La fin de l'Internet des Apps tel qu'on le connait ?

La fin de l'Internet des Apps tel qu'on le connait ? L'essor des notifications et des objets connectés ferait passer les applications du statut de destination à celui d'outil de diffusion. Explications.

"La navigation sur un écran de smartphone constellé d'icône d'applications qui constituent une destination indépendante est en train de mourir", annonçait fin octobre une note de blog publiée par l'agence Intercom et largement commentée dans un univers où l'on est toujours prompt à s'écharper lorsqu'il s'agit de deviser sur le futur des applications ou sur l'essor supposé du Web mobile.

Les push notifications deviennent interactives

L'application serait ainsi amenée à devenir un outil de publication plus qu'une destination, à mesure que les notifications s'enrichissent en contenus et actions. Comprendre qu'on n'interagit plus directement avec une application depuis cette application, on le fait désormais de plus en plus depuis d'autres espaces tels que le centre de notifications ou l'interface d'un objet connecté. Un postulat étayé par les changements apportés par iOS et Android KitKat, estime l'auteur, avec des notifications qui jouent de moins en moins le rôle d'appel à revenir dans l'application qu'elle jouait initialement. Simon Dawlat, le fondateur d'AppGratis, n'en disait pas moins au moment du lancement de sa solution d'analytics pour push notifications, Batch Insights. "Les interfaces mobiles évoluent avec les notifications push : de simple 'rappels', elles sont en train de devenir sur Android - et encore plus sur iOS avec l'arrivée d'iOS8 - la véritable interface pour les utilisateurs", expliquait-il.

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Le centre de notifications s'enrichit au fil du temps. © Capture d'écran Apple

Les notifications deviennent interactives. Plus besoin d'ouvrir l'application. L'expérience a lieu au sein de la home et permet aux utilisateurs d'iOS de réagir à une notification sans avoir à jongler avec les applications. Au lieu de devoir appuyer pour lancer l'application adéquate, un simple glissement du doigt sur l'écran permet de faire le choix de masquer la notification ou d'accéder à un écran de réponse rapide, pour retweeter un tweet ou répondre à un message WhatsApp, par exemple. Une logique qui devient d'autant plus forte que les notifications s'enrichissent de cards et de widgets. Et sous iOS 8, n'importe quelle application peut désormais ajouter ses propres widgets.

Illusoire de déporter toute l'expérience utilisateur hors de l'application

De quoi déporter à terme l'expérience utilisateur depuis l'application vers ce centre de notification ? Non, selon Paul Amsellem, le président du Mobile Network Group, qui rappelle une évidence: tous les utilisateurs ne font pas d'opt-in sur les push notifications. "Les notifications sont un rappel qui permet de créer de l'interaction, elles ne permettrons jamais de reproduire l'intégralité de ce que propose l'application", tranche-t-il. Et d'en appeler à des exemples comme Candy Crush ou Le Monde dont l'expérience utilisateur est si riche qu'elle doit nécessairement être hébergée au sein de l'application. "Mais effectivement si l'application ne propose pas grand chose, on peut facilement éviter d'y aller", aoute-t-il.

Martin Jaglin, directeur général de l'agence de marketing mobile Ocito, préfère lui aussi prendre ses précautions."Apple a effectivement ouvert le robinet quand aux fonctionnalités déployées sur le centre de notification mais peut très bien faire marche arrière en cas d'abus, l'objectif n'étant pas que les marques squattent abusivement cet espace", explique-t-il. Apple n'a par exemple pas hésité à supprimer Neato, widget de prises de notes qui s'intégrait directement dans la page de notification.

Un écosystème mobile se met en place

Martin Jaglin et Paul Amsellem rejoignent tout de même l'auteur sur un point : l'apparition des objets connectés va sans doute faire évoluer la stratégie mobile des marques. Au sein d'un univers où les devices et écrans sont nombreux, le contenu doit être fragmenté de façon à être diffusé de manière agnostique sur chaque support ou plateforme. Un contexte dans lequel l'application devient le catalyseur de la stratégie mobile, diffusant du contenu via les centres de notifications et les interfaces des objets connecté... et interagissant avec l'univers Web mobile. "On a longtemps opposé ce dernier avec le monde applicatif car les deux univers communiquaient mal, c'est aujourd'hui moins vrai avec l'essor du deep linking." Martin Jaglin abonde : "On rebondit maintenant plus facilement d'application vers application ou du site mobile vers l'application". De quoi donner naissance à de véritables écosystèmes mobiles plutôt qu'à de simples applications, à l'image du mouvement initié par Facebook.
Et si, plus que la fin de l'Internet des apps, il s'agissait tout simplement de la fin de l'Internet mobile tel que l'on connait ? Un univers enfin décloisonné, avec le monde des applications et du Web mobile bien imbriqués, et des rebonds sur les interfaces des objets connectés. Une bonne nouvelle en somme.