Interview
 
25/01/2008

"Lagardère va appuyer notre développement à l'international"

Le directeur général du groupe de communication interactive Nextedia revient sur la logique du rachat par Lagardère et explique comment se mettent en œuvre les synergies. Premier bilan d'étape.
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Marc Menasé
 
 
  • Directeur général, Nextedia
 

Où en est votre intégration au sein de Lagardère, depuis l'acquisition qui a eu lieu au mois d'août ?

C'est fait. Nous sommes un nouveau pôle métier au sein du digital, domaine dans lequel Lagardère nourrit de grandes ambitions. Notre compte de résultat est consolidé dans le pôle digital et nous sommes rattachés hiérarchiquement directement à Didier Quillot.

 

Le logique de cet investissement pour Lagardère n'est pas aussi claire que pour le rachat de ID Régie, par exemple. Pouvez-vous l'expliciter ?

Premièrement, Lagardère doit investir dans la communication digitale, et l'activité d'agence est profitable, tout en permettant de capter une partie de l'investissement média qui va vers le search engine marketing (SEM). Deuxièmement, quand on est un grand groupe média et qu'on doit migrer sur le digital, soit on le fait seul et en général ça ne marche pas ; soit on acquiert des grosses pièces, comme l'a fait par exemple Axel Springer avec Zanox et Aufeminin ; soit on choisit l'option de Lagardère, celle de la "Web farm". L'idée, c'est de créer un mélange de cultures, une émulation entre des gens qui viennent de différents univers, et de capitaliser là-dessus pour développer l'activité. Par exemple, Lagardère a racheté Newsweb, et leur a confié le développement en ligne du JDD. Ce qui les intéresse chez nous, c'est que nous allons leur apporter des idées, des éclairages complémentaires, qui serviront le développement du groupe vers le digital. Pour nous, il n'y a aucun problème de territoire.

 

Certains acteurs aux Etats-Unis ont-ils des stratégies équivalentes ?

Le meilleur parallèle, c'est Microsoft - ils sont présents dans les médias avec MSN - qui rachète aQuantive. Mais sans aller chercher outre-Atlantique, en France Bolloré est déjà présent à la fois dans Havas, Aegis et dans les médias.

 

Que va représenter Lagardère dans la marge brute de Nextedia ?

Moins de 5 % vraisemblablement. A l'inverse, en 2008 Nextedia ce sera en gros 25 millions d'euros sur 2 milliards de chiffre d'affaires pour Lagardère Active.

 

Quelles sont les synergies entre Nextedia et Lagardère ?

Nous sommes recommandés aux médias appartenant au groupe Lagardère sur la génération de trafic et le conseil en achat média, la créa, etc. En revanche il n'y a pas de pression sur les plans médias de nos clients. Les achats via Nextedia doivent représenter moins de 0,1 % des recettes publicitaires de Lagardère !

"Pas de pression sur les plans médias"

De notre côté, les synergies vont jouer notamment sur notre développement international. Le groupe peut nous offrir des structures d'accueil dans différents pays. L'autre point, c'est que nous cherchons à atteindre une réputation qui correspond à notre taille sur les métiers de Web agency, et progressivement du CRM. Etre l'agence de Lagardère dans ce domaine va nous aider, je pense, à nous faire connaître. Nous effectuons en effet la collecte et la gestion des bases de données de Lagardère. Nous commençons dans ce domaine à travailler pour quelques gros annonceurs, tels que Cetelem.

 

Nextedia en chiffres, cela représente quoi aujourd'hui ?

300 personnes, dont une cinquantaine en Tunisie. 18 millions d'euros de marge brute en 2007, contre 10 millions en 2006. L'objectif de l'année est atteint.

 

Quelle est la taille de votre portefeuille de clients ?

Nous avons 300 clients actifs. Cela va de très gros comptes aux TPE à moins de 5.000 euros de budget par an. Notre organisation est faite pour mailler le marché, et être capable de répondre à des problématiques allant du branding au ROI pur.

 

Pourquoi souhaitez-vous vous positionner sur les petits comptes ?

"Les PME sont un marché énorme"

Parce que c'est un marché énorme ! Notre but, c'est d'aller chercher les relais de croissance. Au-delà de la croissance naturelle du marché, les budgets n'augmenteront pas éternellement et certains clients sont aujourd'hui matures. Ce n'est pas pour rien si Google ou Pages Jaunes font autant d'efforts pour acquérir des petits comptes, avec lesquels ils font un business colossal. Et puis de toute façon, les outils sont les mêmes.

