L’omni-logistique sera sociale, sociétale et environnementale

Si la course aux délais déclenchée par Amazon a fait émerger rapidement un florilège de start-up issues de cette "néo logistique" et du transport, beaucoup de déploiements ont été réalisés de façon quasi anarchique sans vraiment tenir compte de l’environnement dans lequel ils s'inscrivent.

Face au développement anarchique des nouvelles formes de logistique, il serait bon de réagir dès maintenant, si on ne veut pas devenir les nouveaux pompiers pyromanes de notre propre cité.

Inutile d’essayer « d’arrêter une flèche avec la main »

Personne ne doit empêcher aujourd’hui le progrès et l’innovation, c’est sans conteste une de nos plus grandes richesses aujourd’hui. Oui, mais à condition que ce progrès soit réel et global, et surtout qu’il ne dégrade pas l’existant ou qu’il n’entraîne pas une régression pendant alors que d’autres se sont efforcer de "construire et bâtir" depuis plusieurs dizaines d’années.
Le développement de l’ommi-commerce a entraîné le commerce de détail et le commerce en ligne dans une course aux délais très bien engagée ; c’est le sens de l’histoire, nous faisons partis de la génération « H+ », celle du « on demand » dont les comportements et habitudes de consommation sont désormais bien installés : c’est incontestable et probablement irréversible à moins que nous soyons dans l’obligation d’interrompre la course tellement les aberrations se comptent par dizaines.

En effet, les nouvelles offres de distribution en H+, même aux prémices, correspondent aux nouveaux besoins des consommateurs omnicanaux qui souhaitent disposer de leurs produits favoris, à tous moments quel qu’en soit le moyen. Si le niveau de service est accru, ce « progrès » est aujourd’hui trop souvent couplé à de nettes régressions qui risquent de nous mettre en danger à long terme.

En effet : quelle prouesse ! 

Quel émerveillement de recevoir son menu favori ou le dernier T-shirt à la mode en moins d’une heure sur son lieu de travail ou chez soi ! Quelle folie de déguster le meilleur hamburger du meilleur restaurant de Paris en quinze minutes sans avoir à bouger de chez soi ! Quel exploit ! Oui, mais à quel prix ? La montée en puissance des offres de livraisons intra-urbaines a fait jaillir une nouvelle cohorte de « nouveaux coursiers » issus de nulle part, et à la recherche d’un revenu complémentaire. Souvent sous statut d’indépendant, ces nouveaux « serviteurs » n’ont rien du « chef d’entreprise » ou de l’idée qu’on se fait des professions libérables, ils sillonnent la ville en dehors de tout contrôle, ni code de la route, ni code du travail, ils sont prêts à sacrifier leur vie pour un hamburger tiède avec une belle empreinte carbone…
Si une partie des livraisons urbaines sont effectuées à vélo, la plupart des coursiers utilisent des véhicules à moteur thermique pour des trajets courts « de point à point ». Sur ce type de schéma logistique, il est difficile de mutualiser les livraisons, les commandes tombant au fil de l’eau, il est fréquent que les véhicules utilisés ne contiennent qu’une seule commande ou, pire encore, qu’ils roulent à vide pour atteindre le point d’enlèvement.

 Warning donc ! 

Un virage logistique mal amorcé risque de créer des distorsions pour les années à venir qui pourraient devenir difficiles à gérer d’ici quelques années. Nous pouvons, nous devons réfléchir autrement, et si possible sans avoir à créer des décrets et des lois qui nous obligeraient par la contrainte. Peu de politiques viendront effleurer le sujet car il est créateur d’emploi : c’est un sparadrap qu’on colle pour calfeutrer une baignoire qui fuit… Comptons donc plutôt sur nous-même, c’est du bon sens.

L’omni-logistique de demain doit s’inscrire pleinement dans la vie urbaine actuelle. Cela signifie qu’elle pourra se conformer aux exigences et contraintes de la Cité sans pour autant devoir réduire ou mégoter sur la qualité des offres de demain. Cette réflexion est à intégrer dès à présent.

Rien d’impossible : ce nouveau paradigme a bien été pris en compte par le groupe Bolloré avec son offre BlueDistrib qui combine ces éléments. Avec une flotte de véhicules électriques, les tractions de marchandises sont effectuées en dehors des horaires d’engorgement de la circulation, donc la nuit principalement et dans des consignes sécurisées : « un nouveau mode de ville ». Un peu de bon sens, c’est possible.

C’est un exemple à suivre : l’omni-logistique de demain sera sociale, sociétale et environnementale... ou ne sera plus.