Lecteurs-supports-annonceurs :
avec Internet, jamais le trio magique des médias n'aura
été aussi étroitement associé dans le temps et dans
l'espace : échanges immédiats et réactifs, campagnes
rapides et monitorées avec une précision extrême, éditorial
et créations publicitaires se partageant un écran commun
de 17 pouces...
Mais
jusqu'ici, le chemin sur Internet de ce trio est plutôt
chaotique. Pourquoi ? Les premiers pas de la publicité
en ligne ont été trop brusques et trop déséquilibrés.
Premier acte : trop de publicité, trop vite, sur trop
de supports, ont donné un médiocre résultat ou en tous
cas peu lisible pour les annonceurs. Deuxième acte :
trop d'espace pour pas passez d'annonceurs : des prix
écrasés, des équations économiques absurdes, des supports
peu motivés à jouer la carte de la qualité... Et coté
lecteur ? En phase 1, il a été inutilement agressé.
En phase 2, il a été régulièrement déçu.
Comment,
très concrètement, recoller les morceaux et reprendre
la voie d'une efficacité commune ? Revenons à trois
règles simples :
Règle
1 : Respectons le lecteur
Le
client final est roi pour l'annonceur comme pour le
support : la gratuité du média ne présuppose pas que
l'on peut infliger tout et n'importe quoi au consommateur.
C'est bien lui qui, au final, validera la qualité des
supports et "jouera" -ou pas- avec les créations et
les offres publicitaires qui lui sont proposées. Donc
:
Limitons les formats intrusifs.
Les lecteurs veulent bien être surpris mais ils doivent
l'être à bon escient, sans que cela nuise à la qualité
de sa visite. Les pop-pup, les pop-under, les Flash
transparents trop longs sont à proscrire, ou du moins
à user avec grande modération et souvent une créativité
améliorée.
Resserrons
le capping.
A quoi bon infliger une énième fois une création à un
internaute qui l'a déjà visionnée ? La suivante n'en
aura que davantage d'efficacité. A quoi bon infliger
plusieurs fois un format dit "intrusif" au lecteur ?
Le capping qui permet de restreindre les expositions
des créations publicitaires (et d'améliorer, au passage,
le taux de clic des campagnes) est justement là pour
ça. C'est une des forces de la publicité sur Internet.
Servons-nous en.
Evitons
les pièges à clic. L'approche
quantitative du taux de clic génère des aberrations
créatives : moteurs de recherche factices, messages
trompeurs sont autant de dérives à proscrire. Posons-nous
simplement la question : est-ce que je recherche, moi
annonceur, le lecteur qui aurait cliqué sur cette création-là
?
Identifions
la nature des messages. Le lecteur doit
savoir si le message adressé est d'ordre éditorial ou
publicitaire. Identifions correctement et lisiblement
la publicité éditoriale.
Respectons
les contraintes de l'usabilité.
Intégrons les codes existant aux créations ; un
pop-up doit par exemple pouvoir être fermé avec un lien
texte explicite ("Fermer cette fenêtre") et souligné,
placé à un endroit évident de la création (en haut et
à droite de préférence). Même principe pour un Flash
transparent
Règle
2 : Respectons l'annonceur
Sur
Internet, chaque campagne d'un annonceur peut être sur
mesure : sans jouer la complexité pour le plaisir,
les formats, les supports, les genres, les cibles, la
durée peuvent être modulables et adaptés. C'est une
des richesses fondamentales de ce média. L'annonceur
doit, de plus, pouvoir choisir en toutes transparence
les meilleures offres et les meilleurs supports en fonction
de ses propres besoins. Donc :
Ne
promettons pas la lune.
Les éditeurs ont le plus souvent une très bonne connaissance
du comportement de leurs lecteurs et de leur audience.
Ne promettons pas des taux de clic inconsidérés ou des
volumes hors d'atteinte. Jouons carte sur table, cela
évite les déceptions et les malentendus qui pénalisent
l'ensemble du média Internet.
Produisons
des reportings "intelligibles".
Chaque campagne en ligne peut donner lieu à des kyrielles
de chiffres : leur accumulation ne rend pas grand
service à l'annonceur. Identifions en amont les quelques
critères clés cohérents avec les objectifs visés et
assurons leur communication suivie et commentée. Une
campagne d'importance peut donner lieu aussi à des études
d'impact, même sommaires. C'est facile à organiser et
souvent pertinent.
Utilisons
des chiffres adaptés, lisibles et communs.
Les normes comparatives de l'audience Internet se mettent
progressivement en place : les annonceurs doivent
pouvoir bénéficier de chiffres cohérents et adaptés,
là aussi, à leurs objectifs de campagne. Le visiteur
unique plutôt que le nombre d'affichages pour des campagnes
d'image par exemple. Des mesures permettent par ailleurs
de vérifier si un internaute exposé à une campagne,
même s'il n'a pas cliqué, s'est rendu sur le site de
l'annonceur ultérieurement. Ce type d'analyse permet
de mesurer l'impact d'une campagne au-delà de l'instant
et du simple clic. Les annonceurs devraient pouvoir
juger les sites supports sur leurs performances dans
ce domaine qui prend en compte l'impact de leurs visuels
et l'affinité des cibles touchées.
