Jean-Paul Bertrand "Nous avons besoin des internautes pour faire connaître nos livres"
Les Editions Alphée ont lancé un site invitant les internautes à investir dans l'édition de livres. Son président, ancien dirigeant des Editions du Rocher, en précise le fonctionnement.
JDN. Votre maison d'édition, Alphée, a lancé fin avril un concept "d'édition participative" sur le site EditeursEtAuteursAssociés.com. De quoi s'agit-il ?
Jean-Paul Bertrand. Nous proposons aux internautes d'éditer des livres avec nous, de s'impliquer dans un travail d'édition qui fascine mais qui reste méconnu. Chacun peut investir dans un livre parmi une liste de textes que nous avons choisis. L'investisseur touche ensuite un intéressement au chiffre d'affaires généré et son nom apparaît sur le livre. Nous commençons par le roman mais l'objectif serait d'étendre l'offre aux polars ou à la science fiction par exemple. Depuis l'ouverture, l'édition de quatre livres a été lancée. Les quelque 300 internautes inscrits ont d'ores et déjà investi entre 3 et 5 000 euros.
Vous appliquez à la littérature la coproduction entre internautes que proposent déjà des sites de musique...
Je crois beaucoup à ce concept participatif. Ceci dit, il y a une grande différence avec ces sites. Eux ne produisent le disque qu'à partir d'un certain seuil d'investissement. De notre côté, nous faisons notre métier d'éditeur et publierons tous nos auteurs. Par ailleurs, ces sites sont indépendants des maisons de disque alors que notre site appartient à une maison d'édition. C'est important pour nous de pouvoir rassurer, en particulier les auteurs établis. Nous nous différencions aussi des sites de publication à la demande qui fonctionnent en fait sur du compte d'auteur déguisé.
Il n'y a pas de système de vote pour sélectionner les textes, et les livres co-édités ne peuvent pas être achetés sur le site. Quel est le rôle des internautes pour votre site ?
Nous avons besoin d'eux pour parler de nos livres. Car aujourd'hui notre problème n'est pas la qualité des livres mais la difficulté à les faire connaître. Or Internet permet un nouveau type de bouche-à-oreille très puissant. Par ailleurs, nous ne vendons pas les livres directement sur le site mais renvoyons les internautes vers les libraires. Les maillons de la chaîne ont besoin les uns des autres, qu'ils soient auteurs, éditeurs, libraires ou lecteurs.