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"Gestion
de Contenus en Ligne", par Jean-Baptiste
Tréboul, 230 pages, 24 euros, Editions
Dunod.
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Les
remarques de Nouredine Abboud sont très justes. Mais,
hélas, pas toujours mises en pratique... Elles se fondent
sur une observation très fine des pratiques en entreprises
et des leurres qui les attendent en matière de gestion
de contenus en ligne.
Le
contenu en ligne sur les sites de marque se heurte à
un problème très simple : il n'est pas toujours "Internet"
(un rythme propre qui laisse le choix de le consommer
en survol ou de façon approfondie), ni "interactif"
(suscitant le dialogue sur des bases claires et saines).
Et surtout, dernier point, d'une règle des trois "i",
dont je ne suis pas l'auteur, il est loin d'être toujours
"intéressant", c'est-à-dire tourné vers les attentes
réellement exprimées par les internautes. Avouez
que c'est tout de même assez (voire très) embêtant.
Les
"entreprises média" (jolie formule certes, mais laissez
moi rire...) ne diffusent pas des contenus pour intéresser
les internautes mais d'abord pour diffuser leur parole
officielle, c'est-à-dire ce qui est le plus simple et
le plus habituel à faire. Normal, on connaît en général
mieux son métier et ses produits que ses clients, surtout
quand il s'agit d'internautes. Le discours plutôt que
le dialogue donc.
Dans
une entreprise de marque, être responsable de la diffusion
des contenus est une source d'ennuis à peu près assurée.
Toutes les collaborateurs de l'entreprise qui savent
lire voir pensent savoir écrire se sentent investis
d'une mission de la première importance consistant à
modifier l'ordonnancement des virgules et des adverbes,
tout en coupant les ailes au stylo rouge (virtuel au
besoin sur Word) de toute formule, idée ou information
un tant soi peu originale. J'allais dire "intéressante".
Il
faut donc beaucoup de courage, voire de témérité ou
d'inconscience au choix pour se préoccuper d'abord
du lecteur lambda au détriment du relecteur hiérarchique.
Et comme faire valider en interne prend beaucoup de
temps et d'énergie, il n'en reste pas toujours pour
créer des contenus utiles et intéressants. Alors que
cela devrait être précisément le but. Mais est-ce vraiment
nouveau qu'une entreprise gère ses priorités internes
avant celles de ces clients ? A sotte question, point
de réponse disait la grand-mère de l'actuel président
de la république
Seulement
voilà : c'est toute la différence avec les vrais
médias qui, en général, écrivent pour leurs lecteurs.
Ils en vivent, contrairement aux entreprises qui vendent
des produits ou services composés d'informations certes.
Et l'on se rend compte alors que c'est un vrai métier,
il ne suffit pas malheureusement d'écrire pour être
lu (ce serait trop beau, remarquez...).
Tableau
noir que je dresse pour les entreprises et leurs contenus
me direz-vous. Pas vraiment en fait. D'abord parce qu'il
existe des entreprises qui ont décidé d'investir intelligemment
dans le contenu en ligne, qui prennent le temps d'apprendre
et qui n'en font pas une montagne. Il suffit de lire
le voyazine de la SNCF pour constater que l'on y trouve
des rubriques, des infos, des idées plus intéressantes
et agréables que dans la grande majorité des magazines
de voyage. En un mot il est légitime.
Ce
n'est pas un exemple isolé. Malheureusement. Quand les
grandes entreprises seront vraiment des entreprises
média, elles auront terminé d'apprendre leur métier
aux journalistes, qui eux aussi ne rechignent pas toujours
à écrire pour leurs amis, leurs confrères ou leur rédac
chef plutôt que pour les lecteurs qui les font vivre.
Un partout. Balle au centre.
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