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Réussite à l'étranger
01/10/2007
Comment Web.de a supplanté Yahoo en Allemagne
Il n'existe qu'en Allemagne, où il est le numéro deux des portails Internet, derrière Google mais devant Yahoo. Web.de a vu passer 11,1 millions de visiteurs uniques en 2006 et touche aujourd'hui près d'un internaute allemand sur deux.
Son fondateur, Michael Greve, est originaire de Hannovre. C'est à Karlsruhe, ancienne capitale du Grand-duché de Bade qu'il passe son baccalauréat et suit des études d'électrotechnique. Mais il n'ira pas jusqu'à leur terme, préférant devenir entrepreneur. Michael est comme son frère Matthias, de trois ans son cadet, passionné d'informatique. Dans les années 80 les deux frères s'amusent déjà à concevoir un programme capable d'émuler un ordinateur Macintosh sur Atari. Tous deux se lancent alors dans la création d'une petite entreprise de logiciels.
Mais c'est une autre idée, plus intéressante, qui naît à la même époque du cerveau de Matthias. Le jeune allemand a l'idée de créer un système capable d'orienter les internautes sur l'embryon de réseau que représente alors Internet. En 1995, les Greve passent à l'action, alors que le Web devient grand public. Matthias et Michael se lancent dans la constitution d'un annuaire de sites germanophones destiné à ordonner le fouillis d'Internet. C'est sur cette base de données, riche de plus de 2.000 entrées que les frères Greve construisent Web.de.
D'un annuaire, Web.de évolue vers un moteur de recherche qui rencontre un tel succès qu'une foule de services annexes vient enrichir l'offre principale de Web.de. Les frères Greve installent leur entreprise dans une ancienne usine de machines à coudre de Karlsruhe. Ce qu'il convient désormais d'appeler un portail fournit dès la fin des années 90 plusieurs services : messagerie électronique, envoi de SMS, e-commerce, informations en temps réel. Dès février 2000, la société s'introduit à la bourse de Francfort. Deux ans plus tard, Matthias Greve, qui dirige l'entreprise, se voit couronné e-manager de l'année.
Au début des années 2000, les frères Greve continuent à miser sur ce qui a fait le succès de leur portail : la technologie. La société réinvestit ainsi régulièrement une partie de son chiffre d'affaires dans la recherche. Dès la fin 2002, Web.de mise sur la communication multicanal en ligne en commercialisant une application qui intègre des services de fax, SMS, e-mail et messagerie instantanée, Com.Win. Néanmoins, le nombre d'abonnés au service reste en-deçà des espérances de l'entreprise, qui après deux ans d'exploitation abandonne le développement de nouvelles fonctionnalités.
En 2004, le groupe lance un nouveau moteur de recherche, basé sur la solution SmartSearch, dont les résultats sont classés par thèmes, avec l'intégration de liens contextuels (depuis, Web.de fonctionne sur la technologie de Google). Parallèlement, Web.de mise sur de nouveaux services payants : messagerie premium, location de DVD, petites annonces, loto. La strart-up de Karlsruhe lance également le "Web.de Club" qui propose avantages et réductions sur les services du portail, contre un abonnement annuel de 60 euros.
Web.de enregistre des résultats financiers profitables dès la fin de 2003 : un chiffre d'affaires de 32,8 millions d'euros pour un bénéfice net de 0,8 millions d'euros. Un an plus tard, la réussite du site commence à intéresser le groupe United Internet, notamment propriétaire de 1&1, l'actuel second fournisseur d'accès à Internet haut débit allemand (2,27 millions d'abonnés ADSL en 2006) derrière T-Online. En mai 2005, United Internet rachète Web.de pour un montant évalué aux alentours de 350 millions d'euros.
Depuis, Matthias Greve est resté à la tête du portail. Son frère, Michael, également resté au sein de United Internet, a préféré reprendre le développement de Com.Win, rebaptisé ComBots. Présentée au public en 2006, l'application a été lancée en mai 2007 (lire Combots, une plateforme de communication basée sur le P2P, du 11/05/07).
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