Compete " Nous lançons le premier mégapanel d'internautes en France pour les ecommerçants "

Petit tremblement de terre dans le monde de la mesure d'audience. Compete lance son panel français, sept fois plus important que ceux de Mediamétrie et Comscore. Et importe ses outils d'analyse comportementale et de suivi des conversions. Ses trois responsables pour la France dévoilent leur stratégie.

JDN. Après les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, vous lancez Compete en France. En quoi consiste le produit ?

Helen Cooke, Sébastien Debon, Emmanuelle Godard. Compete est à notre connaissance le premier mégapanel d'internautes en France. Ce n'est pas seulement un dispositif de mesure d'audience, c'est surtout un outil d'analyse comportementale de l'utilisation de l'Internet. Il permet de mesurer l'engagement des visiteurs et la conversion et de réaliser de véritables benchmark concurrentiels. Premier exemple, Compete permet de connaître la part d'audience d'un ecommerçant provenant des moteurs de recherche, des comparateurs de prix ou de l'emailing. Deuxième exemple, Compete permet de connaître la part de trafic d'un site provenant du référencement naturel ou du référencement payant. Troisième exemple, Compete permet de distinguer la part du trafic provenant du référencement naturel sur la marque du site de la part du trafic provenant d'autres mots clés.

Quelle est la taille de votre panel ? Comment est-il conçu ?

Nous avons investi 2 millions de dollars pour importer Compete en France. Cela se traduit par un panel de 175 000 internautes. Environ 20% de ces internautes ont installé notre "meter" qui permet de mesurer leurs usages. Les 80% autres nous sont amenés par des partenaires fournisseurs d'applications qui proposent à leurs utilisateurs de transmettre leurs données à des fins d'études et de manière anonyme.

En quoi votre panel est-il meilleur que celui de vos concurrents déjà présents sur le marché français ?

Notre panel, de par sa taille, nous permet une analyse beaucoup plus fine des comportements en ligne. Prenons un exemple : un individu qui a acheté un forfait de téléphonie mobile sur Internet. On veut savoir quels sites il a visités avant d'acheter, ceux sur lesquels il s'est renseigné et ceux sur lesquels il a comparé. Avec un panel classique comme ce qui est actuellement proposé en France, on est très vite limité car peu de panélistes correspondent au comportement analysé. La taille de notre mégapanel nous apporte une granularité beaucoup plus importante.

Le panel a-t-il vocation à continuer à grossir ? Pourquoi avoir choisi d'obtenir des données au travers de partenaires ?

Nous avons commencé à constituer le panel français en janvier 2011, nous avions 100 000 internautes en juillet et 175 000 aujourd'hui. Il devrait encore croître de 50% en 2012.

Cela est possible grâce à notre approche multi-sources, qui consiste à mixer les panélistes ayant installé notre "meter" et les données qui nous sont fournies par nos partenaires. Opérer un panel aussi volumineux est très coûteux et l'approche multi-sources est la seule permettant d'arriver à un nombre de panélistes aussi important. Enfin, on sait très bien qu'il est difficile de recruter certaines catégories de la population (les CSP+, les jeunes) dans le cadre d'un panel classique ce qui crée des biais.

N'avez-vous pas aussi quelques biais ? Mesurez-vous le Mac ? L'usage au bureau ?

Nos panélistes sont essentiellement à domicile, pas au bureau. Concernant le Mac nous ne le mesurons pas encore. En revanche nous sommes en train de finaliser la mesure via Chrome, ce qui nous permettra de suivre les usages sur les principaux navigateurs du marché, hors Safari.

Concrètement quels produits allez-vous proposer ?

Dans un premier temps, nous avons déjà commencé à fournir des études et des analyses pour certains clients. Il s'agit de produits ad hoc répondant à des besoins précis d'analyse concurrentielle. Notre priorité est de proposer ces études en priorité aux secteurs de la distribution, de l'ecommerce, des produits cosmétiques, de l'électronique et des télécoms.

Dans un second temps, à la fin du 1er trimestre 2012 environ, nous allons proposer un accès à notre outil d'analyse d'audience en self service via une interface Web. Les offres seront sans doute équivalentes à ce qui est proposé sur Compete.com [trois tarifs de 199 à 499 dollars selon le type de données fournies, NDLR]

Le marché français de la mesure d'audience est-il suffisamment large pour trois acteurs, Mediamétrie, Comscore et Compete, voire quatre si on rajoute Hitwise ? Leur chiffre d'affaires cumulé dans l'Hexagone atteint à peine les 10 millions d'euros...

