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Les entrepreneurs les plus efficaces
1. Michel Meyer / Multimania (lire)
2. Orianne Garcia / Caramail

Orianne Garcia a fondé avec quatre amis ce qui est aujourd'hui le premier site de mails gratuits de l'Internet français. Son principal concurrent? Un certain Microsoft.

A côté des mails que l'on reçoit par son fournisseur d'accès et que l'on peut consulter sur sa propre machine, les services de mail gratuit, utilisables de n'importe quel ordinateur connecté dans le monde, font un tabac. Le leader mondial Hotmail -devenue propriété de Microsoft- compte plus de 50 millions d'abonnés et la plupart des portails ont intégré ce service, à commencer par Yahoo et Voila. Face à ces géants, Caramail mène en France la course en tête: le site revendique plus d'un million d'abonnés début septembre dont 40% d'actifs (qui se sont connectés au moins une fois au cours des 30 derniers jours), tandis que ses grands concurrents taisent pour le moment leurs chiffres dans l'Hexagone. Caramail connaît une croissance impressionnante, avec 100.000 abonnés de plus par mois -moins en été- et une audience qui, de 5 millions de pages vues début 1999, a progressé à 22 millions en avril, 33 millions en mai, 42 millions en juin et 50 millions en août.

Couvrir l'ensemble des moyens de communication
Début août, Caramail a ajouté le "pager-chat", qui permet à l'utilisateur de savoir quels sont ses contacts connectés simultanément sur le site. Après l'e-mail, les forums, les "chats", le site proposera d'ici Noël des outils de "bureau portable", des fonctions d'agenda partagé et de carnet d'adresses interfacé avec les logiciels courants du type Outlook. Début 2000, suivra la messagerie via les téléphones portables et Palm Pilot. "Notre stratégie n'est pas celle des portails dans la mesure où nous ne portons pas nos efforts sur le contenu, explique Orianne Garcia, directrice générale de Caramail. Nous développons une panoplie d'outils de communication et cherchons à fixer sur le site nos utilisateurs le plus longtemps possible grâce à ces outils". Caramail met l'accent sur le recrutement. "Gagner de l'argent ne viendra qu'en deuxième temps, nous devons d'abord consolider notre position de leader". Pour toute l'année en cours, l'entreprise investit 2 millions de francs en publicité, essentiellement hors ligne: dans la presse informatique et Internet ainsi que le Cahier Multimédia de Libération. Des campagnes sur des sites éditoriaux vont débuter.
Objectif: 1,4 million d'abonnés fin 1999, 2,5 millions fin 2000.

Partenariats marchands pour jeunes abonnés
Le site demande lors de l'inscription d'entrer un certain nombre de données personnelles (métier, région, statut marital, âge, centres d'intérêt, niveau de revenus -les deux tiers ne remplissent pas cette rubrique facultative- etc.), mais ne procède à aucune location de fichiers ni n'envoie de spams à ses abonnés. Le seul usage fait de la base de données est publicitaire, grâce au ciblage affiné. La société entretient d'excellentes relations avec la Cnil - "ils sont très ouverts et demandeurs d'explications pour avoir une bonne compréhension technique; on peut par exemple leur montrer que les cookies ne sont pas forcément un mal". Fin juin, Caramail s'est mis à la vente aux enchères (1.300 articles en vente ces jours-ci), et après le libraire BOL cherche d'autres partenaires marchands. "Notre but n'est pas l'affiliation de base, précise Orianne Garcia, mais d'offrir des privilèges à nos abonnés, avec des offres spéciales ou des réductions, des frais de port offerts, etc. Les premières étapes d'achats doivent se faire avec des frames: nous ne voulons pas que nos utilisateurs, parmi lesquels il y a de nombreux débutants, se retrouvent perdus sur d'autres sites, ce qui ne serait bon ni pour nous ni pour le marchand".

A l'origine, cinq amis
"Quatre ingénieurs et une ingénieuse", selon la formule souriante d'Orianne Garcia. C'est de là qu'est né le futur Caramail. Les quatre étaient des centraliens: deux avaient créé une SSII, As/Tech, deux autres une société de formation en bureautique, Forlog. La cinquième, pure littéraire, après khâgne et une maîtrise de lettres, a travaillé comme formatrice chez Forlog et écrit deux livres sur Word. Amis de longue date -certains depuis l'école primaire-, tous partagent alors les mêmes locaux. Ils pratiquent dès ses débuts Internet, et commencent à visiter régulièrement de nouveaux sites, pour le plaisir. "Je téléchargeais des photos du Rocky Horror Picture Show", se souvient Orianne Garcia. En novembre 95, les cinq amis créent ensemble le moteur de recherche Lokace. "Nous n'avions pas les moyens de faire un annuaire. Notre technologie était bonne, avec peu de moyens -deux PC à 20.000 francs-, mais nous avons fait l'erreur de garder des activités partielles à côté  et de ne pas investir assez de temps dans Lokace. Si bien que Nomade et Yahoo sont pu nous distancer". Le 1er octobre 1997, apparaît sur le site l'e-mail gratuit Caramail. "Un service fidélisant, dont le succès de Hotmail, qui n'avait pas encore été racheté par Microsoft, nous montrait le potentiel. Cette fois nous avons beaucoup communiqué, et le service a très bien marché". Début 1998, l'heure est à la recherche de capitaux pour soutenir la croissance. Infonie cherchait de son côté un outil de recherche francophone, et finit par reprendre "pour 8 à 10 millions de francs en actions" Lokace. Caramail est constitué en société distincte, reprenant la seule activité de messagerie gratuite. L'option d'achat de 15% qu'avait Infonie dans Caramail n'a pas été exercée. Devenue autonome après une transition, Caramail emploie maintenant 18 personnes. Et prépare d'ici fin 1999 une levée de fonds auprès d'investisseurs, en dessous de 50% du capital.

Jouets pour chien, Austin Powers et France 3 Consommatrice en ligne, Orianne Garcia est une cliente fidèle de DogToys pour le plus grand plaisir de son cocker Nemesis, qui de croquettes en balle-gadget à rebonds irréguliers profite de l'efficacité du marketing américain, "remarquable". Elle achète un peu de tout, des vidéos de la série "Friends" sur la boutique de Canal Jimmy, "tout ce qu'on ne peut pas trouver ailleurs, comme les goodies Austin Powers: le rideau de douche, le kit de fête, les costumes". Hors achats, la directrice générale de Caramail connaît bien aussi le site de l'émission "3x+ Net" (prononcer: "trois fois plus net"), qu'elle coprésente tous les dimanches matins sur France 3 avec Florian Gazan, après avoir commencé comme "simple" invitée de l'émission. Déjà star?

[Thierry Noisette, JDNet]


Start-ups/Le gagnant :

Michel Meyer
était il y a cinq ans programmeur dans une start-up de la Silicon Valley. Il est aujourd'hui à la tête du troisième site français par l'audience et emploie 35 personnes. Un succès qui a l'imprimatur des investisseurs.


 
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