RUBRIQUES
TROIS QUESTIONS
A...
30/01/2008
Didier Pouillot (Idate) : "Les opérateurs européens restent prudents dans leurs déploiements très haut débit"
Quel est le dynamisme des investissements des opérateurs en Europe ? 2007 a marqué une décélération de la croissance des investissements, après deux années 2005 et 2006 dynamiques. Ce phénomène est pour grande partie lié à l'arrivée à un palier pour les deux marchés qui tirent aujourd'hui l'investissement. Dans les mobiles d'un côté, on est passé d'un rythme de progression des marchés dans l'Union européenne de plus de 10 % au début des années 2000, à moins de 3 % en 2007. Dans le fixe, si le marché de l'internet, porté pour l'essentiel par le haut débit, a encore connu une croissance de l'ordre de 14 % l'an passé, l'équipement est désormais très avancé dans nombre de pays, diminuant mécaniquement les besoins d'investissement. En France par exemple, plus de 98 % des lignes téléphoniques sont équipées pour l'ADSL. De ce, point de vue, le facteur aujourd'hui limitatif à l'accès Internet est plutôt le taux d'équipement en PC. 64 % des Français sont équipés d'un PC à domicile, et 53 % (soit plus de 80 % des équipés en PC) sont connectés à Internet.
Les investissements dans le très haut débit prennent-ils le relais ? Cela commence. Les investissements dans la fibre optique et le VDSL sont une nouvelle tendance que l'on remarque depuis 2006. En Allemagne, Deutsche Telekom a annoncé un plan d'équipement VDSL de 2,5 à 3 milliards d'euros pour desservir 11 millions de foyers. En France Iliad a été le premier à annoncer un plan, prévoyant un investissement de 1 milliard d'euros dans la fibre optique pour équiper 4 millions de lignes. En volume, les investissements dans le secteur des télécoms en Europe continuent donc d'augmenter.
Les projets de déploiement de fibre optique en Europe, pourtant gourmands en cash, ne paraissent pas dynamiser ces volumes d'investissements ? La fibre optique est un relais de croissance, mais elle ne se traduit pas aujourd'hui par une inflexion majeure dans les investissements globaux des opérateurs en Europe. Ces derniers restent plus prudents qu'au Japon ou aux Etats-Unis, notamment. Au Japon, l'opérateur historique NTT était en mauvaise posture sur l'ADSL dont il détenait moins de 15 % du marché de détail. Il a donc fortement investi dans la fibre pour se repositionner sur le marché de l'accès. Même chose aux Etats-Unis où AT&T et Verizon ont misés sur le très haut débit pour contrer les câblo-opérateurs qui détiennent toujours plus de 50 % du marché du haut débit. En Europe, les opérateurs historiques apparaissent plus prudents. D'une part, ils ont souvent des parts de marché conséquentes dans le haut débit, grâce à l'ADSL. D'autre part, ils restent endettés et doivent faire attention aux réactions des marchés financiers, alors que les business models des opérations très haut débit ne sont pas encore très clairs. Enfin, nous sommes encore dans une phase d'apprentissage, en particulier vis-à-vis de la résolution des problèmes d'ingénierie et de la clarification du cadre juridique.
|