Nous nous distinguons de nos deux principaux concurrents par l'analyse et la segmentation comportementale d'un côté et par la mesure de l'engagement de l'autre. Nous espérons en conséquence occuper une place sur le marché qui n'aura rien à voir avec les chiffres que vous indiquez. Ainsi Hitwise porte uniquement sur l'audience au niveau du domaine alors qu'avec Compete vous analysez précisément la conversion et le parcours client.

L'un des handicaps de Compete est de n'être présent que dans 3 pays, Etats-Unis, Royaume-Uni et France maintenant contre des dizaines pour Comscore par exemple...

C'est pour cela que nous regardons attentivement ce qu'il est possible de faire en Allemagne et en Chine.

Quelle est la taille de l'équipe de Compete en France ?

Deux personnes en France, Emmanuelle et Sébastien, plus une personne à Londres, Helen. Nous avons vocation à doubler la taille de l'équipe cette année.

Le trafic shifte sur mobile mais la mesure de ce support est particulièrement compliquée car, au Royaume-Uni comme en France, un seul acteur a obtenu une exclusivité d'accès aux données. Outre que cela fausse la concurrence, cela stimule peut la qualité et la quantité des données accessibles. Allez-vous vous lancer sur mobile ?

Nous avons un projet en place au niveau mondial pour la mesure d'audience sur mobile.

Le fait d'obtenir des données via des partenaires ne vous expose-t-il pas aux critiques sur le respect de la vie privée ? Certains internautes se plaignent que leurs données vous soient transmises. Quant à Comscore il est accusé de voler des numéros de cartes bancaires.

Lorsque les panélistes installent notre "meter", il s'agit d'un acte volontaire de leur part. Concernant les données que nous obtenons auprès de nos partenaires, nous nous assurons qu'ils ont effectivement le droit de collecter ces données. Toutes les données que nous recevons sont anonymes et nous n'avons pas eu connaissance de problèmes aux Etats-Unis.

Helen Cooke – Marketing Manager UK & Fance, Kantar Media Compete

Helen a rejoint Kantar Media Compete en mai 2011 en tant que responsable marketing pour la France et le Royaume Uni. Depuis 12 ans, Helen a exercé diverses responsabilités en tant que responsable marketing dans différentes SSII et sociétés informatiques telles que Cisco, CBS Interactive, Handango et BVRP Software (maintenant Avantquest).

 

Emmanuelle Godard, Client Services Director Kantar Media Compete France

Emmanuelle a commencé en 1993 en régie publicitaire comme Chef de publicité chez Havas Media International avent de passer 4 années chez Kantar Media Ad Intelligence (anciennement Secodip). En Janvier 2000, elle a rejoint MMXI France (actuellement Media Metrix-ComScore) en tant que Directrice du développement client où elle a participé au lancement de la première mesure d'audience d'Internet et des médias digitaux en France. Emmanuelle a rejoint Ipsos en 2007 en tant que directrice du clientèle sur les études presse et Internet avant de prendre la responsabilité du marché du livre en 2009. Elle a rejoint Kantar Media Compete France en octobre 2011 en tant que Client Services Director. Emmanuelle Godard est diplômée d'Ecole Supérieure de Commerce (ESLSCA).

 

Sébastien Debon, Directeur Développement, Kantar Media Compete France

Avant de rejoindre Kantar Media Compete, Sébastien Debon a passé 12 années au sein du groupe Ogilvy (Bruxelles, Paris, Londres) sur des grands comptes internationaux tels qu'American Express, IBM, Cisco, SAP, Nestlé, Kraft, Pfizer... principalement sur des problématiques de branding, CRM, channel marketing et digital influence. Il a également été DGA de l'agence en marketing relationnel Meura en charge du Digital & du SRM. Sébastien Debon est diplômé du Master en Marketing Direct du Magistère (MMD) de l'IAE de Lille, d'un DESS en Analyse de Données de l'Université des Sciences de Lille I et d'un BA (Hons) en Marketing International de la SouthBank Business School de Londres.