 

Ces petits clients n'ont pas d'appréhension à vous contacter, en tant que grande agence de communication ?

Ils ne connaissent pas Nextedia. Les petits clients arrivent par One Digital, notre agence dédiée aux PME, spécialisée en référencement naturel, liens sponsorisés, création de sites et marketing interactif.

 

Et chez les grands comptes, quelles sont vos références ? Quels budgets avez-vous remporté récemment ?

Neuf Cegetel, Cetelem, Cdiscount, LVMH, Française des Jeux, Club des Créateurs de Beauté, Priceminister, Pierre et Vacances, Accor… Récemment, nous avons signé avec le site de ventes événementielles Espace Max.

 

Avez-vous perdu ou gagné des clients en lien avec le rachat par Lagardère ?

Ni l'un ni l'autre. Nos clients nous ont juste posé des questions sur la confidentialité, ce qui est normal, et nous les avons rassurés sur ce point.

 

Avant le rachat par Lagardère, vous étiez l'un des seuls groupes indépendants de communication interactive. L'avenir semblait prometteur, pourquoi ne pas être resté indépendant ?

"Etre indépendant sur le marché de la communication, c'est très difficile"

Ce n'était pas notre volonté. Etre indépendant, sur le marché de la communication, c'est très difficile. Le marché est dominé par des mutinationales, les annonceurs ne veulent pas multiplier les partenaires… Et puis, pour nous, Lagardère ce n'est pas une fin mais le début de la V2 ! Nous continuerons à entreprendre, car nous sommes avant tout des entrepreneurs. Par ailleurs, notre activité repose avant tout sur des hommes, qui sont très sollicités par la concurrence, et à qui il faut donc offrir des perspectives intéressantes pour qu'ils restent.

 

Justement, Nextedia a lancé l'agence de publicité Monsieur White en novembre dernier, présentée comme une "hotshop créative". Pourquoi ce lancement ?

Nextedia est fortement positionné sur le média, mais possède également une grosse activité de création, pour laquelle nous sommes moins connus. Ce lancement, qui résulte avant tout d'un coup de cœur humain pour David Dietrich et Guillaume Lesauvage, avec lesquels nous nous sommes associés, a pour but de mieux nous positionner sur cet aspect création.

 

Mais au sein de Nextedia, il y avait déjà des agences qui faisaient de la création. Comment s'intègre Monsieur White au sein du groupe, en termes de complémentarité ? Combien de personnes emploie l'agence ?

"Il y aura des acquisitions en 2008"

Trois agences étaient en effet fortement typées sur la communication : Crossvalue, Pop of the Com et Bonnie & Clyde. La philosophie de Nextedia, quand nous procédons à des acquisitions, est de toujours conserver les marques, et les équipes dédiées au niveau commercial. Les expertises métiers sont, elles, mutualisées. Ce qui était le cas pour la création. Pour l'instant Monsieur White, ce sont les deux fondateurs. De manière générale, toutes les agences du groupe présentent des structures assez courtes. Addvise Media, la plus grande agence par exemple, c'est 6 millions d'euros de marge brute et une quinzaine de personnes.

 

Y aura-t-il encore des acquisitions pour Nextedia en 2008 ?

Oui, bien sûr. Lagardère attire beaucoup de dossiers et nous les rabat, ce qui est très intéressant pour nous. Si nous rencontrons des entrepreneurs qui ont de bons business, on le fera. Nous sommes aussi toujours en veille dans nos métiers existants, notamment dans le but de trouver des têtes de pont à l'international.

 

 
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Outre un développement à l'international, quels sont vos projets pour 2008 ?

Prendre du recul pour réfléchir à ce que sont nos avantages concurrentiels, afin de pouvoir en créer de nouveaux. Devenir aussi référent dans la communication interactive que sur le média. Développer des solutions CRM innovantes pour la gestion, le traitement et la fertilisation de bases de données de recrutement et de fidélisation. Notre vocation, c'est de transformer les comportements des utilisateurs en solutions et en business.


 
Parcours
 
 

Agé de 27 ans, Marc Menasé est directeur général de Nextedia.

Diplômé de la London School of Economics, il a débuté sa carrière chez Vivendi-Universal Networks à Londres en tant que responsable Web. Puis il a rejoint Kelkoo en tant que responsable des partenariats e-commerce Europe. Il devient ensuite directeur marketing chez Opodo France, avant de créer AddviseMedia avec Loïc Fleury en 2003.

Il co-fonde Nextedia en 2005.

 



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