INTERVIEW
 
12/10/2007

"La région IDF veut être un facilitateur du maillage en fibre du territoire"

Améliorer l'accès de tous aux TIC et faire émerger les talents : tels sont les deux objectifs de la nouvelle politique de soutien au numérique votée en septembre par la Région Ile-de-France. Les détails avec le responsable NTIC du Conseil régional.
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Jean-Baptiste Roger
 
 
  • Conseiller technique en charge des NTIC, Conseil régional d'Ile-de-France
 

Le Conseil régional d'Ile-de-France a adopté le 27 septembre dernier une nouvelle politique en matière de soutien au développement des technologies de l'information et de la communication. Dans quel contexte cette politique a-t-elle été redéfinie et quels en sont les principaux objectifs ?

Cette nouvelle politique consiste en un réajustement de celle adoptée et menée par la région depuis 2001, la première dans ce domaine. Or en six ans, le paysage des TIC en France a considérablement changé. Il était donc nécessaire, voire urgent, de redéfinir notre politique de soutien au numérique pour mieux tenir compte de la réalité des besoins et de l'évolution des enjeux. La délibération cadre du 27 septembre, adoptée à l'unanimité - ce qui est très rare au sein du Conseil régional -, définit pour l'intervention régionale en matière de TIC deux principes fondamentaux  :

» La "e-inclusion", principe qui vise à combler les fractures numériques culturelles et sociales, c'est-à-dire favoriser l'accès de tous aux nouvelles technologies, oeuvrer en faveur d'une société de l'information solidaire et équitable ;

» L'excellence, à savoir faire des TIC un levier du rayonnement de l'Ile-de-France, faire émerger les talents dans les entreprises du domaine, favoriser la créativité et le foisonnement des projets TIC, bref, être la bonne fée des TIC.

 

 

Quelles sont les cibles de cette nouvelle politique ?

La délibération cadre définit sept domaines d'intervention prioritaires : les infrastructures haut débit sous toutes leurs formes (l'aménagement numérique du territoire), la diffusion des outils des TIC dans les PME et TPE, et dans les centres de formation des apprentis, le développement des usages et services numériques dans le monde de l'enseignement supérieur et de la recherche, les associations, les espaces publics numériques (EPN) et l'appropriation des TIC par l'ensemble des publics, enfin la diffusion des TIC dans les territoires locaux.

 

 

"99 % de la population francilienne est couverte en haut débit"

Vous parlez de combler la fracture numérique du territoire de l'Ile-de-France. Quelle est-elle aujourd'hui ?

En l'espace de cinq ans, la couverture en haut débit s'est généralisée sur l'ensemble de l'Ile-de-France. Depuis 2006, la totalité des répartiteurs est équipée en ADSL. La technologie ADSL représente aujourd'hui plus de 90 % des accès Internet à haut débit. Aujourd'hui, il n'existe quasiment plus de zones blanches, non couvertes par l'ADSL, sur le territoire régional. Aujourd'hui, plus de 99 % de la population francilienne est couverte en haut débit, grâce notamment à l'implication des collectivités locales dont certaines ont bénéficié du soutien financier de la région.

 

Dans combien de réseaux haut débit d'initiative publique la Région est-elle impliquée aujourd'hui et à quelle hauteur en termes de financement ?

La région est partie prenante dans tous les projets de conseils généraux d'aménagement du territoire numérique : dans les Yvelines pour la construction d'un réseau de 180 kilomètres sur la partie ouest du département, pour un montant de 4,8 millions d'euros en 2004 ; en Seine-et-Marne où la région a accompagné les trois phases du projet Sem@for77 pour une enveloppe totale de 18,6 millions d'euros sur un investissement total de 81,9 millions d'euros en 2005 et 2006. Soit en moyenne un financement de 25 à 30 % de l'investissement public total. L'intervention de la Région s'effectue essentiellement en partenariat avec les départements dans un esprit de structuration et de mutualisation des initiatives pour atteindre les tailles critiques.

 

Quid de la fibre optique ? Est-ce un enjeu pour la région ?

Depuis que les collectivités sont intervenues en matière de couverture numérique du territoire, la question de l'accès à la connexion permanente a été très largement solutionnée en Ile-de-France. En réalité, les enjeux franciliens concernant le haut débit se sont désormais déplacés. Le principal enjeu du celui de l'équité et de la cohésion territoriale demeure à l'ordre du jour, mais ils concernent désormais le très haut débit.

