Avec
l'arrivée d'Internet, de nombreuses marques se sont
lancées à corps perdu dans la production de contenu
à destination des internautes. Telle marque de boisson
proposait le magazine de la musique et du sport, telle
chaîne de supermarchés vous disait où sortir le soir
dans votre quartier
On est allé jusqu'à dire qu'Internet,
c'est du contenu (sic), et que donc toute marque doit
proposer du contenu à ses consommateurs pour les faire
venir sur son site.
Après
que le coup d'arrêt global porté à Internet ait calmé
ce mouvement, on est aujourd'hui de nouveau dans une
phase d'expansion. Se pose donc vivement la question
de savoir dans quelle mesure les marques doivent proposer
du contenu aux internautes sur leur site. Le contexte
est optimal pour relativiser cette idée qu'il était
difficile de critiquer à une époque où l'on entendait
un peu tout et n'importe quoi sur ce média.
Trêve
de suspens. Sur Internet comme ailleurs, les marques
correspondent d'abord à des entreprises et des business-model
: toute marque qui n'est pas un média, en se lançant
dans la production de contenu sur Internet, se retrouve
aux limites de son business-model. Elle a peu de chances
de réussir à concilier contenu intéressant ET rentabilité
économique. Et ce n'est pas Internet, ni le recours
à une agence, qui change la spécificité du business-model
des médias.
Trois
postulats
Pour comprendre cela, il suffit de relativiser trois
postulats qui sous-tendent certains errements :
- Sur Internet, le contenu
est moins cher. Oui, il n'y a pas de frais
d'impression, de distribution
Mais si l'on tient compte
des frais de rédaction, de mise en page ou des droits,
un bon contenu coûte plutôt cher à produire !
- Les marques peuvent être
des repères sur Internet. Certes les marques
offline sont souvent plus anciennes que l'Internet,
mais le fait qu'elles soient connues ne veut pas dire
qu'elles sont légitimes.
- Un site Internet avec du
contenu, c'est un consumer-mag,
et les consumer-mags s'avèrent efficaces.
Le succès des consumer-mags est souvent lié à un contexte
où la cible est captive (chez son coiffeur, dans l'avion,
dans une chaîne de fast-food
) ou encore à l'emploi
d'une approche Push (envoi postal), alors que sur Internet
le lecteur est à un click du contenu des sites médias,
même lorsqu'il ouvre son mail, et que les sites obéissent
à des logiques Pull.
Mais
alors, que peut-on faire ? Toutes les actions de marketing
relationnel qui s'appuient sur le territoire de marque
pour proposer un contenu aux internautes sont-elles
vouées à l'échec ? Non, bien sûr, mais un traitement
au cas par cas s'impose. Il suffit d'avoir en permanence
en tête la capacité ou non à faire effet de levier sur
le business-model de l'entreprise pour produire ledit
contenu de manière rentable. Et s'appuyer lorsque ce
n'est pas possible sur les partenaires traditionnels
des marques : les médias !
Deux
cas de figure.
Cas de figure n°1.
Le contenu est directement lié au savoir-faire de l'entreprise.
Par exemple, une marque de cosmétique qui propose un
point de vue sur l'évolution de l'esthétique féminine.
Là, évidemment, pas de souci, foncez, et n'hésitez pas
à travailler avec une agence pour vous apporter le regard
extérieur et les compétences rédactionnelles éventuellement
nécessaires.
Cas de figure n°2.
Le contenu n'est pas lié au savoir-faire de l'entreprise,
mais celle-ci à tout intérêt à jouir d'une relation
de proximité avec ce contenu. Par exemple, une marque
de soda et la musique. Là, reposez vous sur les bonnes
vieilles recettes du marketing : sponsoring, partenariats,
achat d'espace
Apportez l'argent, les autres s'occuperont
du contenu. En plus, vous aurez bonne conscience, c'est
ce qui fait vivre les médias et certains événements
culturels. Et travaillez éventuellement avec une agence
pour mettre tout ça en musique.
J'en
vois déjà qui doivent trouver cela dommage. En effet,
les théories abondent sur les marques médias d'une nouvelle
ère où le consommateur aurait perdu tout sens critique.
Mais richesse du territoire de marque ne rime pas nécessairement
avec extension improbable de celui-ci. Enfin, rassurez-vous,
ce n'est pas parce que tous les délires ne sont pas
permis
que c'est moins intéressant. Et ça évite les
lendemains de fête difficiles.
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