Des
approches qualitatives.
L'annonceur n'achète pas des internautes à la pelle
: il souhaite des cibles qualifiées et attentives sur
des supports crédibles bénéficiant d'une réelle affinité.
Améliorons toujours et en permanence la qualité de nos
produits en ligne. Soyons à l'écoute des demandes et
proposons des campagnes adaptées.
Varions
notre offre.
La palette de formats proposés est déjà vaste. Il n'y
a aucune raison pour qu'elle ne continue pas à évoluer
tant que la lisibilité et le respect du lecteur sont
assurés. D'autant que l'effet de surprise est un des
facteurs-clés de réussite d'une campagne en ligne. Associons-nous
en amont pour proposer des solutions nouvelles, de façon
ponctuelle ou permanente.
Limitons
nos emplacements.
La multiplication des formats publicitaires sur une
même page ne se justifiera pas toujours, en tous cas
pas à tous les niveaux de l'arborescence d'un site.
Si la page d'accueil, par nature multimodale, doit pouvoir
accueillir plusieurs annonceurs, les pages de fond d'arborescence
devraient pouvoir être libérées pour un unique message.
Offrons
leurs les meilleurs ciblages.
Les supports doivent pouvoir, grâce à leur contenu contextuel
ou à des outils de tracking, permettre aux créations
des annonceurs d'aller au plus près de la cible visée.
Règle
3 : Respectons le support
Pas
de bonne campagne sans bon support. La nouveauté du
média, la multiplicité des genres, des positionnements
et des modèles rend une approche globale inappropriée.
Apprenons à mieux connaître les sites supports, à prendre
en compte leur expertise et leurs contraintes.
Testons
les créations.
Les créations publicitaires sont des éléments exogènes
souvent techniquement sophistiqués. Les agences de création
doivent livrer des éléments testés et validés pour l'ensemble
des utilisateurs d'un site : fournir des créations
inadaptées (qui ne sont pas supportées par les versions
de Flash inférieures à 6.0 par exemple) nuit gravement
à l'accessibilité des supports et pénalise ces derniers
aux yeux des visiteurs.
Soumettons
les créations aux supports avant leur mise en ligne.
Les miracles du "redirect" permettent aux agences d'adresser
la création qu'ils veulent sur le site support sans
que celui-ci en soit informé, tant que le format correspond
à l'emplacement réservé. Comme si on pouvait changer
à distance la quatrième de couverture du magazine que
vous tenez dans les mains. Cette fonctionnalité extrêmement
pratique remet en cause le droit de regard de l'éditeur
sur la nature des messages qu'il supporte, avec tous
les risques de dérive que cela comporte. De plus, les
supports ont souvent un avis très pertinent sur le type
de création la plus adaptée à leur lectorat ou sur les
créations qui pourraient nuire à l'image de l'annonceur.
Ecoutons-les.
Différencions
les sites, comprenons les modèles.
Tous les sites ne se valent pas. Qu'ils soient des services
fonctionnels (PA, marchands), des moteurs de recherche,
des portails d'accès ou des sites éditoriaux, leurs
lectorats ont des comportement différents qu'il convient
de prendre en compte. Les différentes parties d'un même
site elles-mêmes peuvent correspondre à des usages différents.
Apprenons à mieux connaître les sites supports en les
consultant régulièrement, en s'abonnant à leurs newsletters,
en testant leurs produits. C'est comme cela que l'on
peut juger de l'affinité de leurs utilisateurs ou que
l'on peut affiner au mieux ses demandes et ses campagnes.
Les modèles économiques sont aussi et souvent différents
: comprenons-les pour savoir ce qu'il est possible de
proposer et d'obtenir comme modèle tarifaire ou niveau
de prix.
Méfions-nous
du quantitatif.
La puissance est séduisante quand on regarde les chiffres
mais le retour sur investissement est-il au rendez-vous ?
Si on ne raisonne qu'en affichages et qu'en CPM, un
support très qualifié à audience limitée prend le risque
de saturer son audience avec une campagne massive quand
un site avec des audiences élevées peut, lui, à l'inverse
diluer une campagne s'il ne la cible pas précisément.
La qualification du site, son nombre de visiteurs uniques,
le temps de lecture par visite et par page, la récurrence
des visites sont autant d'éléments qualitatifs à prendre
en compte dans son plan média.
Ces
16 principes, parmi d'autres, ne peuvent tous être appliqués
mécaniquement et doivent être appréciés en fonction
de leurs propres équilibres. Ils doivent aussi être
reconsidérés régulièrement : rien ne bouge aussi vite
que ce média émergent aux potentialités fantastiques
qu'est Internet.
Mais
si nous, annonceurs, agences et supports, ne voulons
pas casser ce fantastique potentiel, si nous voulons
satisfaire au mieux nos lecteurs consommateurs, veillons
à ce que chacun de nous, dans la bonne humeur et de
façon positive, respecte chacune des parties en présence.
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