E-tourisme : bilan 2014 et principales tendances pour 2015

Quelles sont les principales tendances du secteur en 2014 et les prédictions possibles pour l’année qui démarre.

l’offre

I. Le développement des transports nationaux et l’hybridation : des tendances fortes en 2014

a) Le développement des transports nationaux

En 2014, la montée en puissance de la consommation / l’économie collaborative a fait de l’ombre au train, qui se voit contraint de développer de nouvelles offres comme on l’a vu dernièrement avec iDTGV et son offre IDTGVMAX (forfait illimité pour 60 €). On constate en effet aujourd’hui une popularité croissante de services de covoiturage entre particuliers, tels que blablacar (qui comptait en septembre 2014 déjà plus de 10 millions de membres à travers l’Europe et transporte en moyenne plus de 2 millions de personnes pas mois en Europe*) ou encore Carpooling, IdVroom, UberPop, pour ne citer qu’eux. Le bus est également venu s’ajouter aux options de transport pour les voyageurs, notamment avec iDbus qui permet de relier les principales villes européennes à des prix attractifs, parfois beaucoup plus attractifs qu’avec les modes de transport plus traditionnels… Et le succès est au rendez-vous puisqu’en septembre 2014, iDbus indiquait avoir déjà transporté plus de 1 million de personnes**. Ce mode de transport va devenir plus fréquent avec la loi Macron qui vise à libéraliser les lignes d’autocar sur le territoire national.
* source : http://www.covoiturage.fr/blog/BlaBlaCar-se-lance-en-Turquie
** Source : http://fr.idbus.com/sites/speed/files/CP%20iDBUS%20-%2011%202014%20-%20Ouverture%20Paris-Cologne_DEF.pdf

Du côté de l’aérien, la concurrence est rude depuis quelques années. Plusieurs compagnies low cost – Easyjet, Ryanair, Vueling et Volotea – se disputent déjà les lignes domestiques. En 2014, cette tendance n’a pas faibli. Il y a quelques mois, Air France annonçait d’ailleurs le lancement de Hop ! pour tous les trajets point à point, autrement dit sans correspondance.
En 2014, le consommateur avait donc toutes les cartes en main pour déterminer le mode de transport le plus adapté pour ses divers déplacements touristiques, en fonction du prix, du confort, de la rapidité, etc.

b) A l’international, l’hybridation se poursuit…

A l’international, le principal changement de ces dernières années concerne l’hybridation des compagnies aériennes et la montée en puissance des compagnies dites low cost. Ce que liligo appelle l’hybridation des compagnies, c’est le fait que la distinction entre les 2 types de compagnies (« low cost » et régulières) s’amenuise voire s’efface. Ce phénomène se poursuit plus que jamais.
Ce qui est impressionnant aujourd’hui, c’est le nombre de compagnies accessibles sur une même ligne européenne, sur du court ou moyen courrier. Prenons par exemple le trajet Paris – Barcelone, assuré par Transavia, Air France, Ryanair , Easyjet ou encore Vueling… soit 5 compagnies aériennes ! Le voyageur n’a donc que l’embarras du choix. Mais parmi ces compagnies aériennes, toutes ne sont pas rentables. On peut aisément imaginer qu’à terme, il n’en reste plus que 4… ce qui signifiera alors pour le consommateur des prix moins intéressants. En effet, plus il y a de compagnies sur une même ligne et plus la concurrence est agressive, ce qui a pour impact de baisser le prix des billets d’avion sur cette ligne. Un exemple significatif de cette tendance concerne les vols vers les Antilles : les prix des billets ont commencé à devenir abordables dès lors que la destination n’était plus uniquement desservie par Air France.
Comme pour le domestique, le bus vient s’ajouter aux options de transport pour les voyages à l’international. Ainsi, pour un trajet vers Barcelone par exemple, le voyageur peut choisir l’avion, le bus ou même le train. Certes avec le train le trajet en fonction des villes de départ est plus ou moins long mais parfois, aucun frais d’acheminement n’est à ajouter pour le voyageur (c’est par exemple le cas pour un voyage Lyon – Barcelone).
En parallèle de ces évolutions, l’usage du mobile pour la recherche et la réservation de voyages a connu une forte progression en 2014, et le phénomène se poursuit cette année. Sur liligo.com, on retrouve également cette tendance puisque le volume de recherches sur mobile (applications et sites mobiles) a été multiplié par 2,5 en un an. Les consommateurs sont mobiles et ils le seront davantage au fil des années. Ils veulent pouvoir réserver n’importe où et n’importe quand, depuis leur ordinateur, leur tablette ou leur téléphone portable.

