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ENQUETE
 
20/09/2006

Pourquoi le prix de l'huile d'olive s'est envolé en moins d'un an

L'huile préférée des Méditerranéens devient un produit de luxe. Le prix moyen du litre a progressé de 38 % depuis août 2005. Explications.

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L'essence n'est pas le seul bien de consommation courante à voir son prix s'envoler : depuis un an, le coût d'un litre d'huile d'olive a progressé de 38 %. Fin août, les étiquettes affichaient en moyenne le litre à 7,08€, selon l'Insee. Une inflation qui pourrait faire de la fameuse tomate mozzarella un plat de luxe. "Il suffit que l'Espagne annonce

Photo © Nadia LOZINGUEZ
de mauvaises récoltes pour que les prix explosent" explique Christophe Argenson, directeur de l'Afidol, l'association qui réunit les professionnels de l'olive de l'Hexagone. Royaume oléicole, l'Espagne produit à elle seule 44 % de la production mondiale (3 millions de tonnes en 2003). De son côté, la France, faible productrice mais grande consommatrice du condiment, importe de son voisin la moitié de ses besoins annuels.

Mais ces deux dernières années, le climat s'en est mêlé. Coup sur coup, l'Andalousie a connu une sécheresse en 2004 et une gelée en 2005. Deux événements climatiques qui ont eu raison des dernières récoltes espagnoles. "L'olivier est une espèce particulièrement sensible aux variations climatiques. Son rendement en dépend, précise Christophe Argenson. Les récoltes ont été divisées par deux". Une production catastrophique qui a perturbé le marché mondial. Les prix de gros du litre sur le marché d'échange de Cordoue ont alors doublé et demeurent à un niveau élevé (3,4€ par litre). "La demande est particulièrement tendue depuis le printemps 2005" confirme Christophe Argenson. Une tension qui s'est très vite répercutée sur le prix au détail.

Impossible de stocker l'huile d'olive

"Comme en Espagne la production s'organise principalement autour de petits producteurs et des coopératives, la régulation du marché par le stockage est difficile à organiser" explique le directeur de l'Afidol. Hyper dépendant de la production des grands pays oléicole (Espagne, Italie, Grèce) le cours de l'huile d'olive joue donc au yoyo selon qu'il fasse beau ou gris dans un de ces pays. Un phénomène accentué par le produit lui-même.

© JDN
L'huile d'olive vieillit mal. Elle se conserve deux ou trois ans, mais pas plus. Jusqu'en 2002, rien n'était prévu pour faire face aux aléas des récoltes. Depuis, un système de réserves a été mis en place. Mais les années de vaches maigres qui viennent de s'écouler en ont retardé les effets. A terme, les opérateurs oléicoles disposeront d'une marge de manœuvre de l'ordre de 400 000 tonnes d'olives pour faire face à une demande de plus en plus forte.

La demande explose

Autrefois consommée sur son lieu de production, le bassin méditerranéen, l'huile d'olive s'exporte désormais en quantité aux quatre coins de la planète. "La demande a littéralement explosé en cinq ans" constate Christophe Argenson. Japon, Etats-Unis, Australie, autant de pays qui se sont mis au condiment

méditerranéen, au point de devenir des importateurs majeurs. Deux ingrédients, l'explosion de la demande et une baisse de la production qui font aujourd'hui de l'huile d'olive un véritable or vert. Plus pour longtemps semble-t'il, la récole espagnole qui démarre en novembre s'annonce excellente - les producteurs espèrent 1,3 million de tonnes. Une fois transformé en huile, le millésime débarquera dans les linéaires au printemps prochain. Des volumes importants à même de détendre le marché et faire baisser le prix de l'huile d'olive l'été prochain.
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