Manuel Diaz (Emakina) "La timeline Facebook de Nicolas Sarkozy permet de relayer les contributions de ses soutiens"

Mandaté par Nicolas Sarkozy pour sa campagne en ligne, Manuel Diaz évoque les outils mis en place par l'équipe de campagne et les évolutions apportées à la Timeline du candidat sortant.

JdN. On attendait, lors de ces présidentielles, un important dispositif autour de la campagne en ligne. Celle-ci semble pourtant tarder à prendre de la vitesse, pourquoi ?

Manuel Diaz. D'une part, parce que la société française est moins digitalisée qu'aux Etats-Unis et également parce que nous n'avons pas la même approche culturelle de la politique. Les candidats français sont plus timides tandis qu'on parle réellement de "shows" outre-Atlantique. Mais ces comparaisons ne servent pas à grand-chose.

La stratégie web de Nicolas Sarkozy est assez simple puisque calée sur le ton politique du candidat et sur son thème de campagne, la France forte. L'idée est donc de dérouler une stratégie choisie par Nicolas Sarkozy, orchestrée ensuite par Nicolas Princen. Le travail d'Emakina a été de lui proposer un dispositif de communication en ligne et de le déployer grâce une équipe de dix-huit personnes.

Quel sont les moyens financiers de cette web-campagne ? Ses principaux dispositifs ?

Nous ne communiquons pas sur son budget mais le dispositif web repose principalement sur le site Lafranceforte.fr, la page fan de Nicolas Sarkozy, sa timeline Facebook ainsi que son compte Twitter. Je tiens à préciser que la page fan de Nicolas Sarkozy dispose de plus de 560 000 fans et qu'une application Facebook y est intégrée, baptisée "Soutenez Nicolas Sarkozy". Elle permet aux internautes de personnaliser leur profil Facebook à l'image de la campagne, via des badges sur les photos de profil ou des "cover" sur leur timeline. Il est également possible de prévenir ses amis, de faire un don et de naviguer dans le bilan du quinquennat en cliquant sur "Je défends le bilan". A noter que cette page fan a été transformée hier en une timeline qui agit comme plate-forme de crowdsourcing, pour relayer les contributions de nos soutiens.

Mais pourquoi ne pas avoir laissé la timeline de la campagne ouverte aux contributions, ou du moins aux commentaires ?

Parce qu'il est difficile de gérer une telle modération. Ce n'est d'ailleurs pas la vocation de cette page et encore moins notre métier d'organiser des discussions. C'est celui des médias. Cela ne veut pas dire que cette web campagne est fermée puisque la fabrication du programme s'est réalisée de manière ouverte sur le site de l'UMP. Mais nous considérons qu'il existe des lieux plus conversationnels, comme Twitter. En fait, il y a deux approches dans une stratégie de campagne en ligne : quand on n'a ni bilan ni passif en matière de gestion de l'Etat, il est normal de voir des candidats entrer dans une stratégie plus agressive. Notre approche est quant à elle basée sur la rencontre entre un homme et le peuple.

Et pourtant sur Twitter, Nicolas Sarkozy ne dialogue pas alors qu'une armée de membres des Jeunes Populaires a entamée une stratégie d'interpellation offensive.

L'ouverture du compte Twitter de Nicolas Sarkozy est encore récente et il commence progressivement à suivre quelques twittos et à tweeter des "follow friday" auprès de ses soutiens. La conversation va donc s'installer. Sa porte-parole Nathalie Kosciusko-Morizet est par exemple très active sur le réseau social et propose également des chats ouverts à tous, sur le site Lafranceforte.fr. Quant aux Jeunes Populaires, c'est leur choix d'adopter ce ton, pas le nôtre. Et pour le coup, c'est leur job d'être offensifs dans cette campagne.

Qu'en est-il de votre stratégie mobile ? Que pensez-vous des stratégies web et mobiles des autres candidats ?

Nous réservons encore quelques surprises mais ne communiquons pas encore dessus. Nous prévoyons une application mobile qui aura des fonctionnalités propres aux situations de mobilité mais ne communiquons par encore dessus. Quant aux applications développées par les candidats concurrents, il est triste d'y voir les mêmes informations que sur le web. C'est le niveau zéro du mobile. Pour le reste, je n'ai pas le temps de regarder ce qui se passe chez les autres candidats.

La thématique du numérique est une des grandes absentes du débat présidentiel. Des annonces de Nicolas Sarkozy sont-elle à attendre ?

Ce n'est pas à moi de répondre là-dessus mais oui, il va d'ici peu y avoir un volet numérique dans le programme de Nicolas Sarkozy. J'estime que quand un candidat a fait un e-G8 ou un Conseil national du numérique, on ne peut pas lui reprocher de ne pas s'intéresser au numérique. A ce titre nous avons, pendant la campagne, promu le travail de start-ups comme Viewrz qui a été incubée au Camping et qui proposait de prendre un bout d'émission diffusée en live et de le partager en direct sur Twitter. Il ne faut pas oublier qu'une campagne est un moment heureux, plein d'opportunités d'innovation et de rencontres.

Alors âgé de 18 ans, Manuel Diaz monte l'agence web groupeReflect avec son frère Carlos. Société qui s'est rapprochée en 2007 de l'agence belge Emakina alors côtée en bourse. Rebaptisée Emakina.fr, l'agence remporte le budget de la campagne du candidat UMP et la refonte du site du parti au premier trimestre 2011.