Christian Séré-Annichini (Digitick) "Digitick permet aux organisateurs d'événements de se mettre au CRM"

Le numérique fait tomber les barrières entre les systèmes de billetterie et les équipements d'encaissement. Et permet au secteur de faire du CRM. Le PDG de Digitick explique comment il accompagne ces évolutions.

JDN. Digitick a lancé sa billetterie en ligne en 2007 avant d'être racheté par Vivendi en 2011. Où en est votre activité à l'heure actuelle?

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Christian Séré-Annichini, PDG de Digitick © S. de P. Digitick

Christian Séré-Annichini. Digitick est aujourd'hui l'acteur de l'univers de la billetterie qui bénéficie du positionnement le plus large. Nous distribuons des billets de spectacles et d'événements sur Digitick.com et nous commercialisons en BtoB une solution de billetterie et d'équipement pour les organisateurs d'événements, sur Digitick.net. Nous avons développé une troisième activité sur le ticketing secondaire en rachetant en 2009 la plateforme ZePass.com de revente de billets entre particulier.

L'an dernier notre chiffre d'affaires a progressé de 35%, alors que le marché de la billetterie a globalement stagné. Les revenus de nos trois activités s'élevaient en 2013 à 75 millions d'euros en norme comptable française [selon le type d'événement, est considéré comme du chiffre d'affaires soit la commission soit le montant total du billet vendu, ndlr], pour un volume d'affaires d'environ 100 millions d'euros sur notre activité distribution, qui nous a vu écouler 4 millions de billets en ligne. Cette dynamique de croissance très forte a permis à Digitick d'émerger comme le troisième réseau national.

Comment voyez-vous l'avenir ?

Nous sommes idéalement positionnés pour accompagner l'évolution du secteur. Nous avons été les premiers à être actifs à la fois sur la distribution de billets et sur l'équipement, deux domaines qui ne cessent de se rapprocher. Maintenant, tous les acteurs essaient de se mettre à l'activité complémentaire de leur cœur de métier historique. Nous avons une longueur d'avance. Et comme Internet a un impact très important sur le secteur, le fait que nous soyons un pure-player nous donne un réel avantage pour mettre en œuvre toutes les technologies innovantes.

Comment se développe votre activité BtoB ?

Nous signons de plus en plus de belles références, comme la Tour Eiffel, les 24 Heures du Mans, le Château de Versailles, l'Olympique lyonnais, le Théâtre de l'Odéon, le Parc Astérix... Le Parc zoologique de Paris, qui vient de rouvrir, est aussi une nouvelle référence. Nous avons mis en place un dispositif complet, qui comprend à la fois la vente en ligne et la vente sur place, avec guichets de vente et contrôle d'accès. Le cœur du système est hébergé chez nous, dans notre data center. Tous les équipements sur place y sont connectés en SaaS. Nos clients tirent la majorité de leurs revenus de leur billetterie, ils préfèrent donc qu'elle soit très sécurisée et que nous garantissions la qualité de l'hébergement.

"Une autre évolution du secteur : la connexion entre billetterie et CRM"

Une autre évolution du secteur réside dans la connexion de plus en plus forte entre billetterie et CRM. Nos clients désirent bien sûr optimiser leurs niveaux de revenus. Il se trouve par ailleurs qu'ils ont souvent une vraie marque : les clubs de sport ont leurs membres, les festivals ont leurs fans... Ils souhaitent donc faire davantage de CRM pour renforcer leurs liens avec eux. Nous les accompagnons dans cette démarche avec des solutions de plus en plus complètes.

Concrètement, que proposez-vous en matière de CRM ?

Tout d'abord, la billetterie constitue bien sûr l'irrigateur de données numéro 1. Nous avons aussi développé un module CRM, qui s'intègre à notre solution de billetterie mais peut également être utilisé en "stand-alone" et s'interfacer avec d'autres systèmes de billetterie. Il existe depuis 3 ans mais la demande se mue actuellement en véritable lame de fond. Nous l'améliorons en permanence en fonction des demandes de nos clients et de l'évolution du CRM.

Le métier de la billetterie exige en effet une largeur de fonctionnalités considérable. Les besoins peuvent varier énormément, entre un théâtre et un organisateur d'événements sportifs. Notre outil permet également de gérer les partenaires, par exemple des sponsors qui loueraient une loge à l'année : nous pouvons gérer cette billetterie spéciale avec le contrôle d'accès, un accueil du public adapté, des offres spéciales... Et comme il s'utilise en SaaS, nos clients bénéficient immédiatement de ces évolutions. Là encore, nous sommes très bien positionnés pour accompagner cette révolution à l'œuvre dans le monde de l'entertainment. Comme nous venons du Web, nous sommes plus souples que les acteurs qui viennent par exemple du progiciel.

Avez-vous des projets d'expansion internationale ?

Côté billetterie BtoC, nous sommes surtout actifs en France mais nous vendons déjà à l'étranger des événements français. Côté BtoB, nous avons traduit en anglais notre plateforme et notre solution d'équipement, que nous avons présentées fin mars au Ticketing Technology Forum de Londres. Notre produit est donc disponible en anglais en totalité : front-end et back-end.

"Nous allons beaucoup nous consacrer à l'international"

Nous allons commencer par le marché britannique car nous allons pouvoir nous appuyer sur notre société sœur See-Tickets, numéro deux de la billetterie au Royaume-Uni, propriété comme Digitick de Vivendi Ticketing. See-Tickets étant focalisée sur la distribution, nous allons pousser notre solution BtoB avec équipement, plateforme en marque blanche et CRM. Nous avons déjà entamé des discussions avec plusieurs prospects sur ce marché, ainsi d'ailleurs qu'en Allemagne et en Suisse. Nous allons beaucoup nous consacrer à l'international à partir de maintenant, afin de maintenir notre rythme de croissance.

Et comment maintiendrez-vous votre croissance en France ?

Nous tablons sur le même niveau de croissance de 35% en 2014. Nous venons d'ailleurs de signer deux belles références. Nous avons lancé la bourse officielle d'échange de l'Olympia, basée sur ZePass, et nous avons obtenu la gestion de la billetterie des Folles Journées de Nantes, qui rassemble de multiples formats de concerts classiques pendant 5 jours et attire 140 000 personnes.

Désormais notre croissance est rentable : nous sommes positifs opérationnellement depuis 2013. Nous avons longtemps eu les economics d'une start-up mais sommes maintenant plus matures et pouvons allier rentabilité et rythme de croissance élevé. Plus largement, nous sommes heureux de pouvoir contribuer au nouveau positionnement médias et contenus de Vivendi, qui sort des télécoms. Nous travaillons d'ailleurs beaucoup avec nos cousins d'Universal Music, qui possède l'Olympia, nous discutons avec Canal+ sur un projet qui devrait aboutir bientôt et nous envisageons de nous appuyer sur GVT pour nous développer au Brésil.

Christian Séré-Annichini est le PDG de Digitick. Diplômé de l'Ecole nationale des Arts et Métiers et de l'Essec, il débute sa carrière en 1993 chez Peugeot en tant que chef de produit. Il rejoint McKinsey en 2000 aux fonctions de senior consultant. En 2003 il intègre SFR au poste de responsable marketing des terminaux et cartes SIM puis, en 2007, de directeur du développement des nouvelles activités. En 2010 il est nommé vice-président business développement de Vivendi. En janvier 2012 il devient vice-président exécutif chargé des finances et de la stratégie de See-Tickets. En juin de la même année il prend la tête de Digitick.