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14/05/2007
La lutte contre le spam en France change de braquet
Cinq ans après une première tentative, la boîte à spam renaît de ses cendres (lire l'interview de Thierry Jarlet du 27/08/02 et l'article Cinq spammeurs harponnés par la CNIL du 22/11/02). Mais cette fois-ci, le service n'est plus géré par la CNIL (Commission Nationale Informatique et Libertés) qui avait dû renoncer à le maintenir faute de moyens humains et techniques. Il est désormais orchestré par la Direction du Développement des Médias (DDM) et par l'association Signal Spam, une structure créée fin 2005 et financée pour moitié par l'Etat et par les partenaires impliqués dans le projet (lire l'article Lutte contre le spam : la France accélère le mouvement du 21/07/06).
Après un an et demi de travail de développement et de négociation avec les principales associations professionnelles et les entreprises intéressées par ce projet (lire la liste des membres de l'association), l'association a lancé, jeudi 10 mai, une plate-forme nationale de signalement du spam. Accessible à l'adresse signal-spam.fr, ce service permet aux internautes d'envoyer automatiquement vers la plate-forme les spams qu'ils reçoivent dans leur boîte e-mail.
Seul prérequis : que l'internaute s'inscrive au préalable sur le site. Une adresse électronique, un nom d'utilisateur ainsi qu'un mot de passe suffisent pour accéder à un espace privé, et télécharger puis installer un plugin sur son logiciel de messagerie pour ensuite pouvoir, d'un seul clic, signaler les courriers indésirables sans avoir à copier le code source dans un e-mail. Au delà, l'internaute peut également bénéficier d'autres services, tels qu'un système d'assistance à la désinscription des listes de diffusion de partenaires ou la possibilité d'être recontacté par Signal Spam pour l'informer des suites légales données à un message signalé. Mais pour cela, les internautes doivent fournir une fiche personnelle plus détaillée avec leur nom, prénom, adresse postale et numéro de téléphone.
"Nous avons souhaité proposer un service qui soit facile à utiliser pour les internautes, explique Francis Bouvier, chef de projet de Signal Spam. Les plugins ont été développés avec Microsoft et la communauté Mozilla pour pouvoir s'intégrer facilement sous Microsoft Outlook 2003 et 2007 et sous Thunderbird 2.0. Mais nous travaillons également avec d'autres éditeurs pour pouvoir progressivement proposer d'autres plugins qui puissent par exemple s'installer sur les webmail."
Autre nouveauté par rapport au système mis en place par la CNIL, cet outil permet, grâce à une base de données sophistiquée et des outils de reconnaissance des URL incluses ou des empreintes des messages, d'identifier tous les spams faisant partie d'une même campagne et de mesurer avec exactitude l'importance de celle-ci. Dès lors, grâce au numéro de l'émetteur qui permet d'identifier le FAI de la personne qui a envoyé le spam, mais aussi grâce au numéro IP de l'émetteur, l'association peut alerter les autorités compétentes, CNIL, DGCCRF, Police judiciaire, Gendarmerie, Ministère de la justice ou encore Secrétariat de la défense nationale, en leur transmettant les dossiers litigieux. "Notre objectif n'est pas de nous substituer à la CNIL, mais d'alerter les autorités sur un phénomène et de leur transmettre le maximum d'informations utiles", précise Francis Bouvier.
Un dispositif dont l'efficacité se jugera sur les mois à venir. Mais si l'on se fie à l'expérience de la boîte à Spam lancée en 2002 par la CNIL, son succès devrait être rapide. En trois mois, ce service avait recueilli 325.000 messages (de nombreux e-mails comprenant plusieurs spams en fichiers joints), soit un peu plus de 100.000 par mois. Un chiffre qui selon les estimations de l'association peut aujourd'hui facilement être multiplié par 10. En effet, selon le rapport annuel de MessageLabs et celui de Secuserve, les spams représenteraient en 2006 respectivement 86 %et 95 % du trafic du courrier électronique.
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