendre vos produits par lots ?
Parce que les clients achètent les produits
concernés par deux ou trois, donc nous avons choisi
de leur faciliter la tâche en mettant au point ces
lots. Cependant, tous les produits proposés en lots
le sont également à l'unité. Pour cela, cliquez
sur la photo puis sur le lien "choisir ce produit
dans un autre conditionnement" et vous pourrez
acheter ce produit à l'unité.
Faut-il
donner un pourboire aux livreurs ?
A vous de voir s'il a été aimable et
serviable mais il n'y a aucune d'obligation.
Houra
en 2004, quelles nouveautés ?
Nouveaux services sur le site
(encore trop tôt pour en parler), nouvelles gammes
(peut-être du poisson), nouvelles offres notamment
pour récompenser les plus fidèles d'entre vous.
Pensez-vous
que Tesco va débarquer en France ? Ou tout
autre nouveau concurrent ?
Aucune info du côté de Tesco. Quant
à d'autres concurrents, ça me parait difficile sans
affiliation à une centrale d'achat.
Le
graphisme de votre site ne bouge pas pourquoi ?
Il bouge tous les jours, c'est un souci
quotidien mais peut être ne vous plait-il pas. Envoyez-nous
vos suggestions.
Pourriez-vous
imaginer une case location DVD sur Houra.fr ?
Pourquoi pas. Nous venons d'ailleurs
de mettre en ligne une gamme de DVD et K7 pour enfants
(dessins animés) vu le succès rencontré avec les
livres premier âge.
Combien
de clients (au moins une commande par an) avez-vous
?
Environ 150.000 clients dont un tiers
commande régulièrement, un tiers plus occasionnellement
et un dernier tiers qui ne commande plus.
Les
plus grosses fraudes dont vous ayez été victimes ?
En un seul coup, lecteur DVD + appareil
photo numérique + lecteur MP3 payés avec une carte
volée, mais l'intéressé est sous les verrous.
Vous
ne vendrez jamais de X sur Houra.fr. Mais vous ne
serez jamais rentable alors ?
Possible que le X se vende bien mais
nous y arriverons sans.
Vous
testez souvent vos concurrents ?
Ça arrive, deux à trois fois par
an.
Quelles
expériences surveillez-vous de près à l'étranger ?
Tesco.com est la principale.
Continuez-vous
à faire vos courses dans un hypermarché ?
Très honnêtement, je n'ai plus mis un
pied (ni ma femme) dans un hypermarché depuis janvier
2000.
Houa,
ça représente combien dans le chiffre d'affaires
de Cora?
Une goutte d'eau !
Pourquoi
tout le monde dans le secteur cite toujours Tesco ?
Parce qu'en Europe, il n'y a pas beaucoup
d'autres succes stories comme celle de Tesco et
au passage, la France est le pays le plus dynamique
dans ce secteur.
Votre
"coup" marketing avec le produit "godemichet", est-ce
de vous ?
Soyons précis, il s'agissait de vibromasseur.
Je revendique une partie de la paternité de cette
anecdote, puisque ayant analysé dans les logs du
moteur de recherche que dix à vingt personnes cherchaient
depuis deux ans chaque semaine ce produit, il serait
amusant de leur proposer une réponse décalée. Quand
à la propagation de l'info sur Internet, elle s'est
fait toute seule (et vite). Mais les logs du moteur
de recherche nous permettent d'identifier bien d'autres
demandes plus sérieuses.
Loïc Le Moaligou : Merci, c'était un
plaisir, à bientôt !