 

"La région va lancer quatre expériences sur la fibre optique en 2008"

Il existe aujourd'hui une nouvelle fracture numérique en Ile-de-France, entre d'une part les Franciliens situés l'hypercentre, à savoir Paris et quelques communes de la première couronne, qui bénéficient à la fois des meilleures performances de la technologie DSL, mais aussi de l'intérêt des opérateurs privés pour le déploiement des technologies de fibre optique du fait de la densité et du potentiel des zones concernées ; et d'autre part, les Franciliens des communes les plus modestes, ceux des territoires les moins denses où la technologie DSL montre de manière particulièrement évidente ses limites et qui ne présentent pas un potentiel suffisant pour les opérateurs.

 

C'est pourquoi les collectivités et la Région devront intervenir pour corriger les inégalités et préparer l'avenir. La région veut être un facilitateur, un organisateur du développement homogène de la fibre optique sur l'ensemble du territoire de l'Ile-de-France.

 

Le Conseil régional d'Ile-de-France est-il déjà engagé dans des projets publics de déploiement d'un réseau de fibre optique ?

Outre les projets existants comme Sem@for77, qui prévoit le raccordement en fibre optique de 143 des 167 nœuds de raccordement des abonnés de Seine-et-Marne, la région va lancer en 2008 trois ou quatre projets expérimentaux de très haut débit par la fibre optique : deux expériences dans des quartiers dits "difficiles" ou politiques de la ville, une dans une zone péri-urbaine et une dans une zone en retard économique.

 

"Le budget consacré aux TIC devrait atteindre 10 millions d'euros en 2008"

Quel est le montant du budget de la région affecté à cette nouvelle politique de soutien au numérique ?

La délibération cadre porte seulement sur les grandes orientations de la politique régionale en la matière. La question du financement sera discutée lors du prochain vote du budget de la région, en novembre prochain. Depuis 2002, la Région a consacré environ 24 millions d'euros aux équipements grand public et 12 millions aux pôles universitaires. Soit un investissement de 6 millions d'euros par an en moyenne sur un budget total de quatre milliards d'euros. J'espère et je pense que l'enveloppe annuelle consacrée aux TIC va augmenter sensiblement pour atteindre en moyenne 10 millions d'euros par an, hors financement des projets d'infrastructure.

 

La délibération cadre définit des principes et des objectifs généraux. Quelles mesures concrètes vont en découler ?

Notre ambition est bien sûr de mener tous ces chantiers de front. Notre priorité sera toutefois de s'attaquer aux grandes fractures numériques, c'est-à-dire aux Franciliens qui n'ont pas du tout d'accès à l'Internet. Pour cela, nous allons agir au niveau des 400 espaces publics numériques (EPN) de l'Ile-de-France en finançant la délivrance d'une formation des "premiers rudiments de l'Internet ".

 

Par ailleurs, nous avons lancé un appel aux PME et TPE pour qu'elles se fédèrent par filières et présentent à la Région un plan d'équipement TIC que nous nous engageons à financer. Le premier plan dont nous allons discuter lors de la prochaine commission permanente du Conseil régional concerne la filière des garagistes d'Ile-de-France.

 

 
En savoir plus
 
 
 

Notre première mesure concrète a été la distribution, le 8 octobre, de 220.00 clés USB dotées d'un bureau mobile en logiciels libres aux lycées, apprentis et enseignants d'Ile-de-France. Une opération qui a coûté 2,6 millions d'euros à la Région. Autre exemple : nous avons également co-financé en partenariat avec Silicon Sentier, le quartier numérique du deuxième arrondissement de Paris, le premier espace ouvert de co-working pour tous les entrepreneurs en visite dans la capitale, français ou étrangers. Cet espace devrait ouvrir la première semaine de janvier 2008.

 

 

Parcours 

Jean-Baptiste Roger, 38 ans, est conseiller technique en charge des nouvelles technologies de l'information et de la communication, chargé également des relations avec le Parlement, au sein du Cabinet du Président de la Région Ile-de-France.

 

Diplomé de science politique, il a auparavant été assistant parlementaire et secrétaire général de l'association humanitaire AutreMonde.



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