INTERVIEW
 
15/10/2007

Marc Simoncini (Meetic) : "Nous allons monétiser notre audience"

Lancement d'un réseau social, production de contenus, le fondateur de Meetic révèle le futur visage du groupe. Il revient aussi sur la partie d'échecs qu'il livre avec Match.com pour le bouter hors d'Europe.
  Envoyer Imprimer  

 
Marc Simoncini
 
 

PDG de Meetic
 

A quel stade de son développement en est Meetic ?

Nous avons réalisés la première phase. Meetic est déjà présent dans les 20 pays où nous avions le plus de chance de percer et Meetic est devenu le leader de la rencontre en Europe. Nous sommes actuellement dans la seconde phase de notre plan de développement. Celle de la segmentation de l'offre et de l'extension du mobile. Segmentation de l'offre avec Ulteem, un site destiné aux plus de 35/40 ans, Meetic pour la tranche d'âge inférieure, Cleargay pour les homosexuels, et bientôt Peexme pour cibler les jeunes.

Le troisième stade sera la monétisation de notre audience qui est de 10 millions de visiteurs uniques en Europe, selon Comscore. Et pour cela, nous allons devenir producteurs de contenus.



C'est-à-dire ?

La publicité ne représente que 2 % de nos revenus alors que notre inventaire publicitaire sera de 15 milliards de pages sur les 12 prochains mois. Pour développer nos revenus publicitaires, nous allons donc produire nous même du contenu. Nous le ferons tout d'abord à destination des femmes. En France, 50 % de nos membres sont des femmes. Certes, notre audience féminine est quatre fois moindre que celle d'Auféminin, mais nos membres féminins voient 6 fois plus de pages et se connectent 3 fois plus souvent. En outre, Auféminin a été racheté par un grand groupe…



Qu'est-ce que Peexme ?

Je ne pas donner encore beaucoup de détails. Mais il s'agit d'un mixe entre un réseau social, un site de jeux, et un site de rencontres. Il sera destiné aux jeunes qui voudront se faire des amis. Une version bêta sortira d'ici la fin de l'année. Je ne sais pas encore exactement comment nous nous rémunèrerons. Peut être avec de l'abonnement, si nous y arrivons, de la publicité, ou des revenus mobiles. Nous avons tous les outils pour monétiser ce modèle, il faudra nous adapter.



Ne craignez-vous pas qu'il soit coûteux pour vous de développer plusieurs marques en parallèle ?

Pas forcément. Les premiers inscrits à nos nouveaux sites sont des internautes déjà présents sur Meetic et qui sont réorientés vers un service qui leur correspond mieux. Par exemple, nous avons déjà le trafic pour Peexme, puisque 25 % des gens qui s'inscrivent à Meetic sont des jeunes. Ensuite, quand il y a suffisamment de membres, il devient rentable d'investir sur la marque. Là où ça devient compliqué, c'est de faire vivre 3 sites, donc 3 modèles dans plusieurs pays.


"Match est puissant aux UK, nous allons donc y mettre le paquet !"

Quelle est la part de l'international dans vos résultats ? Etes-vous satisfaits de vos résultats en dehors de la France ?

Nous réalisons 60 % de notre chiffre d'affaires à l'international, et 40 en France. Nous ne communiquons sur le détail de nos résultats, mais nous sommes profitables partout. Mais effectivement, nous sommes tellement profitables en France que nous finançons notre développement étranger depuis l'Hexagone. Le but est désormais de faire de l'international notre relais de croissance. A ce sujet, nous allons accélérer au Royaume-Uni, où nous avons acheté Dating Direct, et en Allemagne, où bien que nous n'ayons pas de présence physique nous sommes deuxièmes du secteur, si l'on exclut Parship.



50 % de votre chiffre d'affaires est réinvesti en publicité. N'est-ce pas beaucoup alors que vous êtes leader et que votre notoriété est de loin la meilleure des sites de rencontre en France ?

Nous investissons autant car nous sommes toujours en croissance et qu'il y a toujours de la conquête à faire. Les analystes prévoient que nous réaliserons entre 110 et 120 millions d'euros de chiffre d'affaires cette année. Nous investirons donc entre 55 et 60 millions d'euros en communication. En France, 2008 sera plus calme, car nous ne pouvons pas doubler de taille éternellement, nous réduirons donc nos dépenses en communication.


Où en êtes-vous de votre bataille avec le numéro un mondial, Match.com ?

Match.com réalise un CA de 300 millions de dollars, dont 25 % seulement hors Etats-Unis. Meetic, c'est 150 millions en Europe. Nous sommes donc deux fois plus petit que Match dans le monde, mais deux fois plus gros en Europe, où ils n'existent qu'à travers leur partenariat mondial avec MSN. Sauf en Angleterre, où Match est puissant sous sa propre marque. Et c'est justement là que nous allons mettre le paquet ! Nous venons de signer des partenariats avec Sky.com, Vodafone, Orange, Virgin, AOL pour être leur partenaire rencontre. Et nous allons continuer à leur prendre des partenariats.



"Vous connaissez un couple qui s'est rencontré sur Match ? Moi pas."

Et de leur côté, ils essayent de vous mettre à mal en France…

Oui, ils essayent de nous attaquer au portefeuille en prenant des parts de marché, puisque la France finance notre extension internationale. Ils ont essayé quatre fois, mais sans succès. Vous connaissez un couple qui s'est rencontré sur Match en France ? Moi pas. Par contre, tout le monde a entendu parler de couples qui se sont rencontrés sur Meetic. Meetic est connu par 98 % des internautes français, c'est un phénomène. Et pour lutter contre un phénomène, il faut mettre en face un autre phénomène. Pas simplement traduire un site américain en Français.



La partie d'échecs va-t-elle vous amener à lancer Meetic aux Etats-Unis ?

Mais nous sommes déjà présents depuis trois ans aux Etats-Unis avec Meetic.com. La question est plutôt de savoir quand nous allons commencer à investir en publicité là bas. Nous pourrons y faire quelques dizaines de millions d'euros de chiffre d'affaires, c'est tout à fait possible. L'idée n'est pas de prendre la place de Match… Mais rien n'est prévu à ce jour, cela dépendra peut être d'une opportunité : un rachat de marque, d'une base de données, de la signature d'un gros partenaire, nous verrons.



 
En savoir plus
 
 
 

A partir de quelle somme pourriez-vous réfléchir à la vente de Meetic ?

Je n'ai pas besoin d'argent, et je veux continuer de travailler. Alors pourquoi vendre ? Pour relancer une nouvelle start-up ? Mais Meetic est déjà une base exceptionnelle pour développer de nouveaux projets comme nous allons le faire dans les contenus féminins. En fait, si je veux monter un projet je le ferais avec Meetic comme rampe de lancement !


Sommaire e-commerce Envoyer Imprimer Haut de page

Sondage

Ce qui vous a le plus embêté avec le bug de Google :

Tous les sondages