Guillaume Dolbeau (PMU) "Nous avons triplé notre chiffre d'affaires mobile en 2010"

En 2010, le PMU a réalisé 20 millions d'euros de chiffre d'affaires sur le mobile. Le directeur de l'e-PMU veut poursuivre la croissance de ce canal en 2011, notamment en lançant la prise de paris sur l'ensemble des sports.

JDN. Quels sont les actifs mobiles du PMU ? 

Guillaume Dolbeau. Historiquement, le PMU est présent sur le mobile depuis 2000. Nous avons relancé notre site mobile en 2009. Nous avons également lancé une application iPhone, plus ergonomique, en mai 2010. Elle permet de suivre ses chevaux favoris, de recevoir des alertes avant le départ d'une course, de revoir des vidéos de courses ou de trouver un point de vente à proximité. Nous avons dépassé les 100 000 téléchargements de notre application à la fin de l'année. 

Cette application ne permet pas de parier. Pourquoi ? 

Elle ne le permet pas directement. Apple a longtemps eu une politique assez restrictive vis-à-vis des jeux d'argent sur iPhone. Nous ne pouvions y proposer que de l'info et renvoyer les utilisateurs vers notre site mobile pour la prise de paris. Heureusement, les règles d'Apple se sont assouplies l'an dernier. 

Allez-vous en profiter pour intégrer la prise de paris directement dans votre application ? 

Oui, c'est l'un de nos projets pour 2011. Notre objectif est d'arriver à une application unique dont le mobinaute n'ait pas besoin de sortir. 

"Nos clients disposent plus fréquemment de mobiles Samsung"

Tire-t-elle votre audience Internet mobile ? 

Nous accueillons environ 250 000 visiteurs uniques sur l'ensemble de nos actifs mobiles et notre application iPhone contribue évidemment à l'évolution de notre activité. Mais plus de la moitié de notre audience est générée par notre site Internet mobile, notamment parce qu'il est accessible à partir de l'ensemble des terminaux mobiles connectés. Nous ne pourrions pas avoir une telle activité avec seulement une application iPhone. 

Les parieurs sont sous-représentés chez les possesseurs d'iPhone ? 

Nous nous sommes rendus compte que nos clients disposent plus fréquemment de mobiles Samsung, qui reste l'un des premiers vendeurs de téléphones en France. Nous avons donc lancé en août dernier une application Bada, qui a franchi à la fin de l'année le cap des 15 000 téléchargements. Nous envisagerons cette année des portages au coup par coup sur d'autres systèmes d'exploitation. 

Quelle activité génère votre offre sur le mobile ?  

Nous enregistrons en moyenne 300 000 prises de paris par mois. En 2009, nous avions réalisé 6,5 millions d'euros de chiffre d'affaires sur le mobile sur 680 millions d'euros pour l'ensemble de notre activité. En 2010 nous avons plus que triplé nos revenus sur ce canal. L'intégration de la prise de paris directement dans nos applications devrait encore accélérer cela. A terme, nous ambitionnons de devenir le premier opérateur de jeux d'argent sur le mobile en France, avec environ 25 % du segment des paris sur mobile.

Constatez-vous une cannibalisation de votre activité mobile sur vos autres canaux de vente ? 

Non. Le mobile nous a permis de toucher de nouveaux clients qui ne seraient pas venus jouer en points de vente ou sur Internet. Nos services mobiles permettent par ailleurs à nos clients existants de parier plus fréquemment, notamment lorsqu'ils n'ont pas d'autre moyen de parier à disposition. Le mobile permet par ailleurs de parier jusqu'à la dernière seconde avant le départ d'une course. Nos services mobiles connaissent déjà des périodes d'activité intenses, comme pendant les vacances ou durant les week-ends. Le mobile est un canal important à la fois en termes de fidélisation et de recrutement de nouveaux clients. 

"Nous allons lancer les paris sportifs sur mobile début 2011"

Jusqu'à la mi-2010, vous étiez le seul opérateur légal de paris hippiques. Cela vous a conféré une certaine avance... 

Nous avons exploité cette avance dans les paris hippiques parce que nous avions le droit de le faire en tant qu'opérateur historique. Mais pour l'ensemble des jeux d'argent, nous avons été logés à la même enseigne que l'ensemble des opérateurs accrédités par l'Arjel (l'Autorité de régulation des jeux en ligne, ndlr) : nous avons dû attendre. Nos ambitions ne s'arrêtent justement pas aux paris hippiques sur mobile. 

Justement, vous disposez d'une licence d'opérateur de paris sportifs et de jeux de cercle. Qu'allez-vous en faire ? 

Nous allons dans un premier temps lancer notre offre de paris sportifs sur le mobile en ce début d'année. Pour le poker, c'est une autre histoire. Techniquement, le mobile n'est pas encore vraiment adapté pour proposer une expérience de jeu intéressante. Nous allons donc attendre un peu que les capacités des terminaux et les vitesses de connexions s'améliorent pour lancer notre offre. 

Comment voyez-vous évoluer la part du mobile dans votre activité ? 

A titre personnel, je pense que le mobile va prendre de plus en plus de poids dans la prise de paris. Tous opérateurs confondus, le mobile pourrait d'ici cinq ans prendre le pas sur le Web en matière de paris à distance (le PMU réalise environ 10 % de son chiffre d'affaires total sur Internet, ndlr)

2011 pourrait voir l'émergence d'un vrai marché pour la télévision connectée. Allez-vous lancer une offre dédiée ? 

Grâce à la télévision par satellite, nous y sommes déjà en quelque sorte depuis dix ans. Notre objectif est cependant d'être présents sur tous les écrans pour fournir une expérience de jeu sans rupture. Nous regardons donc de prêt l'éclosion du marché des télévisions connectées car nous pensons qu'il représente un certain potentiel. Nous définirons cette année une stratégie pertinente à la fois en termes de marché et de business. 

Diplômé de l'Essec Guillaume Dolbeau, 44 ans, est Responsable e-PMU du PMU depuis 2000. Il a débuté sa carrière en 1990 comme responsable du développement des Ciments Français à Istanbul. En 1993, il rejoint la Française des Jeux en tant que responsable du développement international avant de devenir responsable de marque chez Lego en 1999.