Connecter la chaîne du froid pour lutter contre le réchauffement climatique

L'IoT permet de contrôler plus finement la chaîne du froid et donc de limiter le réchauffement climatique.

Officiellement entré en vigueur le 4 novembre dernier, l’accord de Paris doit marquer un tournant majeur et profondément changer la société mondiale et nos habitudes. Peu sont ceux qui se risquent aujourd’hui à nier l’augmentation des températures, due notamment à l’accumulation des gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère. Une tendance qui entraîne des changements majeurs sur les systèmes naturels : acidification et montée en température des océans, élévation du niveau de la mer, font des glaces, violences des épisodes météorologies… Autant de phénomènes aux conséquences risquées sur les populations ou encore les entreprises côtières. Selon une récente étude, entre 4,8 et 12,7 millions de tonnes de déchets plastiques ont été rejetées dans les océans pour la seule année 2010[1].

Pour limiter l’impact de ces changements brutaux et ralentir leur développement, les organisations publiques et privées partout dans le monde doivent œuvrer et s’impliquer dans cet effort collectif. Parmi eux, la grande distribution doit prendre ses responsabilités. Pointés du doigt par le passé pour leur usage excessif des sacs plastiques ou le gâchis alimentaire, les grandes enseignes commencent à revoir leurs pratiques au profit d’approches plus responsables. Leur prochain défi : s’attaquer à la chaîne du froid.

L’Internet des objets au secours de la distribution

Présenté comme la promesse de meilleurs lendemains, l’IoT va jouer un rôle majeur dans notre compréhension des phénomènes climatiques et la lutte contre le réchauffement climatique. Alors que les grandes surfaces sont les principales émettrices de F-gaz réfrigérants, appelés aussi GES fluorés, elles peuvent profiter des nouvelles technologies, appliquées à large échelle, pour contrôler l’ensemble de la chaîne de distribution et ainsi en limiter l’impact environnemental.

Les millions de trains, de camions et d’entrepôts frigorifiques utilisés dans la chaîne du froid par les supermarchés pour transporter et stocker les denrées alimentaires pourraient en effet signaler au cas par cas quand ils ont besoin de fonctionner pour conserver les denrées au frais. Des capteurs IoT servent à surveiller les unités de réfrigération nécessaires au transport et à l’entrepôt des aliments à travers le monde. Ces capteurs enregistrent ainsi la température à l’intérieur des installations frigorifiques en vue de réduire l’alimentation en énergie ou le nombre d’unités nécessaires en fonction du niveau de froid requis et de la quantité de denrées effectivement présentes. Ils peuvent également vérifier depuis combien de temps la nourriture n’est plus réfrigérée et dans quel délai maximal elle doit l’être à nouveau avant de devenir impropre à la consommation et de devoir être jetée.

Le secteur de la distribution alimentaire reconnaît qu’en raison de la complexité de la chaîne de distribution de la complexité de la chaîne logistique, il est plus facile et plus sûr de réfrigérer la totalité des aliments à la plus basse température requise (par la viande). Un excès de réfrigération sur l’année pratique pour les professionnels mais dommageable pour l’environnement. Cependant, en intégrant les données provenant des capteurs existants sur les machines avec les systèmes de la chaîne logistique et en magasin, ainsi que les systèmes de commande des unités frigorifiques, il est possible de régler automatiquement chaque machine à la température appropriée pour chaque contenu, évitant ainsi toute réfrigération excessive.

Améliorer l’expérience client pour ne plus détruire la planète

Une gestion intelligente de la chaîne du froid permet notamment de rehausser la qualité des produits et donc par ricochet, l’expérience client. Dans les usines de fabrication et de transformation, il est possible de veiller à la cohérence aussi bien des quantités d’ingrédients que des facteurs environnementaux et à l’unité des données disponibles à chaque étape de la chaîne afin d’assurer un niveau maximal de qualité et de rentabilité pour chaque produit fini. Le consommateur même à son échelle peut y prendre part. Eviter une réfrigération excessive, c’est éviter de gâcher ses produits, c’est avoir une gestion intelligente et à plus large échelle, penser à la planète.

Si les possibilités de l’IoT sont infinies, il est important de voir au-delà des applications évidentes de smart cities et de réfléchir à la façon d’améliorer son activité, son produit, pour le bien du client et même de la planète. La connexion de la chaîne du froid n’est qu’un exemple de la manière dont les entreprises peuvent avoir un impact positif à la fois sur l’expérience client et sur l’environnement. Il est essentiel d’envisager tous les solutions pour atténuer leurs effets sur le monde physique, qu’il s’agisse de mettre en place des modes de transport alternatifs, d’utiliser des emballages durables ou de recycler les composants. Un engagement pour chacun et par chacun à agir positivement.

Même si nous ne pouvons contrer le réchauffement climatique uniquement au moyen de quelques capteurs, la prise de conscience des capacités de l’IoT n’en représente pas moins un pas de taille pour l’humanité.

[1] J. R. Jambeck, R. Geyer, C. Wilcox, T. R. Siegler, M. Perryman, A. Andrady, R. Narayan, K. L. Law. Plastic waste inputs from land into the ocean. Science, 2015; 347 (6223): 768 DOI: 10.1126/science.1260352