INTERVIEW
 
06/09/2007

"Nous allons remplacer les maisons de vente "

Spécialiste de l'information sur le marché de l'art, Art Price enrichit on service d'une base de données de 90 millions d'images d'œuvres. Son PDG revient sur son ambition sur le marché de l'art mondial.
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Thierry Ehrmann
 
 
 

Vous avez annoncé une croissance de votre chiffre d'affaires à trois chiffres, comment comptez-vous vous y prendre ?

La réussite du lancement de notre base de données d'images d'œuvres d'arts cotées est un véritable succès. Jusque-là, nous fournissions à nos clients une base de données des cotations des œuvres d'art avec leur prix de vente. Désormais, nous proposons un module supplémentaire à notre offre qui inclut les photos d'œuvres de 405.000 artistes issus des 82 fonds d'images que nous avons acquis lors de ces dix dernières années. Et la réactivité de notre clientèle est immédiate. 93 % des réabonnements à notre service incluent ce module. En conséquence, nous réaliserons une croissance à trois chiffres, c'est-à-dire entre 100 et 900 %. Et nous pourrions bien finir l'année plus près de la fourchette haute si la tendance se poursuit. Art Price a réalisé un chiffre d'affaires de 4,3 millions d'euros en 2006.



Pourquoi ne proposer cette base que maintenant ?

Parce que ce n'était pas possible avant. D'abord pour des contraintes techniques. Notre base comprend 90 millions d'images en haute définition, soit 300 tera octets ! Il n'était technologiquement pas possible il y a six mois encore de proposer un tel service. Ensuite, il a fallu trouver un accord de reproduction de ces œuvres avec 43 sociétés de gestion de droits d'auteurs qui représentent 99,9 % du marché. Près d'un an de discussions a été nécessaire pour persuader ces sociétés de gestion de droits que la loi sur le droit d'auteur ne s'adaptait pas à Internet. Pourtant le marché est mûr, et ce sont les contrefacteurs qui en profitent. Finalement, elles y trouvent leur intérêt.



Lequel ?

D'abord, elles touchent une part substantielle des revenus issus de notre module image pour les répartir aux auteurs. Ensuite, ce contrat leur est bénéfique pour lutter contre la contrefaçon. Jusque-là, les contrefacteurs utilisaient les images en toute illégalité, arguant que les sociétés de gestions de droits ne leur permettaient pas de poursuivre leur activité sur Internet. Dîtes-vous bien que 99,9 % sites d'art sur Internet sont dans l'illégalité car ils ne respectent pas le droit de reproduction. Aujourd'hui, les sociétés de droit d'auteurs vont retourner vers ces entreprises pour leur demander des comptes. Des milliers d'assignations sont prêtes à partir.



"Nous avons redéfini le droit de reproduction sur Internet"

Ce contrat est une première ?

Oui, nous avons redéfini le droit de reproduction sur Internet. Le contrat ne stipule pas de notion de territorialité, et nous ne sommes pas obligés de prendre en compte tous les logs et toutes les pages vues réalisées dans notre base de données. Comme je le disais, leur rémunération est une part des abonnements au module. Ensuite, pour répartir l'argent entre les artistes, nous leur fournissons une fois par an le nombre d'œuvres répertoriées par artiste dans notre base. Les reversements aux artistes dépendent de ce nombre, plus il est élevé, plus ils touchent d'argent.



Quel est le rapport entre la production d'un artiste et le nombre de fois que ses œuvres sont consultées dans votre base ?

Les grands artistes produisent énormément. Par exemple, les artistes qui plaisent au marché de l'art franchissent toujours le cap des 5.000 œuvres. Je vais vous donner un exemple : Andy Warhol a produit 23.000 œuvres. Il est le cinquième artiste le plus prolifique inscrit dans notre base. Et bien il est aussi le cinquième le plus consulté si l'on en croit nos estimations. Ce système de répartition est très cohérent par rapport à l'histoire de l'art, c'est pour cette raison que les sociétés de droits d'auteurs l'ont accepté.



Comment Artprice va-t-il évoluer ?

Artprice est en train de normaliser le marché. Notre objectif est qu'à chaque œuvre d'art corresponde un identifiant qui permet de retrouver dans notre base son prix, sa photo, ainsi que les conditions dans lesquelles sa précédente vente s'est déroulée pour bien en apprécier sa justesse. D'un argus de la cotation d'œuvre d'art nous sommes devenus un marchand d'informations. Le jour où un vendeur voudra trouver un acheteur, il passera alors par nous pour savoir qui s'intéresse à l'artiste ou à l'œuvre en particulier.



 
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Vous voulez devenir maison de vente ?

Non, nous allons les remplacer. Les maisons de vente sont vouées à disparaître, nous voulons donc prendre la place vacante et devenir l'intermédiaire entre le vendeur, qu'il soit particulier ou galeriste, et les acheteurs potentiels à travers le monde. Notre objectif est d'atteindre 4,5 milliards d'euros d'œuvres d'arts sur notre place de marché cette année contre 2,7 milliards l'année dernière.


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