II. Et en 2015 ?

1) Des billets d’avion (a priori) moins chers

Bonne nouvelle pour les voyageurs : le prix des billets d’avion devrait baisser en 2015-2016. Ceci devrait en partie résulter de la conjugaison de 2 ou 3 des facteurs suivants :
  • la baisse du prix du pétrole (notamment si celle-ci se maintient, ce qui est pour l’instant annoncé),
  • la commande par plusieurs compagnies aériennes d’avions Neo (New Engine Option),
  • la concurrence accrue entre les différentes compagnies aériennes.
Concernant la baisse du prix du carburant, l’impact est à relativiser. Le prix du baril de Brent a chuté depuis juin 2014 pour atteindre aujourd’hui 50$ (contre 112$ en moyenne en juin 2014). Pour autant, pour ne pas subir la variation du prix du baril du pétrole, les compagnies sécurisent leurs achats à 50-60-70 % des mois à l’avance. Actuellement, les compagnies européennes ont couvert jusqu’à 70 % de leur consommation de carburant en 2015, et même 25 % en 2016.  De ce fait, l’impact de la baisse du prix du pétrole se fera-t-elle vraiment sentir dès 2015 ? Il est un peu tôt pour le dire. Certaines compagnies annoncent déjà une baisse de ce poste de dépense, mais c’est la concurrence et bien sûr la loi de l’offre et la demande qui vont déclencher une répercussion de la baisse du tarif du carburant sur les billets d’avion dès 2015 : si les taux d’occupation baissent, ou si une compagnie décide de baisser les prix sur ses lignes pour gagner des parts de marché, alors les autres suivront et la guerre des prix sera ouverte.
La baisse des prix devrait aussi passer par l’exploitation des avions NEO, achetés en masse ces derniers mois par un grand nombre de compagnies aériennes (Vueling, Iberia, Easyjet, Ryanair, Lion Air, Air Asia, IndiGo…). Ils permettront d’accueillir plus de passagers et d’aider les compagnies à économiser sur le coût d’exploitation de l’avion. Ceci devrait engendrer une baisse de 15 à 20 % de la consommation de l’avion, ce qui entraînera très probablement la baisse du prix des billets d’avion. Néanmoins, le consommateur devra encore s’armer de patience car si Airbus lance la production de ces avions cette année, la livraison n’est pas prévue avant… 2016 !
La concurrence des compagnies aériennes est un facteur important de la baisse du prix des billets d’avion à prévoir. Avec la baisse des prix du carburant,  ce sont les compagnies aériennes low cost, qui ont des coûts moins importants que les compagnies régulières,  qui pourraient répercuter cette baisse sur le prix du billet et relancer la concurrence pour gagner des parts de marché. Si on ajoute à cela les nouvelles lignes qu’ouvrent un grand nombre de compagnies, on peut aisément imaginer que la concurrence va encore générer une baisse des prix des billets d’avion cette année.

2) Des low costs sur les pas des compagnies régulières… ou l’inverse

Dans les années à venir, les services proposés par les compagnies aériennes low cost  se rapprocheront de plus en plus de ceux des compagnies aériennes régulières pour attirer sur leurs vols un public plus vaste, englobant la clientèle business. Ceci leur permettrait aussi de développer leurs revenues annexes.
Les low cost devraient donc proposer une plus grande variété de services :  speedy boarding – le fait de pouvoir monter en premier dans l’avion -, plus d’espace dans l’avion, les repas / collations proposées à bord, etc. Tout cela constitue un moyen simple et efficace pour créer de la marge et compenser avec les prix souvent très bas des billets, mais il y  aura de moins en moins de différences entre les types de compagnies aériennes.

3) De nouveaux services avec les trains…et les bus ?

Sur terre, comme dans les airs, la volonté d’étendre les services proposés pour mieux créer de la marge est identique. La SNCF propose par exemple d’aller plus loin dans l’accompagnement personnalisé du voyageur, en offrant de venir le chercher chez lui, ou encore d’acheminer son bagage de son domicile à son lieu de destination. Le bus étant en concurrence directe avec le train, il est possible que les bus se lancent également très prochainement dans le lancement de nouveaux services annexes.

4) La désintermédiation

La grosse tendance est le « Do It Yourself » ou désintermédiation. Concrètement, il y a quelques années, le voyageur préparait ses différents voyages en se rendant dans une agence de voyage et en payant pour ce service et pour accéder aux informations. Aujourd’hui, chacun peut directement accéder à ces informations en ligne de chez soi ou en situation de mobilité et composer son propre voyage sur mesure. Là encore, la consommation collaborative et les échanges entre particuliers devraient prendre une plus grande ampleur dans un contexte où le voyageur pourra passer en agence pour avoir des idées, puis se fiera aux avis de particuliers sur des forums ou réseaux sociaux pour in fine appeler directement les hôtels et finaliser les réservations.

5) La transparence des prix

La transparence des prix est un point crucial pour 2015 et les année à venir. Et pour cause : en janvier dernier, la Cour de Justice européenne a décrété que les comparateurs de vols, agences de voyages et compagnies aériennes avaient pour obligation de ne communiquer aux voyageurs que les prix incluant tous les frais (frais de dossier, taxes, repas, politique bagage des différentes compagnies aériennes, etc.), et ce depuis le début du processus de réservation.
Les comparateurs de vols en ligne devraient encore avoir la part belle en 2015 pour aider le voyageur à s’y retrouver et dénicher l’offre la plus adaptée à son besoin. Encore faudra-t-il, pour se démarquer de la concurrence, faire preuve de la plus grande transparence possible… ce qui n’est pas toujours simple puisque les partenaires voyagistes ne jouent pas nécessairement le jeu !