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Denis Olivennes, (Fnac)
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Enfin, pourquoi ne pas taxer les FAI pour compenser la baisse chronique des
revenus de l'industrie du disque ? Car dans l'esprit des majors, le haut débit,
instrument de promotion majeur des FAI, a ouvert les vannes du téléchargement
illégal de masse, mettant ainsi en péril leur économie. Denis Olivennes, patron
de la Fnac, mais aussi en charge de la commission de lutte contre la piraterie,
l'a réclamée dans une interview accordée au magazine Libération le 28 février
dernier. Pour lui, la taxation des FAI imaginée par l'Etat pour financer France
Télévisions ne doit pas bénéficier au seul service public.
Pour légitimer sa demande, il va jusqu'à se montrer étonnamment peu confiant
quant à l'efficacité des mesures qu'il a lui-même proposées dans le cadre de sa
mission. Car selon lui, "quoi qu'on fasse, il restera un très important niveau
de piratage", assène-t-il, avant d'ajouter : "nous ne serons donc pas capables
de préserver le modèle français si cette "taxe télécoms" ne sert pas aussi à financer
directement la création musicale, cinématographique et audiovisuelle."
L'industrie musicale réclame depuis des années que les FAI soient taxés pour
compenser la baisse de leurs revenus. Mais sans résultat. Et le gouvernement
ne pourra pas faire peser de multiples taxes sur les FAI, même infinitésimales.
Aussi, le débat parlementaire qui s'annonce pourrait être une des dernières chances
de l'industrie musicale d'arriver à ses fins.
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Pascal Nègre (Universal Music)
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Déjà, il y a un an, elle avait manqué d'obtenir cette taxe lors de la
création d'une taxe FAI pour soutenir l'industrie audiovisuelle (voir l'impôt
Internet). A l'époque, l'Union des producteurs phonographiques français indépendants
(UPFI) était montée au créneau et avait réclamé que le produit de cette taxe soit
élargi au secteur de la musique.
Ainsi, l'idée de taxer l'accès Internet pour financer l'industrie musicale
ne date pas d'hier. Il y a 5 ans, la Recording Industry Association of America
(RIAA) réclamait déjà lors du Midem à Cannes la création d'une taxe "piratage"
supportée par les FAI (lire l'article : Musique
en ligne : les FAI ne veulent pas taxer pour les pirates, du 21/01/03).
Une proposition que l'industrie du disque présentait comme un compromis acceptable,
alors qu'un mois avant, Pascal Nègre, alors président de la Société civile des
producteurs phonographiques (SCPP), et parallèlement président d'Universal Music
France, avait réclamé "une procédure nationale de filtrage de l'accès aux contenus
illicites sur Internet."