Claude Gaillard est questeur de l'Assemblée nationale depuis 2002. Avec deux autres parlementaires, ce député UMP de Meurthe-et-Moselle dispose des pouvoirs financiers et budgétaires à l'Assemblée nationale et dirige les fonctionnaires de la chambre basse.

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Claude Gaillard, questeur de l'Assemblée nationale Photo © Assemblée nationale
 
"Plus de 80 % de la dotation sont dépensés en salaires"

D'où viennent les revenus de l'Assemblée nationale ?

Nous n'avons pas de provisions. L'ensemble de la dotation de l'Assemblée et du Sénat vient du budget de l'Etat. Il est élaboré par les trois questeurs, discuté en bureau, puis analysé par une commission de contrôle des crédits présidée par un président de la Cour des Comptes. Mais au final, ce sont bien les députés qui décident de leur propres budget, pour ne pas se retrouver sous la coupe du pouvoir exécutif, le gouvernement.

Dans ces conditions, n'est-ce-pas tentant pour les députés d'augmenter considérablement la dotation de l'Assemblée nationale?

C'est vrai que ce sont des députés qui contrôlent des députés. Mais on essaie de s'imposer les règles qu'on impose aux autres. On aligne l'évolution de notre dotation sur la variation du budget de l'Etat. Et si on peut aller moins vite, on le fait. Cependant, il faut bien comprendre que plus de 80 % de la dotation sont dépensés sous forme de salaires. Or, nous ne pouvons pas réduire le nombre de députés ou de fonctionnaires! De plus, ces revenus sont en général revalorisés au même rythme que les traitements de la fonction publique. Nos marges de manœuvre sont donc extrêmement limitées. Mais nous restons vigilants.

Les comportements sont-ils en train de changer ?

Oui, c'est vrai. Par exemple, nous louons désormais le 110 avenue de l'Université, ce qui augmente notre surface de travail. Nous nous sommes fixés comme objectif d'investir ce lieu, d'avoir plus d'espace pour travailler mais sans embaucher. C'est la première fois que l'on étend le nombre de mètres-carrés, mais pas le nombre de personnels. De même, nous limitons désormais le nombre d'impressions de documents parlementaires, pour éviter d'en envoyer une partie au pilon. Aujourd'hui, nous nous posons systématiquement la question : sommes-nous aussi rigoureux que nous demandons à l'Etat de l'être ?

Pourtant, il reste des postes dispendieux. La chaîne parlementaire, par exemple ?

La véritable question est plutôt : nous faut-il une chaîne ? A partir du moment où on a décidé de créer une télévision, cela est très couteux. De nombreux frais ont par exemple été engagés pour être présent sur la TNT. Aujourd'hui, LCP-AN commence à être beaucoup regardée. Les auditions relatives au procès d'Outreau sont un bel exemple de ce qui marche. Cependant, il serait peut-être possible d'éviter des dépenses en s'engageant vers une fusion de LCP-AN et Public Sénat. Mais les logiques politiques différentes dans les deux chambres rendent pour l'instant ce projet impossible.

Vous ne vous représentez pas aux élections. Que recommandez-vous à vos successeurs ?

Aujourd'hui, il est indispensable de communiquer. Il faudrait faire tout les ans une présentation publique du budget de l'Assemblée nationale. De toute façon nous n'avons rien à cacher. Les dépenses que nous engageons répondent à des besoins. Mais il faut que nous nous justifions, ce qui est à mon avis très sain.


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